Maarten Geerdink, NN IP
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En réaction au ralentissement de l’économie, les marchés financiers ont pleinement adopté la politique monétaire et fiscale. L’Europe est un vivier reconnaissant pour les investisseurs actifs. Le Green Deal, les technologies émergentes comme l’hydrogène ainsi que les critères de durabilité offrent de nombreuses opportunités aux investisseurs.

Ce sont quelques-unes des questions qui ont été abordées lors d’un podcast avec Maarten Geerdink, responsable de la gestion des actions européennes chez NN Investment Partners à La Haye. « D’un point de vue fiscal, les gouvernements sont également prêts à ouvrir grand leur portefeuille. C’est très différent de la situation en 2011, lorsqu’il fallait avant tout économiser. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, ce qui leur permet d’essayer de relancer l’économie. Le Fonds de relance de l’UE doit donner forme à cette tentative avec des initiatives locales. Les marchés actions anticipent l’arrivée d’un vaccin, après quoi on pourra assister à une énorme remontée. La croissance sous-jacente pourra alors s’accélérer grâce à la politique monétaire et fiscale. »

 

Tendances à long terme

« Le secteur technologique a énormément bénéficié du Covid-19. Les gens ont adopté des tendances telles que les achats en ligne, le télétravail et le streaming. Ces secteurs ont connu une forte hausse, mais avec un leadership étroit, en particulier aux États-Unis, ce qui a alimenté les bourses. »

Mouvement de rattrapage

Geerdink explique le retard de l’Europe principalement par le leadership étroit, en particulier aux États-Unis. « Cela explique en partie la différence de performance entre les États-Unis et l’Europe. En Europe, nous avons relativement peu de technologie, mais beaucoup de banques, d’industries et de valeurs cycliques. Nous pouvons également constater que l’Europe porte un regard différent sur les entreprises et la collaboration avec d’autres parties prenantes. Aux États-Unis, la création de valeur actionnariale est prioritaire et les autres parties prenantes sont relativement parlant moins importantes. En Europe, toutes les parties prenantes veulent faire valoir leurs droits, ce qui a aussi des conséquences. Et, last but not least, l’Europe est avant tout un marché cyclique. Lorsque l’économie et le commerce mondiaux se portent bien, l’Europe en profite d’une manière exceptionnelle, car les entreprises sont davantage tournées vers l’exportation et actives dans l’industrie manufacturière. L’Europe peut donc bénéficier d’une reprise cyclique, plus que les États-Unis et les pays émergents. »

Gestion active

Geerdink affirme que le marché européen est moins efficient et se prête donc mieux à une gestion active. « Morningstar l’a également analysé récemment. La médiane des performances des gestionnaires de fonds actifs est supérieure en Europe. Vous avez donc un grand groupe de gestionnaires qui surpassent l’indice de référence, c’est pourquoi la gestion active est mieux récompensée que sur d’autres marchés. En Europe, vous avez une plus large dispersion, ce qui offre de meilleures chances de surperformance. Aux États-Unis, le leadership est, comme nous l’avons dit, plus étroit. Enfin, je pense aussi qu’en Europe, la recherche est récompensée. Les efforts des équipes de recherche sont vraiment récompensés. »

Geerdink nuance l’application d’une stratégie factorielle en Europe : « les facteurs valeur ne fonctionnent plus depuis un certain temps déjà. Il est plus difficile de surperformer, mais ce n’est pas impossible. D’autres facteurs, tels que croissance et momentum, se portent bien. Nous avons une stratégie multifactorielle. Nous combinons donc différents facteurs avec un input fondamental, qui sont combinés entre eux de manière structurée. Depuis le début de l’année et à plus long terme, cela fonctionne, mais il faut continuer à innover. Chez NNIP, nous avons notamment adopté l’utilisation du Natural Language Processing. Nous traitons par exemple du texte écrit dans une base de données afin d’en extraire des facteurs. La combinaison de facteurs traditionnels et nouveaux est importante pour continuer à surperformer. »

Banques

Les banques européennes, qui ont une forte pondération dans les indices européens, restent un problème. Geerdink : « Dans le climat actuel, les banques ont du mal à être performantes. La courbe des taux d’intérêt n’est pas suffisamment raide, de sorte que la marge d’intérêt nette est trop faible. La capitalisation boursière des banques s’est fortement réduite, ce qui entraîne une diminution de la pondération dans les indices. Les banques vont provisoirement devoir s’accrocher et espérer que les courbes de rendement s’accentuent un peu. Il ne faut pas s’y attendre à court terme. Elles doivent également réduire les coûts. Et enfin, il y a encore de la place pour une plus grande consolidation du paysage bancaire en Europe. »

Green Deal

« L’Europe offre sans aucun doute des opportunités en termes d’énergie propre. De très nombreux leaders dans ce domaine, ainsi que dans celui de l’hydrogène, sont des entreprises européennes. En outre, il est également un fait que des entreprises intéressantes se retrouveront sur le marché dans les prochaines années. Les possibilités de choix s’élargiront et les investisseurs pourront de plus en plus choisir parmi des entreprises vertes et innovantes. Espérons également que la bourse continuera à remplir sa fonction de source de financement pour les entreprises. »

Durabilité

« Il n’existe pas vraiment de meilleure façon d’appliquer les critères de durabilité. Tout dépend de vos préférences et de la composition de votre portefeuille. L’ESG est un domaine dans lequel il est important d’avoir une vision progressiste. Nous sommes cependant intimement convaincus que l’ESG offre une valeur ajoutée. C’est particulièrement important au début du processus d’analyse. En fin de compte, nous voulons savoir quelles sont les conséquences financières des critères ESG. À long terme, les entreprises qui produisent moins proprement ont finalement un coût de revient plus élevé. Les entreprises qui se comportent bien en termes d’ESG conservent leur ‘license to operate’ et négocient donc sur des multiples de valorisation plus élevés. Et en tant que gestionnaires, vous pouvez en tirer de l’alpha. »

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