Après un décrochage en mars et un net redressement entre avril et juin, à la faveur des achats massifs d’emprunts par les banques centrales, les obligations à haut rendement, parfois qualifiées d’obligations spéculatives, voire poubelles, ont connu une consolidation au troisième trimestre 2020. Malgré les fortes incertitudes et la récession planétaire, les investisseurs restent donc en quête de rendement supplémentaire et ne se laissent pas effrayer par les risques plus élevés.
Thomas De Fauw, analyste chez Morningstar, consacre le top 5 de la semaine à la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement.
Dans leur quête de rendement, les investisseurs ont peu de choix, car les taux des emprunts d’État restent historiquement faibles et les investisseurs institutionnels, fonds de pension en tête, visent souvent un rendement plus élevé. Les gérants de portefeuilles obligataires se retrouvent donc contraints d’allouer une plus grande partie de l’actif à des obligations moins bien notées.
Cela ne surprendra personne : confrontés, au premier trimestre, à l’un des plus importants chocs économiques de l’histoire, les investisseurs ont massivement cédé les emprunts des émetteurs les moins solvables. Mais ils ont repris confiance dès le mois d’avril, lorsque la Réserve fédérale a communiqué son plan de relance et annoncé qu’elle allait pour la première fois acheter des obligations d’entreprises bien notées. Et pour éviter la dépression, les gouvernements aux quatre coins de la planète ont, peu après, ouvert les vannes monétaires.
Une volatilité moindre
Les investisseurs ont vu dans ces mesures le feu vert pour réinvestir dans des actifs plus risqués, malgré la hausse prévue des défaillances. Les obligations à haut rendement ont tendance à réagir comme les actions lorsque le contexte de marché évolue, mais sont souvent bien moins volatiles, dans la mesure où leurs coupons donnent une certaine stabilité. Comme les actions, mais à l’inverse des obligations plus sûres, elles sont plus sensibles aux résultats des entreprises qu’à la modification des taux. Elles représentent donc un parfait outil de diversification au sein d’un portefeuille obligataire.
Le troisième trimestre a commencé sur une note optimiste grâce aux espoirs de mise au point d’un vaccin et aux résultats meilleurs que prévu des entreprises. Aux États-Unis, la Réserve fédérale a annoncé le maintien de son taux directeur à 0 %, probablement jusqu’à 2023. Elle n’interviendra en outre que si l’indice des prix à la consommation augmente de plus de 2 %. Cet été, les États membres de l’UE sont parvenus à un accord sur un fonds de relance doté de 750 milliards d’euros. Mais cet optimisme s’est dissipé en septembre, laissant place aux inquiétudes suscitées par la résurgence des infections au Covid-19, les espoirs déçus de la mise en œuvre de nouvelles mesures de relance aux États-Unis et l’approche des élections présidentielles.
Rendements
L’indice ICE BofA US High Yield Option-Adjusted Spread, qui avait achevé le premier trimestre à 877 points de base, atteignait fin septembre 550 points de base, soit un recul de plus de 300 points de base, dont 97 ces trois derniers mois. Cette baisse est remarquable, car pendant la précédente récession, les spreads avaient non seulement atteint près de 2000 points de base, mais l’orientation haussière avait duré bien plus longtemps.
L’indice européen du haut rendement a suivi la même tendance. Fin septembre, le spread était tombé à 472 points de base, ce qui correspond environ à sa moyenne à dix ans. Pendant la crise de l’euro, il avait même franchi brièvement les 1000 points de base. Fin septembre, l’indice BofA US High Yield Effective Yield atteignait 5,8 %, son équivalent européen 4,0 %.
La catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement a affiché un rendement négatif (-0,2 %) au troisième trimestre, et perdu 5,6 % en euros sur les neuf premiers mois de l’année. Sur la même période, l’indice Bloomberg Barclays Global High Yield TR EUR a abandonné respectivement 0,1 % et 4,8 %.
Le top 5
Le top 5 de la semaine est consacré à la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement ; il liste les cinq fonds ayant affiché la meilleure performance sur les neuf premiers mois de 2020.
Le fonds Nomura Global High Yield Bond prend la tête du classement, avec un rendement de -1,25 % depuis le début de l’année. Le rendement annualisé sur trois mois atteint 3,59 %. Depuis sa création, le 14 avril 2014, le fonds est géré par David Owen Crall. Ce dernier investit dans un portefeuille diversifié comportant principalement des emprunts et autres titres assimilés à haut rendement, émis dans le monde entier.
Name | Total Ret YTD (Mo-End) EUR | Total Ret 1 Yr (Mo-End) EUR | Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR | Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR |
CapitalatWork High Yield at Work C | 7,16 | 6,79 | 5,89 | 4,27 |
Ostrum Short Term Glb Hi Inc HS/C EUR | -0,95 | -0,01 | ||
Nomura Fds Global High Yield Bd I USD | -1,27 | -0,86 | 3,93 | 10,42 |
Man GLG High Yield Opports I EUR Acc | -1,88 | 3,25 | ||
BlueBay Global High Yield Bd S USD | -2,19 | -1,92 | 5,79 | 9,26 |