La connaissance ne vaut rien sans une véritable compréhension, les systèmes doivent concorder et la communication entre les équipes être adéquate. Voici quelques leçons de Nick Leeson, l’ancien trader dont les transactions spéculatives ont coulé la banque britannique Barings en 1995. « Ce qui s’est passé là-bas est toujours d’actualité. »
Leeson a partagé son histoire et ses enseignements jeudi après-midi lors d’une réunion de l’association professionnelle CFA à Amsterdam.
En trois ans, l’ancien courtier a fait perdre 1,3 milliard de dollars à la banque Barings en recourant à des manipulations boursières. Jeune trader de 22 ans, il avait été envoyé par la banque travailler à l’antenne de Singapour. Ses opérations spéculatives se sont avérées mauvaises, avec plusieurs milliers, puis millions, puis centaines de millions de pertes à la clé.
« La période la plus honteuse de ma vie », déclare l’ancien trader qui fut arrêté à l’aéroport de Francfort en 1995 puis emprisonné pendant 6 ans et demi.
Téléphone
Aujourd’hui, Leeson voyage avec son histoire, non seulement pour mettre les organisations en garde, mais aussi parce qu’après sa période en prison, il avait de nouveau besoin de régularité dans sa vie. En effet, il remarque également que ses erreurs et celles de la banque Barings sont toujours à l’ordre du jour. « Quand une autre banque dérape, mon téléphone n’arrête pas de sonner. Est-ce que je sais ce qui a mal tourné ? Oui, bien sûr que je le sais. »
« Évaluer les risques au sein de votre entreprise et connaître leurs effets sur votre organisation » est donc l’une de ses recommandations. « Cela peut entraîner la faillite », prévient Leeson sur la base de ses propres expériences.
En effet, Leeson a commis des erreurs dans les années 90, mais son histoire révèle qu’il avait toute latitude pour le faire. « La première fois que j’ai pris ces positions, je m’attendais à ce que quelqu’un vienne frapper à ma porte. Mais les heures ont passé, puis les jours, puis les mois… Personne n’est venu. »
Mensonges
Espérant pouvoir compenser les pertes qu’il avait générées, Leeson endettait la banque de plus en plus gravement. Sans tenir compte du fait que la banque allait finalement faire faillite, car il craignait tout au plus pour sa propre carrière et celle des membres de son équipe.
Dans l’intervalle, il racontait des mensonges lorsque quelqu’un était un peu suspicieux. Et comme pratiquement personne n’avait la moindre idée de la structure des constructions utilisées par Leeson, ce dernier avait réussi à s’en tirer pendant des années. De plus, le système de règlement de Singapour ne correspondait pas à celui du Royaume-Uni, de sorte que les évidences passaient inaperçues. Et puis il y avait le manque de communication : Nick Leeson inventait chaque fois une histoire différente. « S’ils avaient comparé mes arguments pour les pertes, ils auraient remarqué la divergence entre mes déclarations. »
L’ancien trader s’adresse aux institutions (financières) et aux gestionnaires de patrimoine : « Continuez à faire des contrôles de qualité, vérifiez si les systèmes concordent et contrôlez les personnes qui gèrent et lisent ces systèmes. Comprennent-elles ce qu’elles font ? Et si elles ne savent pas, osent-elles demander ? Il est permis de faire des erreurs. Apprenez-le aux collaborateurs dès leur entrée. Sinon, ils ne les avoueront pas et les choses iront de mal en pis. »
« L’information dont vous avez besoin est toujours disponible. Mais il faut la chercher », conclut-il.