« C’est la raison pour laquelle nous cherchons, avec bon sens et un regard d’entrepreneur, des entreprises sous‑évaluées. Ce faisant, nous prenons pas mal de risques. Nous ne touchons une commission de gestion que si nous obtenons de réels résultats », déclarent Sam Hollanders et Joel Schols, fondateurs et gestionnaires du fonds Chess Capital.
Les deux gestionnaires sont avant tout des entrepreneurs, et cela transparaît dans leur vision de l’investissement. « J’ai d’abord repris, avec ma sœur, le magasin multimédia de mes parents. Ce n’est qu’ensuite que je me suis consacré aux investissements. En 2018, dans ma newsletter, j’ai comparé ma situation de l’époque à celle de Warren Buffet, qui était alors mon idole en matière d’investissements, au même âge que moi. J’ai évoqué l’idée de créer un fonds avec une personne partageant les mêmes idées, à l’instar de Buffett et Munger », se souvient Hollanders.
« Je venais alors de vendre les parts de la société de télécommunication que j’avais fondée avec quatre partenaires. J’ai donc cherché quoi faire avec cet argent, et c’est ainsi qu’est née ma passion pour l’investissement. Je ne voyais pas l’intérêt des fonds actifs qui facturaient des frais élevés ; je voulais investir moi-même. L’appel de Sam est arrivé pile au bon moment. Après deux conversations, il s’est avéré que nous partagions la même vision », poursuit Schols.
Propriétaire-entrepreneur
« Je n’ai aucune expérience dans le monde de la finance. C’est pourquoi je ne prête pas attention aux belles paroles des professionnels de l’investissement. Nous restons à l’égard des grandes prévisions et préférons investir avec notre bon sens. Nous cherchons des entreprises sous‑évaluées dont nous pensons qu’elles pourront, à terme, offrir un rendement intéressant. À vrai dire, nous investissons comme de véritables entrepreneurs, nous investissons dans des entreprises. C’est cela qui nous passionne ; la bourse, en elle-même, nous laisse de marbre », confie Schols.
Son collègue partage cette approche singulière. « Selon moi, le problème des fonds classiques est qu’ils privilégient une approche descendante, qui consiste à chercher d’abord quels secteurs et tendances vont bien marcher et comment l’économie va évoluer, puis, seulement, à s’intéresser aux entreprises qui répondent à ces critères. J’ai toujours trouvé cela illogique ; pour nous, c’est l’entreprise qui prime. On peut aussi trouver de bonnes entreprises dans des secteurs sans attrait, et inversement. »
Il évoque, à cet égard, le potentiel des small caps. « De nombreux grands fonds ne peuvent y investir en raison de leur taille et de leur liquidité limitée, et c’est dommage, car c’est précisément dans ces entreprises à petite capitalisation que l’on trouve des trésors cachés. Prenez l’exemple formidable de Lotus Bakeries ; il y a vingt ans, personne ne s’intéressait à cette entreprise, et voyez où elle en est aujourd’hui. Il s’agit en outre souvent d’entreprises familiales, qui pensent vraiment comme des entrepreneurs. »
No cure, no pay
Le fonds met fortement l’accent sur certaines valeurs spécifiques. « Comme Buffet, nous attachons beaucoup d’importance à l’implication et la prise de risques. Notre propre argent est investi dans le fonds, ainsi que l’argent de membres de nos familles ou d’amis. Nous avons par conséquent encore plus conscience de notre responsabilité, et nos objectifs sont alignés sur ceux du fonds. Nous attachons en outre une grande importance à une communication transparente ; nous connaissons nos investisseurs personnellement et maintenons le contact avec eux », précise Hollanders.
« Nous cherchons spécifiquement des investisseurs en phase avec notre vision. Des personnes qui, en tant que propriétaires-entrepreneurs, réfléchissent sur le long terme et adhèrent à notre philosophie. Si nous sommes un fonds, nous pensons et fonctionnons à la manière d’un partenariat. Là encore, c’est Buffet qui nous a inspirés », ajoute Schols.
« Nous avons bien entendu un certain nombre de frais fixes pour être conformes à la législation, comme par exemple les coûts liés à la banque dépositaires, à la conformité, etc. Il est à noter que nous ne facturons aucuns frais de gestion fixes. Nous fonctionnons sur la base de frais de gestion nuls et ne touchons que 25 pour cent pour un rendement annuel supérieur à six pour cent. Il s’agit là d’une catégorie d’actions pour laquelle nous demandons un engagement de trois ans, et nous facturons uniquement des frais de sortie en cas de vente anticipée. Ceci nous aide à attirer des personnes prêtes à s’engager sur le long terme », explique Hollanders.
« Il n’y a pas non plus de droits d’entrée. Pourquoi faudrait-il payer pour participer ? Nous ne touchons en outre une commission de gestion que si nous obtenons de réels résultats. Pourquoi serions-nous rémunérés pour une absence de prestation ? Dans ce cas, mieux vaudrait, pour les investisseurs, acheter simplement un tracker », conclut Schols.