Pendant la brève période qui a suivi la levée de la plupart des restrictions sanitaires et précédé le début de la guerre en Ukraine, l’inflation a fait l’objet de toutes les attentions. Et malgré la situation complexe et les nombreuses incertitudes actuelles, la hausse des prix reste la principale préoccupation sur les marchés.
Thomas De Fauw, analyste chez Morningstar, constate que Jay Powell a fait la une, la semaine dernière, en déclarant que la Réserve fédérale devait rapidement durcir sa politique monétaire et se préparer à une intervention encore plus musclée pour endiguer la forte inflation. Le président de la Fed a plaidé pour une série de relèvements de taux en 2022 ainsi que pour des mesures visant à réduire le bilan de la banque centrale.
Ses déclarations ont suivi de quelques jours seulement le relèvement de 25 points de base des taux directeurs américains. Les opérateurs tablent sur une poursuite des hausses de taux et estiment que celle de mai pourrait atteindre 50 points de base. La plupart des gouverneurs de la Fed sont d’avis que le taux directeur pourrait atteindre 2,8 % en 2023.
Les banques centrales ne semblent pas se laisser déconcentrer par la guerre en Ukraine et les craintes de récession qui lui sont liées – ou peut-être n’ont-elles pas le choix, car la guerre, à court terme, exercera encore davantage de pressions sur les prix de l’énergie, des denrées alimentaires et des matières premières, dans un contexte d’inflation déjà élevée. The Economist Intelligence Unit table ainsi sur une hausse de 5,2 % des prix en 2022 aux États-Unis.
Taux obligataires courts
Sur le marché obligataire, les opérateurs se demandent avec inquiétude jusqu’où la Fed ira et dans quelle mesure elle parviendra à brider la hausse des prix. En outre, ce sont surtout les taux courts qui augmentent, ce qui se traduit par un aplatissement de la courbe des taux. Or, une inversion de la courbe des taux annonce très souvent une récession. Bill Gross, fondateur de Pimco et jadis considéré comme le « roi des obligations », se montre très pessimiste, avertissant que la Fed ne dispose que de peu de marge pour relever les taux sans pénaliser sévèrement l’économie et le marché immobilier.
Lorsque l’inflation augmente, certains investisseurs ne jettent pas seulement leur dévolu sur les actions et/ou les matières premières, mais parfois aussi sur les obligations offrant une couverture contre l’inflation. En Europe aussi, où l’inflation est attendue à 3,7 % dans la zone euro et atteint même à 8,6 % en Belgique, cette catégorie d’emprunts reste très prisée ; selon les chiffres de Morningstar, la collecte représente 15 % environ de l’actif sous gestion total des douze derniers mois. Entre début mars 2021 et fin février 2022, l’indice Bloomberg Euro Inflation Linked a progressé de 6,7 % en euros, alors que le Bloomberg Euro Government Bond perdait 4 %. Sur les cinq dernières années, les obligations indexées sur l’inflation ont aussi devancé les emprunts d’État européens, mais le premier indice reste dans l’ombre du deuxième sur des périodes plus longues.
Le top 5
Dans le classement des fonds de la catégorie Morningstar des obligations indexées sur l’inflation en euros, sur les douze derniers mois, la première place revient au fonds Ostrum Euro Inflation, géré par Natixis. Ce fonds vise à devancer l’indice Bloomberg Barclays Capital Euro zone all CPI Inflation Linked Bond sur la période d’investissement minimale recommandée de deux ans. Le compartiment est géré de manière active. Sur le plan régional, l’Espagne et la France affichent les plus fortes pondérations.
Le fonds Inflation at Work de CapitalatWork, gérant indépendant appartenant au groupe luxembourgeois Foyer Group, occupe la deuxième place. L’analyste de Morningstar explique que « depuis son lancement, en 2003, le fonds est géré par Erwin Deseyn.
Paul Smets l’a rejoint sur la stratégie en 2009 ; ensemble, le duo pilote aussi les fonds Corporate Bond, Short Duration et Government Bond. Les deux gérants comptent déjà plus de 20 ans d’expérience chez CapitalatWork. Si le fonds a terminé dans le premier décile de la catégorie des obligations indexées sur l’inflation en euros sur les douze derniers mois, il se classe au milieu du groupe sur les quinze dernières années. »