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Après le bon premier semestre sur les bourses, les spécialistes de Belfius recommandent d’augmenter le poids du portefeuille obligataire, notamment au travers de maturités longue sur la dette d’entreprise de bonne qualité. 

Au début de la présentation des perspectives économiques et financières de Belfius, Véronique Goossens (Economiste en chef) a tout d’abord rappelé que « contre toute attente, la zone euro a réussi à éviter une récession, mais avec une l’inflation sous-jacente qui reste encore trop élevée ». La Banque Centrale Européenne va donc rester active durant les prochains, tant qu’elle ne sera pas certaine d’avoir maîtrisé l’inflation sous-jacente. Le taux directeur devrait dont encore être relevé deux fois pour être porté jusque 4%, un niveau qui devrait être ensuite maintenu jusqu’au l’été 2024. 

Maintien de l’activité

 « Nous devrons pour le futur prendre en compte un niveau structurellement plus élevé pour l’inflation ». Pour le moment, cette pression des autorités monétaires se traduit par une pression sur les crédits et par une dégradation de la confiance des entreprises, avec une croissance économique attendue autour de 0,5% pour l’année en cours et à 1,1% pour l’année prochaine », avec une inflation qui devrait reculer de 6% en 2023 jusqu’à 3% l’année prochaine. 

Plus spécifiquement, pour l’économie belge, Véronique Goossens souligne que l’inflation est fortement dépendante des prix de l’énergie, et s’est donc mieux comportée que la moyenne européenne en 2023. « Lorsque cet effet va se dissiper, nous attendons à ce que l’inflation augmente à nouveau en Belgique durant les prochains trimestres ».

Contrôle des taux

Au niveau de l’économie américaine, Véronique Goossens souligne l’écartement entre l’activité du secteur manufacturier et les services, qui sont en train de reprendre rapidement. « Ici aussi, les autorités monétaires vont devoir rester attentive pour contrôler l’inflation salariale, avec deux hausses du taux directeur qui pourraient encore être annoncées ». 

Elle pointe également qu’une courbe obligataire inversée a souvent été par le passé le signe d’une récession, mais elle continue néanmoins à s’attendre à un atterrissage en douceur durant les prochains mois (croissance du PIB de 1,3% en 2023 et de 0,5% en 2024), avec une inflation qui devrait progressivement retomber vers 2,5% en 2024.

La Chine est de son côté soutenue par la demande intérieure suite à la réouverture de l’économie, qui devrait rester la principale source de croissance pour le pays durant les prochaines années dans un contexte géopolitique qui reste tendu. La croissance du PIB est attendue à 5,5% pour 2023 et à 4,7% pour l’année prochaine.

Cinq Thématiques

Maud Reinalter (CIO chez Belfius Asset Management) souligne que les marchés ont été agités durant le premier semestre, avec des actifs risqués qui ont toutefois réalisé des performances soutenues dans un contexte de bons résultats et de résilience économiques. « Nous avions commencé l’année 2023 avec une vision positive sur les actions, et nous avons pris plusieurs fois nos bénéfices à partir du mois de février pour relever notre positionnement sur les marchés obligataires ». 

Elle met en avant cinq thèmes majeurs pour orienter la stratégie d’investissement durant les prochains mois. « Premièrement, nous maintenons une exposition sur les marchés d’actions autour de 49% pour un portefeuille équilibré, même si nous estimons que le potentiel est désormais plus limité dans un contexte de ralentissement économique, avec une valorisation pour le MSCI World qui est élevée par rapport à sa moyenne historique ».

Deuxièmement, au sein de la poche actions, elle privilégie les actions émergentes (hors Chine) et les actions américaines parmi les marchés développés. « Les marges dans ce pays restent élevées, avec des entreprises généralement bien protégées par des barrières à l’entrée et qui moins exposées au ralentissement de l’activité économique ». 

Troisièmement, d’un point de vue sectoriel, le secteur des soins de santé conserve son attrait. « Nous sommes encore plus positifs qu’avant en raison de son caractère défensif avec une valorisation qui reste légèrement inférieure à la moyenne des 10 dernières années ». Quatrièmement, les entreprises exposées sur la thématique de la transition énergétique devraient continuer à dégager des performances appréciables au vu des investissements attendus dans plusieurs grandes économies.  

Cinquièmement, Maud Reinalter souligne que sa plus forte conviction est aujourd’hui de renforcer le positionnement sur les obligations d’entreprise de bonne qualité en Europe. Le poids du portefeuille obligataire dans une stratégie équilibrée a ainsi été remonté vers 44% durant les derniers mois. 

Cap sur l’obligataire

Sur ce dernier point, Nicolas Deltour (Responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius) martèle que « garder du cash dans les portefeuilles est une mauvaise idée, avec une perte de pouvoir d’achat qui reste importante. C’est un faux refuge dans les conditions actuelles». Il souligne également que les taux ne devraient plus trop augmenter. « Et même s’ils montent, l’impact sur les prix obligataires sera moins élevé qu’en 2022 ».
Dans ce contexte, une fenêtre d’opportunité existe aujourd’hui dans la dette d’entreprises européennes de bonne qualité sur des maturités plus longue. « Les banques centrales vont progressivement être en mesure de relâcher la pression.

Si le timing n’est pas encore certain, la tendance vers une détente est aujourd’hui relativement claire et offre une opportunité claire pour les investisseurs ». Les spécialistes de Belfius restent toutefois plus prudents sur la dette à haut rendement dans un contexte où le niveau structurellement plus élevé des taux est de nature à fragiliser les sociétés ayant des structures financières vulnérables. 
 

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