Chris Govaerts, Nagelmackers
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Dans le climat actuel de volatilité extrême des marchés boursiers, une stratégie ‘global macro’ semble être la meilleure solution. Mais attention, ceux qui ne combinent pas facteurs ‘global macro’ et facteurs micro sont voués à l’échec. Concrètement, les actions britanniques et les marchés émergents tels que la Chine et le Brésil offrent désormais un contrepoids.

C’est ce que déclare Christopher Govaerts (photo), Chief Strategist chez Nagelmackers, lors d’un entretien avec Investment Officer. Fort de plus de vingt années d’expérience dans l’analyse macro-économique et la gestion de portefeuille, il met également ces connaissances à profit pour la gestion de portefeuilles et fonds privés, organisée par un comité d’investissement dont il est le président.

Govaerts lance d’ores et déjà un avertissement : « Les stratégies purement ‘global macro’ sont toujours les plus mauvais élèves de la classe. Sans exception. Si vous ne combinez pas input macro et micro, vous êtes voué à l’échec. Il suffit de regarder les performances des fonds spéculatifs macro, qui ont presque toujours été en bas du classement au fil des ans. Pas un seul fonds spéculatif macro n’a vu venir la crise financière de 2007-2008. Il faut regarder plus loin sous le capot et utiliser également d’autres micro-indicateurs, comme la valorisation (relative) et les flux d’investissement. »

Mesures

Govaerts et son équipe avaient déjà pris des mesures dans les portefeuilles en décembre et janvier. Tous les gestionnaires d’actifs s’étaient imaginé que 2022 serait relativement calme, avec une reprise progressive après la période de pandémie. Mais les choses ont tourné autrement lorsque l’inflation a grimpé en flèche, les banques centrales se sont retrouvées devant une impasse et la crise entre la Russie et l’Ukraine a éclaté. Govaerts souligne qu’en une semaine de temps, la situation a radicalement changé. « En janvier, la Fed a soudain changé son fusil d’épaule. La BCE également a dû réviser sa position et admettre que l’inflation n’est pas temporaire. »

Une hausse des taux de 50 points de base en mars est d’ores et déjà pratiquement exclue. Alors que cette probabilité était encore de 90 % il y a une semaine, elle n’est plus que de 10 %. La hausse ne sera probablement que de 25 points de base.

Bien que ce ne soit pas le scénario de base de Nagelmackers, Govaerts refuse d’exclure le risque (limité) d’une stagflation comme dans les années 70. « On ne peut pas laisser cette situation perdurer trop longtemps. Si elle s’intensifie encore davantage, la perspective de stagflation deviendra tangible. » Govaerts souligne cependant qu’il s’agit là du scénario le plus pessimiste.

La forte hausse des prix des matières premières est associée à un risque de stagflation. Les marchés boursiers fortement exposés aux matières premières, comme le Brésil, qui affiche une hausse de 8 % depuis le début de l’année, sont parmi les rares à se trouver dans le vert au niveau mondial.

Défi

Dans les portefeuilles, rester investi constitue actuellement un véritable défi. Ils ne sont pas sous-pondérés en actions, mais les positions surpondérées ont été réduites. Les marchés émergents et la Chine restent une conviction. De même, l’exposition a été déplacée de l’Europe vers le Royaume-Uni, un marché à faible coût présentant une exposition assez élevée aux entreprises énergétiques et de matières premières. Dans le volet actions, le Royaume-Uni offre aux investisseurs une couverture naturelle contre l’inflation.

« Au niveau des obligations, nous sommes fortement sous-pondérés, encore plus que l’année dernière. À la place, nous allons miser plus fortement sur notre poche multi-stratégies, qui représente 10 %, et pour laquelle nous pouvons aussi aller jusqu’à 20 %. Il s’agit de fonds de tiers et de fonds propres que nous ne pouvons ni ne devons placer dans les classes d’actifs traditionnelles. Nous pensons par exemple à l’arbitrage de convertibles, aux anticipations d’inflation, aux stratégies long-short et à l’or. »
Dans le volet actions, on peut également miser sur des stratégies à faible volatilité (low-vol).

Lorsque nous lui demandons si cela peut être combiné avec la tendance ESG croissante, Govaerts répond de manière nuancée. « Il s’agit d’une arme à double tranchant. D’une part, les flux vers l’ESG sont désormais en forte croissance et l’importance de l’ESG ne cesse de croître. Il est donc plus stratégiquement difficile de justifier d’investir dans des actions pétrolières, par exemple. D’autre part, en tant que gestionnaire, il faut également être pragmatique, car la valorisation des actifs ESG est de plus en plus élevée. Une certaine créativité est donc requise. »

Géopolitique

Govaerts dispose d’une position de trésorerie de 10 % qu’il peut déployer, mais il attend provisoirement de voir ce qui se passe. « Il ne s’agissait pas d’une attaque totalement inattendue, comme l’invasion du Koweït par Saddam Hussein et les attentats du 11 septembre, c’est pourquoi une reprise substantielle et rapide est encore possible. Mais ce n’est pas acquis, car ce conflit pourrait s’intensifier davantage. Plus cette situation s’enlisera, plus le risque de stagnation/stagflation augmentera. Mais d’un autre côté, je ne veux pas jouer les Cassandre. Ce n’est donc pas notre scénario de base », répète Govaerts.

Compartiments

Ces vues macro sont appliquées aux profils de risque au sein du compartiment d’investissement : Multifund Full bond, Conservative, Balanced, Growth, Full Equity.

Le profil équilibré, Balanced, est à -6,69 % depuis le début de l’année et affiche un rendement annualisé de 5,20 % sur cinq ans.

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