Pourquoi Michel Buysschaert éprouve-t-il une telle aversion pour l’égotisme ? Quand Michael Jordan était-il à ses pieds ? Quelle leçon de vie a-t-il apprise de son père, décédé lorsqu’il avait 15 ans ? Michel Buysschaert, CEO de Delen Private Bank, se livre dans Le Miroir, le podcast dans lequel des personnalités du monde de la finance parlent de leur carrière, de leur vie et de leurs passions.
Michel Buysschaert a exploré presque tous les aspects du secteur financier. Il commence sa carrière dans le domaine de la finance d’entreprise, s’installant pour cela aux États-Unis. « La possibilité de partir à l’étranger au début de ma carrière m’a donné un énorme coup de pouce », explique Michel Buysschaert. Il débute à la Chase Manhattan Bank en Belgique et s’installe rapidement à Londres pour un stage d’un an. À son retour, il demande à repartir dans le monde anglo-saxon. Deux ans plus tard, il a l’occasion d’aller à New York. « Je me suis retrouvé au paradis du corporate banking. » Cependant, Michel Buysschaert découvre également une facette moins reluisante du monde de la finance. « Il y avait beaucoup d’égotisme. De nombreux banquiers pensaient être le centre du monde. J’ai constaté beaucoup de cupidité et cela ne correspondait pas du tout à ma personnalité. »
Michael Jordan
Michel Buysschaert finit par s’installer à Chicago. Sept ans plus tard, son épouse et lui repartent en Belgique. « Nous nous étions éloignés de notre famille et de nos amis. Nos intérêts divergeaient de plus en plus. Mes amis suivaient les équipes de football locales, tandis que j’assistais aux matchs de basket des Chicago Bulls. Une fois, j’étais assis au premier rang lorsque Michael Jordan est tombé juste devant mes pieds. Si nous étions restés quelques années de plus, la distance avec notre famille serait devenue insurmontable. Nous voulions élever nos enfants en Belgique. »
Des remarques peu flatteuses
En 2000, il passe à la banque d’investissement. Pendant plus de dix ans, il suit des dossiers de fusion et acquisition, d’abord chez Deloitte, puis chez Dexia. Chez Dexia, il vit également les moments les plus difficiles de sa carrière, pendant la crise financière de 2008. « Jour et nuit, week-ends compris, tout le monde était sur le pont. À un moment donné, je n’avais plus dormi depuis 50 heures. Ce n’était pas sain. J’ai appris qu’une banque est aussi solide que la confiance de ses clients. Sans cette confiance, elle peut disparaître en un mois de temps. »
Cette période est aussi difficile sur le plan personnel. « Il était difficile d’aller à des soirées. En tant que banquier, j’étais bombardé de remarques peu flatteuses. C’était dur et je ne pouvais rien faire d’autre que l’accepter. Cela m’a d’autant plus convaincu que la culture de l’ego doit disparaître. Aujourd’hui, je dis à tous les nouveaux collaborateurs qu’un banquier ne doit pas avoir d’ego. L’équipe doit passer avant tout. La banque est plus importante que chaque banquier individuel. »
Banque privée
Michel Buysschaert découvre l’univers du private banking chez Dexia, où il devient responsable Private Banking. En 2013, il rejoint Van Lanschot Bankiers en tant que CEO. Sept ans plus tard, il passe chez Delen Private Bank, où il occupe le poste de CEO depuis un an et demi. « Une fois que vous avez goûté au secteur de la banque privée, vous ne voulez plus le quitter. C’est un environnement de travail fantastique. Nous faisons partie des leaders du secteur. Notre croissance est forte et régulière. L’ambiance entre collègues est excellente et nous bénéficions de nombreuses opportunités pour continuer à progresser. »
Il n’en reste pas moins un corporate banker dans l’âme, qui aime se plonger dans les rapports d’entreprise le week-end. « Chaque jour, je rencontre de nombreux clients et prospects, souvent des entrepreneurs. Je me prépare minutieusement en examinant leurs activités et leurs chiffres auprès de la Banque nationale. Ensuite, je discute avec eux de leur entreprise. Cette approche fait immédiatement mouche. J’utilise encore quotidiennement l’analyse d’entreprise que j’ai pratiquée pendant 12 ans. »
Se taire et écouter
Michel Buysschaert a grandi au sein d’une famille de cinq enfants. Sa mère était femme au foyer et son père, ingénieur civil. À la maison, on ne parlait jamais beaucoup d’argent et de finances. « À l’époque, il n’y avait pas encore autant de transparence concernant les questions d’argent », explique-t-il. Son père est décédé lorsqu’il avait 15 ans. « Cela m’a fait mûrir rapidement. Il n’était pas facile pour ma mère d’élever ses enfants seule. On devient naturellement plus autonome et on se rend compte qu’il ne faut pas être trop embêtant. »
Il a également appris une leçon importante de son père. « Mon père disait : « Je deviens plus sage en écoutant les autres qu’en parlant moi-même. Si je raconte quelque chose, je sais déjà ce que je vais dire. En écoutant les autres, je peux apprendre quelque chose de nouveau. » Ce conseil m’est toujours resté. »
Valeurs familiales
Le CEO de Delen Private Bank a trois enfants, tous dans la vingtaine. « Les valeurs les plus importantes pour moi sont Passion, Respect, Ambition, Team et Transparence. À la maison, nous parlons de PRATT et ma femme et moi avons transmis ces valeurs à nos enfants. Lorsqu’ils étaient adolescents, nous discutions des valeurs de la vie le samedi soir. Au début, ils trouvaient cela étrange et préféraient regarder un film. Mais j’expliquais en termes simples ce que signifient ces valeurs. La passion permet d’être plus performant. Le respect s’obtient en le donnant. L’ambition doit être saine et vous amener toujours un peu plus loin. L’équipe, c’est le collectif, pas les individus. La transparence signifie faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait. C’est ainsi qu’on construit quelque chose de durable. Construire une carrière et une entreprise est un marathon, pas un sprint. »
Équilibre travail - vie privée
Une carrière bien remplie a également un impact sur la vie de famille. « J’ai toujours essayé d’être présent pour ma famille. J’étais là dans les moments importants, mais mon travail a aussi exigé son tribut. Mon épouse a fait un travail fantastique avec les enfants. Je ressens tout de même du regret, surtout parce que j’ai été très absent à certains moments de ma carrière, par exemple lorsque je travaillais au Luxembourg et que j’étais absent de la maison quatre jours par semaine. Professionnellement, c’était intéressant. Mais les enfants étaient encore petits à l’époque et j’ai manqué une partie de leur éducation. Heureusement, ils n’en ont pas souffert. Sans ce chapitre professionnel, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. »