Vincent Juvyns
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« C’est pourquoi nous maintenons une position neutre sur les actions. En ce qui concerne les obligations, nous restons fidèles à notre devise pour 2023 : les obligations sont de retour », déclare Vincent Juvyns, stratégiste chez JP Morgan Asset Management.

Revenant sur les six derniers mois, il évalue les prévisions effectuées précédemment pour l’année boursière 2023. D’une part, il se montre plutôt positif à l’égard des prévisions économiques effectuées. « En ce qui concerne les attentes économiques, nous étions assez justes. Nous étions un peu plus positifs que le consensus général. En résumé, nous ne tablions pas sur un bain de sang en termes de croissance du PIB, ni en ce qui concerne l’inflation. Nous avons eu raison sur ces points. L’économie s’est avérée résiliente et l’inflation a été réduite assez rapidement. » 

D’autre part, il reconnaît que la vigueur du marché boursier a été une surprise, ce qui a conduit à des pertes de rendement. « Nous n’avions pas anticipé cette vigueur des marchés boursiers et ne l’avions pas intégrée dans nos portefeuilles. Au cours des six derniers mois, nous étions donc légèrement sous-pondérés, voire neutres sur les actions. Nous n’avons donc jamais été surpondérés sur les actions, ce qui nous a coûté cher en termes de performance relative. »

De nombreux stratégistes nourrissaient également de grandes attentes à l’égard du marché boursier chinois, stimulé par sa réouverture après les confinements stricts. Mais jusqu’à présent, ce rallye de réouverture ne s’est pas concrétisé. « Comme tout le monde, nous sommes déçus à cet égard. L’image de la Chine a été gravement ternie au sein de la communauté internationale des investisseurs. Comme le dit la maxime : la confiance s’acquiert par gouttes et se perd par litres. Il faudra donc beaucoup de temps pour regagner cette confiance », estime Juvyns. 

La loi du désavantage de la longueur d’avance

Interrogé sur les prévisions concernant les actions au second semestre, Juvyns souligne le potentiel haussier limité. « Les actions ont connu un premier semestre solide. Par conséquent, le potentiel haussier devrait être limité au second semestre. Nous restons convaincus de l’opportunité de maintenir notre position neutre sur les actions pour le reste de l’année. En soi, nous ne voyons aucune raison d’être enthousiastes à l’égard des actions. Cependant, nous ne voyons non plus aucune raison de réduire notre position. En effet, la croissance est toujours présente, en particulier dans le secteur technologique, et les dividendes restent attrayants. » 

À cet égard, l’accent est spécifiquement mis sur la qualité. « Cette qualité peut être trouvée aussi bien dans les actions de valeur que de croissance. Nous restons investis sur les marchés actions de manière avant tout relativement défensive. » 

En raison des performances décevantes de la Chine, certains gestionnaires d’actifs se tournent vers l’Inde. Toutefois, Juvyns se montre prudent à cet égard. « Nous constatons que certaines entreprises quittent la Chine pour l’Inde. Cependant, nous maintenons une position globalement neutre sur les marchés émergents. L’Inde reste confrontée à ses propres problèmes et c’est un marché coûteux en termes de valorisations. Je n’affirmerais donc certainement pas que l’Inde est la nouvelle Chine. Ces dernières années, il y a eu une trop grande focalisation sur la Chine, alors que nous pensons qu’il est nécessaire d’adopter une stratégie propre aussi bien pour l’Inde que pour la Chine. » 

Les obligations sont de retour

Après de nombreuses années de taux d’intérêt bas, voire négatifs, l’univers obligataire offre à nouveau de nombreuses options rentables. « Nous restons donc positifs à l’égard des obligations. Nous constatons que tant aux États-Unis qu’en Europe, les taux d’intérêt atteignent progressivement leur pic. C’est le moment idéal pour entrer sur le marché obligataire, surtout en termes d’échéances. Notre devise pour 2023, ‘les obligations sont de retour’, reste donc d’application », déclare Juvyns. 

À cet égard, trois thèmes sont mis en avant. Tout d’abord, une focalisation sur les États-Unis, étant donné qu’il existe déjà plus de certitude concernant l’approche du pic des taux d’intérêt dans ce pays. Ensuite, l’accent est mis sur les obligations d’entreprises de qualité, car celles-ci offrent des rendements suffisamment attrayants. Enfin, l’attention est consacrée la dette des marchés émergents. « Cette région renoue avec la croissance, et même plus rapidement que les marchés développés. Le dollar est sous pression, ce qui élimine les vents contraires. Corrigés de l’inflation, les rendements y sont attrayants. Du point de vue de la qualité, nous privilégions les émissions libellées dans les monnaies locales », conclut Juvyns.

 

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