La société bruxelloise TreeTop Asset Management a définitivement mis un terme à son offre en ligne destinée aux petits investisseurs. « C’était un très mauvais investissement », admet le cofondateur, Jacques Berghmans. À partir de l’année prochaine, le gestionnaire de fonds reverra également ses investissements pour les clients fortunés en adoptant une approche plus contemporaine.
Depuis sa création en 2005, TreeTop Asset Management propose des fonds d’investissement principalement accessibles aux clients fortunés. Dix ans plus tard, le gestionnaire de patrimoine avait également tenté de cibler les petits investisseurs avec TreeTop Online, une plateforme proposant quelques produits en actions mondiales de base. « L’idée sous-jacente était qu’en Belgique, seuls les riches investissent en actions, soit seulement 8 % de la population. Aux États-Unis, ce chiffre est de 45 %. Pourtant, les actions sont plus performantes que n’importe quel autre actif », explique Jacques Berghmans.
2 millions sur les 20 attendus
Pour assurer le succès de la plateforme, TreeTop a mis en place une structure qu’elle qualifie de « moderne ». Pour ce faire, elle a également ouvert son portefeuille. « Pour attirer les petits clients, il faut un système efficace. Nous avons investi plus de 20 millions d’euros en marketing. Les investisseurs pouvaient démarrer avec 1000 euros seulement, dans le cadre d’une offre très simple », explique Jacques Berghmans, qui a bien dû constater que peu mordaient à l’hameçon. « Nous avons remarqué que les clients ne voulaient pas quitter leur banque. En Europe, les petits et moyens clients ne sont tout simplement pas intéressés par la Bourse. C’est culturel. Les Belges préfèrent investir dans l’immobilier. Au total, nous n’avons reçu que 2 millions d’euros de nouveaux clients. Nous visions initialement 50 000 nouveaux clients, mais nous en avons eu à peine 200. Il s’agit donc d’un échec total et d’un très mauvais investissement. »
Fin octobre, le gestionnaire d’actifs a donc finalement mis fin à la plateforme TreeTop Online, après plusieurs années sans investissements supplémentaires. « Tous ceux qui veulent créer quelque chose de similaire à partir de zéro échouent. Nous le constatons partout dans le monde. Aux États-Unis, par exemple, des acteurs majeurs tels que Vanguard, Schwab ou Fidelity comptent beaucoup de petits clients. Ils sont passés d’un service traditionnel à une plateforme, ce qui est très efficace. À l’époque, j’avais voulu relever le défi de proposer quelque chose d’unique. En investissant suffisamment dans ce projet, je voulais m’assurer de ne rien manquer, mais en vain. Lorsque les gens ne veulent pas bouger, ça devient difficile. En même temps, nous avons besoin du petit investisseur pour maintenir la culture des actions. »
Fonds quantitatifs
TreeTop Asset Management affirme qu’il ne mettra plus de nouveaux œufs dans le panier des petits investisseurs. Parallèlement, un vent nouveau souffle sur sa stratégie globale. « Initialement, nous étions un gestionnaire d’actifs ciblant les obligations convertibles et les fonds indiciels mondiaux. Aujourd’hui, nous sommes encore investis à 20 % dans des fonds actifs traditionnels, et ce pourcentage est voué à diminuer progressivement dans les années à venir. Partout dans le monde, nous assistons à la disparition des fonds actifs en raison du manque de rendement. À partir de l’année prochaine, nous serons investis pour moitié dans des fonds passifs et pour moitié dans deux fonds quantitatifs mondiaux, qui surperforment chaque année l’indice d’au moins 3 % ; ce sont des investissements purement passifs. »
Selon Jacques Berghmans, la manière dont les placements en actions sont gérés va radicalement changer. « Nous observons plusieurs techniques de gestion très intéressantes dans les fonds quantitatifs. Nous sommes convaincus que la gestion de patrimoine repose sur l’analyse de données. Avec un bon filtre, on peut effectuer une bien meilleure sélection de titres qu’avec un fonds purement passif. Notre commission en tant que gestionnaire reste plus ou moins la même que celle des fonds traditionnels, de 1,5 %. Mais si vous gagnez désormais 14 % nets au lieu de 5 %, c’est une grande différence. Un fonds spéculatif facture 4 ou 5 %. Nous sommes donc beaucoup moins chers, mais avec la même performance et moins de risque et d’effet de levier. Nous proposons des produits à partir de 250 000 euros. En dessous de ce montant, il n’est plus possible de travailler efficacement dans une structure de banque privée. Avec TreeTop, nous cherchons toujours à offrir quelque chose d’unique, sans quoi les gens n’ont aucune raison de venir chez nous. »