
Le fait qu’un nombre croissant d’entreprises familiales belges ignorent la Bourse pour leur financement est tout à fait logique, estime Niko Keters, consultant chez Amjak. « Sur le marché privé, il est possible de réaliser des transactions plus intéressantes, que vous pouvez également adapter à vos besoins. »
D’Exmar à Greenyard en passant par Roularta, les entreprises familiales quittent les unes après les autres la Bourse de Bruxelles, troquant leur vie publique contre un entrepreneuriat de l’ombre, à l’abri des projecteurs des analystes, des investisseurs et des médias. À l’inverse, les entreprises privées ne sont plus guère désireuses d’entrer en Bourse.
Pourtant, de nombreux propriétaires d’entreprises familiales sont à la recherche de nouveaux actionnaires. En effet, dans de nombreuses PME, le pater familias estime qu’il est graduellement temps de transférer le patrimoine familial à la génération suivante, confirme Niko Keters, fondateur du multi-family office Amjak, basé en Flandre occidentale.
Différent dans chaque famille
« Mais les sensibilités peuvent varier considérablement. Les enfants ont-ils un rôle opérationnel ? Et si ce n’est pas le cas, veulent-ils encore rester actionnaires ? Dois-je vendre à la famille ou à un tiers ? Chaque entreprise familiale est différente. C’est pourquoi un tel transfert est une opération sur mesure. »
« Lorsque le pater familias doit chercher des actionnaires externes, il se tourne souvent vers une autre famille d’entrepreneurs qu’il connaît déjà ou qui a un profil similaire », explique l’ancien banquier de Belfius. Cet habitant de Bredene se qualifie lui-même de « facilitateur » de telles transactions et met en contact les familles d’entrepreneurs entre elles.
M. Keters conteste l’affirmation selon laquelle une transaction privée serait moins transparente pour la partie acheteuse qu’un achat en Bourse. « Au contraire, les transactions non cotées sont plus transparentes. Les rapports des sociétés cotées en Bourse ne disent pas tout et ne reflètent pas toujours la réalité. Dans le cas des transactions privées, vous pouvez aller plus loin et demander davantage d’informations sur l’entreprise. Dans le cadre d’une telle opération de capital-investissement, l’acheteur a la perspective d’obtenir plus de bénéfices pour moins de risques. »
Prêt subordonné
M. Keters accompagne principalement des familles au patrimoine allant de 20 à 250 millions d’euros et des transactions à partir de 1 million d’euros. Un accord entre deux familles d’entrepreneurs peut également apporter une certaine flexibilité sur le plan financier, surtout s’il existe une confiance mutuelle.
« Si l’acheteur intéressé ne dispose pas de liquidités suffisantes, il existe des techniques financières pour y remédier, telles que la combinaison d’une participation au capital et d’un prêt subordonné. Par exemple, le vendeur peut accorder à l’acheteur un prêt subordonné pour 30 % du capital et mettre en place un club deal avec des investisseurs amis pour 30 % supplémentaires. De cette manière, un (jeune) acheteur n’ayant pratiquement pas de fonds et un prêt bancaire limité peut compléter le solde restant de 40 %. »
L’un des principaux avantages d’un transfert privé d’actions est que la transaction peut être entièrement adaptée aux besoins juridiques des deux parties, ajoute-t-il. « Ils peuvent rédiger eux-mêmes les contrats, sans format prédéfini et avec des clauses spécifiques à leur situation. Par conséquent, un achat privé n’est pas plus, mais au contraire moins risqué qu’une participation via la Bourse… »
L’immobilier en plein essor
Amjak guide ses clients non seulement dans le domaine du capital-investissement, mais aussi dans celui du capital-risque et des investissements immobiliers. Pour les investissements cotés, M. Keters travaille avec un partenaire. Malgré les turbulences financières que connaissent les acteurs immobiliers belges tels que Ghelamco, M. Keters continue de croire aux investissements patrimoniaux dans l’immobilier commercial. Il souligne les pressions baissières que subissent les taux d’intérêt. « Les banques centrales seront contraintes de réduire les taux d’intérêt pour stimuler la croissance. Et où vont les capitaux en période de taux d’intérêt bas et d’incertitude ? Vous l’avez compris : dans l’immobilier. Tangible, rare et protégé contre l’inflation. »