Ewout van Schaick, Head of Multi-Asset chez NN Investment Partners, et Steven Steyaert, Client Portfolio Manager au sein de l’équipe Multi-Asset, ont dévoilé leurs cartes pour 2022. Ils voient peu d’alternatives aux actions et, malgré la forte performance de l’année dernière, ne considèrent toujours pas les marchés actions comme chers. Leur préférence va aux valeurs européennes et aux actions du secteur financier.
Actions avant tout
Sur les actifs risqués, NN Investment Partners reste certainement constructif. « Nous constatons cependant une augmentation de la volatilité en raison de l’incertitude entourant les chiffres élevés de l’inflation et la manière dont les banques centrales vont y réagir. De même, on ne sait pas non plus comment la pandémie va évoluer. » Les actions sont privilégiées par l’institution financière mais, selon le duo, affirmer que les actions sont bon marché semblerait très étrange après la forte année boursière. « Il est tout de même frappant de constater que le ratio cours/bénéfices moyen a baissé ces derniers mois parce que les bénéfices des entreprises ont augmenté plus fortement que les cours des actions.
En même temps, la prime de risque se situe à un niveau très moyen et il y a encore suffisamment de marge pour une baisse. » NN IP table également sur le fait qu’en 2022, les bénéfices des entreprises seront plus élevés que prévu. « Nous estimons que l’économie mondiale pourrait croître d’environ 5 % l’année prochaine et dans un tel environnement, la croissance attendue des bénéfices d’environ 8 % sur laquelle le marché table aujourd’hui est trop prudente. Compte tenu du potentiel de croissance économique, nous prévoyons une croissance des bénéfices d’environ 14 %. Nous pourrions encore avoir de très nombreuses surprises positives sur le plan des résultats d’exploitation. »
Steyaert et van Schaick voient donc peu d’alternatives aux actions, car les investisseurs continueront à rechercher le rendement, qui ne peut être trouvé que dans la sphère des actions. « Dans plusieurs de nos fonds mixtes, nous avons récemment augmenté légèrement la pondération des actions. En ce qui concerne les obligations, nous restons prudents et avons une nette préférence pour les obligations d’entreprises par rapport aux obligations d’État. Cependant, nous prévoyons des vents contraires pour les obligations d’entreprises dans le courant de l’année, ce qui nous a rendus légèrement plus sélectifs. Néanmoins, nous pensons toujours qu’il est raisonnable de mener une politique active en matière de taux d’intérêt, car il y a toujours des périodes où l’on peut gagner de l’argent sur les marchés des taux d’intérêt. »
Valeurs européennes avant tout
En ce qui concerne les actions, la préférence de NN IP va aux marchés développés. « Les marchés émergents ont été plus durement touchés par la crise pandémique et disposent d’un système de santé plus faible. En outre, nous prévoyons une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis, ce qui n’est généralement pas favorable aux flux d’investissement vers les marchés émergents, car ces pays se financent souvent en dollars. »
Selon le duo, les actions sensibles aux taux d’intérêt, comme les valeurs technologiques américaines, pourraient également souffrir, tandis que les actions européennes pourraient s’en tirer mieux, relativement parlant. « Elles sont moins vulnérables à une hausse des taux d’intérêt, tandis que les marchés européens comptent davantage d’actions de dividende et de valeur, qui sont également un peu plus actives dans les secteurs cycliques. Étant donné que nous tablons sur une poursuite de la reprise économique, ce groupe devrait bien se porter. Nous avons un faible pour le secteur financier, car c’est l’un des rares secteurs qui tirera profit de la hausse des taux d’intérêt. »
Davantage de gouvernement
NN IP épingle également certaines tendances générales pour les années à venir et estime par exemple que, d’une part, le rôle du gouvernement gagnera en importance dans les années à venir et que, d’autre part, même si elle ne disparaît pas directement, l’inflation s’avérera finalement de nature transitoire. « Cette plus grande empreinte du gouvernement se fera sentir partout. Aux États-Unis, ce sera le cas en raison des énormes dépenses publiques en matière d’infrastructures, en Europe, par le biais de la transition énergétique, et en Chine, avec la réglementation croissante de l’immobilier, de l’IT et du secteur énergétique. L’inflation constitue un autre élément important, notamment la façon dont les banques centrales et les gouvernements y réagiront. Nous nous attendons à ce que les taux d’inflation élevés diminuent à nouveau, ce qui réduira la nécessité pour les banques centrales de réduire prématurément leur politique monétaire accommodante. Aujourd’hui, le marché a déjà intégré une bonne partie des anticipations d’inflation. »
Dans ses perspectives pour 2022, NN IP a également souligné que le coronavirus n’est pas encore éradiqué et pourrait encore jouer un rôle important (cette déclaration a été faite avant l’apparition des craintes liées au variant sud-africain). L’institution financière avait soulevé la question de savoir si de nouveaux variants et de nouvelles fermetures pourraient avoir un impact significatif sur l’économie l’année prochaine également.
Droits d’émission
Enfin, tous deux sont convaincus qu’en 2021, les investissements responsables ont fait leur percée définitive. « Les rendements des investissements durables ont été excellents, tandis que les actifs sous gestion de ces fonds ont connu une hausse. De plus en plus d’investisseurs choisissent aussi délibérément de faire gérer leur argent de manière durable. Le nombre croissant d’opportunités d’investissement permettra à ce segment de se développer encore davantage. » Dans le futur, ils voient même apparaître une nouvelle classe d’actifs, à savoir celle des droits d’émission. « Cela deviendra peut-être une nouvelle matière première nécessaire à la production. Nous tablons sur le fait que le système européen des droits d’émission jouera un rôle de plus en plus important. »