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Après les pertes abyssales enregistrées en 2022, le marché du revenu fixe reste fragile. En attendant des temps meilleurs, de nombreux investisseurs optent pour des obligations à échéance courte ou des fonds du marché monétaire. 

Selon le gérant d’actifs Man AHL, les marchés obligataires ont subi l’un des plus forts reculs des 200 dernières années en 2022. À la différence des tours de vis précédents, lors desquels les coupons plus élevés avaient permis d’amortir une partie des pertes, les rendements initiaux, quasi nuls début 2022, n’ont offert aucune protection. Les investisseurs en actions ont aussi subi des pertes en 2022, mais celles-ci n’ont rien eu d’extraordinaire en comparaison historique. 

Une volatilité toujours forte

Alors que les risques de taux diminuent au fur et à mesure que l’on approche de la fin du cycle de resserrement monétaire et que les investisseurs européens montrent un regain d’enthousiasme vis-à-vis de la catégorie d’actifs, l’indice Move, baromètre large de la volatilité des cours obligataires, a atteint un nouveau sommet en mars, montrant que le marché des titres à revenu fixe est toujours en phase de redressement, au terme d’une année pour le moins singulière pour les obligations mondiales.

 

GRaf

Cette volatilité persistante peut s’expliquer par les doutes des investisseurs quant à l’ampleur et la durée du cycle de resserrement des banques centrales, désireuses de lutter contre l’inflation. Or, plus le coût de l’argent reste élevé, plus le risque d’instabilité financière est grand. 

Nous avions déjà constaté des fissures dans le système bancaire et au niveau de l’immobilier commercial, mais ce sont désormais aussi les finances publiques qui pourraient se trouver sous pression, puisqu’emprunter devient de plus en plus cher. Ce constat s’applique aussi à l’économie européenne. La BCE a récemment indiqué que les hausses de taux commençaient à devenir problématiques pour les entreprises, les ménages et les gouvernements. Le marché immobilier est particulièrement vulnérable. 

Payés pour attendre

Les investisseurs ne tablant pas sur un revirement de la politique monétaire optent souvent pour la sécurité et jettent leur dévolu sur des obligations à échéance courte, qui leur permettent actuellement d’engranger un beau rendement tout en limitant, voire en supprimant les risques de crédit ou de taux. Ils peuvent ainsi opter pour des fonds du marché monétaire, qui investissent dans des titres de dette très liquides à court terme, émis par des gouvernements ou entreprises très solides. Ces placements sont considérés comme des refuges permettant de protéger (temporairement) leur argent. Ces fonds, qui n’entrent pas dans le cadre du mécanisme de protection des dépôts, sont de plus en plus prisés, car ils offrent un rendement supérieur à celui d’un compte d’épargne. Alors qu’ING, Belfius et KBC rémunèrent l’épargne de la majorité de leurs clients à des taux proches de 1 %, le rendement des fonds du marché monétaire est comparable à l’Euribor, le taux interbancaire européen, qui s’établit, selon l’échéance, entre 3,2 % (1 semaine) et 3,4 % (1 mois). 

Les investisseurs européens ont investi 177 milliards d’euros dans des fonds du marché monétaires sur les douze derniers mois, contre près de 33 milliards d’euros pour les fonds obligataires. Fin avril 2023, l’encours total du marché monétaire représentait 1560 milliards d’euros, contre 5398 milliards d’euros pour les fonds obligataires. 

Cette collecte semble importante, mais elle ne représente qu’une fraction du celle du marché monétaire américain, beaucoup plus développé. Lors de l’effondrement de la Silicon Valley Bank et de Credit Suisse, en mars, les Américains ont investi 348 milliards de dollars dans des fonds monétaires, les Européens, seulement 42 milliards. Sur les 12 derniers mois, les afflux dans la catégorie ont atteint près de 770 milliards de dollars aux États-Unis, pour un actif total de 5258 milliards de dollars. 

Le top 5

Les analystes de Morningstar ne font pas d’étude quantitative sur les fonds du marché monétaire, si bien que nous basons le top 5 de cette semaine sur les catégories Morningstar des emprunts d’État en euros à court terme et des obligations en euros diversifiées à court terme, en tenant compte de leur performance sur les cinq premiers mois de 2023. 

La première place du classement revient au fonds Neuberger Berman Ultra Short Term Bond, baptisé Neuberger Euro Short Term Enhanced Cash jusqu’à août 2019. Depuis son lancement en octobre 2018, la stratégie est gérée par Patrick Barbe et Antonio Serpico. Le premier est également responsable du revenu fixe européen. Le gérant, basé à Paris, peut se targuer de 35 années d’expérience dans l’investissement. Il a travaillé chez BNP Paribas Asset management entre 1997 et 2018. Basé à Milan, Antonio Serpico travaille aussi depuis cinq ans chez Neuberger Berman. Gérant de portefeuille senior, il est spécialisé dans le crédit investment grade non libellé en dollars, et responsable des performances des composantes invesment grade en euros de divers portefeuilles. 

Le fonds est composé d’un mix diversifié de titres de dettes à court terme, à taux fixe ou variable, libellés en euros. Les investisseurs du fonds s’exposent aussi aux instruments du marché monétaire. Le risque de crédit et de taux du fonds est supérieur à celui de l’indice ICE BofA 0-1 year AAA Euro Government. La note moyenne de crédit est A-. Le fonds étant investi en obligations d’une durée supérieure à 12 mois, la duration modifiée atteint 2,1 années, contre 0,5 pour l’indice de référence. 

La troisième position revient au fonds DWS Invest ESG Euro Bonds (Short), noté Bronze par les analystes de Morningstar. Claus Meyer-Cording, l’ancien gérant de la stratégie, a pris sa retraite en 2019 et a été remplacé par Daniel Kittler, entré dans la maison allemande en 2012 et spécialiste des stratégies à court terme ; connaissant déjà la stratégie, il était la personne idoine pour reprendre la barre. Il est assisté par Carsten Weins, qui a succédé à Andrea Ueberschär au poste de co-gérant en 2019. Depuis 2015, le duo, qui avait déjà coopéré chez Deka Investment, gère le fonds DWS Invest Global Short Duration. Les deux gérants font partie de l’équipe Taux, qui compte 13 personnes affichant une expérience moyenne de 20 ans, dont 18 chez DWS

Daniel Kittler et Carsten Weins entendent surperformer l’indice Markit iBoxx EUR Overall 1-3 Year, en misant notamment sur la sélection des titres, le positionnement sur la courbe des taux et l’arbitrage entre les valeurs relatives au sein des différents segments de marché. Un filtre de durabilité a été intégré au processus en 2017, mais la structure du portefeuille n’a pas été sensiblement modifiée. Si les gérants investissent principalement dans de la dette investment grade libellée en euros, ils peuvent aussi surpondérer des segments plus risqués, affichant un rendement plus élevé ; concrètement, ils peuvent inclure jusqu’à 20 % d’obligations des marchés émergents et 10 % de titres subordonnés. 

 

BE

 

Name Morningstar Medalist Rating Morningstar Rating Overall Total Ret YTD (Mo-End) EUR Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR
Neuberger Berman Ultr S/T Er Bd EURIAcc   4 2,06 0,45 3,39
AXA WF Euro Short Duration Bds I Cap EUR Negative 3 1,89 -1,37 2,80
DWS Invest ESG Euro Bonds (Short) FC Bronze 4 1,79 -0,31 1,88
Duration Matching Fund (M) (NL) T   1 1,70 -4,25 4,31
GS Green Bnd ShrtDur-R Cap EUR Neutral 1 1,59 -2,06 3,28
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