De nombreux gestionnaires d’actifs étaient positionnés pour une solide récession en 2023 et étaient sous-pondérés en actifs risqués. « Beaucoup ont inversé ce positionnement pour devenir neutres, ce qui est également notre cas chez KBC Asset Management. »
C’est ce que déclare Dirk Thiels (photo), stratège chez KBC Asset Management, lors d’un entretien avec Investment Officer, qui donne régulièrement la parole aux grandes banques concernant leur positionnement. Aujourd’hui, le stratège de la banque est plutôt neutre sur les actifs risqués. « Il y a quelque temps, nous étions plus défensifs sur les actifs risqués car, comme la plupart de nos pairs, nous craignions une solide récession en 2023. À ce moment-là, il s’agissait d’une considération rationnelle. Ces derniers mois, nous avons connu une surprise, dans le sens où il faut plus longtemps pour que la croissance économique s’affaiblisse réellement. »
Thiels fait référence à un certain nombre d’éléments objectivement positifs, comme la crise énergétique en Europe qui s’est avérée moins grave que prévu, la réouverture de la Chine après l’assouplissement de la politique Covid drastique, et le fait que selon le marché, la banque centrale américaine en a pratiquement fini avec ses relèvements de taux d’intérêt en raison de la baisse des chiffres de l’inflation.
« Cela a entraîné une forte reprise des marchés à risque depuis le début de l’année, et le goût du risque est de retour sur le marché. Chez KBC Asset Management, cela nous a poussés à inverser notre position sous-pondérée sur les actifs risqués pour adopter une position neutre. »
Concrètement, cela signifie que pour un profil dynamique avec une pondération importante en actions de généralement de 55 %, l’allocation actuelle en actifs risqués est d’environ 53 %. « C’est légèrement plus proche de la pondération de référence qu’il y a quelque temps. Cependant, l’incertitude reste provisoirement trop élevée pour aller plus loin », explique Thiels.
Volet actions
Dans le volet actions, le stratège était jusque récemment prudent à l’égard des valeurs cycliques plus sensibles à la conjoncture, mais « nous avons acheté davantage de ces valeurs, ainsi que des valeurs dans les technologies de l’information. L’objectif est de répondre davantage au scénario économique, qui s’avère moins sombre que ce que l’on craignait. »
Volet obligataire
Pour le volet obligataire, Thiels et ses collègues restent prudents et n’investissent que dans des obligations Investment Grade, plus solvables, plutôt que dans des obligations High Yield, plus risquées. » Thiels veut surtout attendre de voir quel sera l’impact de l’ajustement brutal de la politique monétaire sur les entreprises. « Il n’est pas inconcevable que les entreprises de moindre qualité rencontrent des difficultés dans les mois à venir, ce que nous voulons anticiper. » Selon Thiels, ces entreprises devront se refinancer à des taux d’intérêt plus élevés, ce qui présente des risques.
Échéances des obligations : plus courtes que la normale
« De même, nous ne sommes pas encore convaincus que les banquiers centraux en ont terminé. La Banque centrale européenne, en particulier, a encore un long chemin à parcourir et devra prendre quelques meures supplémentaires », conclut Thiels. Comme de nouveaux relèvements de taux d’intérêt sont très probables, l’équipe maintient la duration ou la sensibilité aux taux du portefeuille de titres à revenu fixe plus courte que la normale.