« Il y a actuellement peu de visibilité sur le marché, c’est pourquoi nous nous concentrons sur les portefeuilles résilients dans ces circonstances », déclare Joren Van Aken (photo), analyste chez Degroof Petercam.
Pour les investisseurs institutionnels, les holdings sont également un moyen de diversifier leur portefeuille et de le rendre plus résilient.
Portant un regard rétrospectif sur l’année boursière 2022, il retient surtout le retournement rapide du sentiment des investisseurs. « Il a été surprenant de voir à quelle vitesse le sentiment est passé d’un optimisme extrême à un pessimisme extrême », déclare Van Aken, citant à cet égard l’exemple de Sofina. Au début de l’année, ce holding était encore coté avec une prime de plus de 30 % par rapport à la valeur intrinsèque. « Nous avons été les premiers à émettre une recommandation de vente, qui n’a pas convaincu grand monde à l’époque. Mais soudain, on a vu le sentiment à propos de cette action passer très rapidement d’extrêmement optimiste à extrêmement pessimiste. »
En outre, la hausse des taux d’intérêt a eu un impact sur le private equity. « La hausse des taux d’intérêt a entraîné le passage d’une focalisation sur la croissance du chiffre d’affaires à une focalisation sur la rentabilité », explique Van Aken. Auparavant, les entreprises en croissance pouvaient facilement lever des fonds à des valorisations de plus en plus élevées. « Avec les fusions et acquisitions, on remarque que certains segments du marché sont complètement gelés. Les acheteurs ne sont plus disposés à mettre les montants que les vendeurs attendent. »
Le syndrome de la Chine
La politique chinoise a causé des maux de tête supplémentaires à de nombreux investisseurs. Le holding Prosus en a fait l’expérience en raison de sa forte exposition à la société technologique chinoise Tencent. « En termes de valorisation, Prosus est un achat solide car il y a beaucoup de valeur en portefeuille. La participation dans Tencent vaut à elle seule plus que le cours de Prosus », note Van Aken.
Le problème est que le cours de Prosus dépend de Tencent. « Et l’évolution du cours de Tencent dépend à son tour de la politique chinoise et de l’évolution des taux d’intérêt. » Cela se manifeste par un cours extrêmement volatil qui réagit fortement à chaque événement. « Tencent ne se négocie pas sur la base de chiffres et de faits, mais dépend des développements politiques et macroéconomiques, qui sont imprévisibles. Surtout à court terme, le cours n’est pas prévisible. »
Favoris pour 2023
En raison de la situation incertaine du marché, il est difficile de faire des prédictions. « En ce moment, nous ne nous demandons pas tant quelle action peut augmenter le plus, mais plutôt quel portefeuille sera le plus résilient l’année prochaine », déclare Van Aken. La focalisation est donc mise sur les holdings présentant un return on capital employed élevé, des marges solides et un pouvoir de fixation des prix. « Il est certain que le pouvoir de fixation des prix est crucial en ce moment. Compte tenu de la hausse des prix, il est important de trouver des entreprises qui peuvent les répercuter sur leurs clients finaux. »
« Tout d’abord, nous nous intéressons à la société suédoise Holding Investor AB, le véhicule d’investissement de la famille Wallenberg », déclare Van Aken. Il compare ce holding à un ETF scandinave de qualité, car le portefeuille est bien garni de sociétés scandinaves cotées de qualité.
Il épingle également le holding belge Brederode. « De nombreux investisseurs mettent Brederode et Sofina sur le même plan, mais Brederode mise sur les buy-outs, c’est-à-dire sur le late stage private equity, tandis que Sofina vise un stade plus précoce via le venture capital, d’où un profil de risque plus élevé », explique Van Aken. Il s’attend donc à davantage de dépréciations pour le venture capital que pour les buy-outs. Par conséquent, Brederode pourrait bien être une bonne surprise.
Les facteurs ESG sont également pris en compte. « Pour les holdings, nous examinons notamment le score ESG des sociétés en portefeuille ainsi que la manière dont les critères ESG sont inclus dans le processus d’investissement », déclare Van Aken. À cet égard, il épingle le holding hybride Eurazeo, composée à la fois de son propre portefeuille d’investissements et d’une division gestion patrimoniale. « Tous les nouveaux fonds de la branche gestion patrimoniale sont conformes à l’article 8 ou 9 et sont donc verts à vert foncé. De plus, on investit dans ces fonds propriétaires à partir du portefeuille d’investissement. »
Chasse aux pépites
Quant aux pépites cachées parmi les holdings, Van Aken cite la Compagnie du Bois Sauvage. « Ce holding communique encore assez peu et ne reçoit donc pas beaucoup d’attention », estime Van Aken. Cependant, le portefeuille contient quelques beaux noms. « Il suffit de penser à Belgian Chocolate Makers, le groupe auquel appartient Neuhaus. C’est une entreprise belge de tout premier ordre. » Il fait également référence à la position dans Berenberg Bank, une des plus grandes banques d’investissement d’Europe. « Si la communication sur les portefeuilles s’améliorait, cela pourrait conduire à une solide contraction de la décote de 40 % », affirme Van Aken.