« Je ne crois pas à une récession brutale et je table sur un atterrissage en douceur de l’économie. C’est rare, mais nous nous trouvons dans un environnement exceptionnel », déclare Olivier Van Haute, Head of Global Balanced Fund Management chez Degroof Petercam Asset Management.
En ce qui concerne la conjoncture pour 2024, Olivier Van Haute anticipe un premier semestre difficile pour l’Europe. « Les indicateurs avancés tels que les indices des directeurs d’achat, qui fournissent des informations notamment sur les commandes, les stocks et la production, ou l’indicateur de surprises économiques de Citigroup, pointent toujours vers un ralentissement de la croissance économique. Cependant, ces indicateurs semblent avoir atteint un plancher. Néanmoins, je ne crois pas à une récession brutale : un atterrissage en douceur, aussi insaisissable que la mythique licorne en raison de sa rareté, devient envisageable en raison de l’environnement exceptionnel dans lequel nous nous trouvons. »
Selon Olivier Van Haute, cet environnement exceptionnel est marqué par une tendance désinflationniste aux États-Unis et en Europe, la robustesse du marché de l’emploi et les investissements structurels réalisés par les gouvernements, autant d’éléments qui soutiennent le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie.
Pour le second semestre, le Head of Global Balanced Fund Management chez Degroof Petercam Asset Management se montre plus optimiste. « Nous prévoyons que l’économie mondiale se dirigera vers une croissance tendancielle, tant en Europe qu’aux États-Unis. Les baisses de taux d’intérêt des banques centrales y contribueront. »
Moteurs des obligations
Olivier Van Haute se montre positif quant à la composante à revenu fixe des portefeuilles. « Après une année et demie difficile, nous identifions de nombreuses opportunités dans les obligations d’entreprises et les obligations des marchés émergents. Les perspectives pour les marchés émergents sont assurément intéressantes. Des taux d’intérêt réels plus élevés et des monnaies relativement fortes pourraient contribuer à de bonnes performances en 2024. Nous avons certes déjà connu un rebond, mais les moteurs restent en place. Pour ce qui est des obligations, nous observons actuellement un bon rapport risque/rendement. »
À cet égard, il souligne les bons rendements des obligations d’État et des obligations d’entreprise. « Les obligations d’État espagnoles à dix ans offrent des rendements d’environ 3,3 % et les obligations d’État américaines, même de plus de 4 %, mais il faut naturellement tenir compte du risque de change. Parallèlement, les obligations d’entreprises offrent un rendement attrayant. De plus, les entreprises du segment investment grade affichent des bilans très solides.
Priorité aux actions de qualité
En ce qui concerne les actions, Olivier Van Haute s’attend à ce que la volatilité observée en 2023 persiste en 2024. « Dans le contexte actuel de ralentissement de la croissance économique, nous privilégions les entreprises de qualité, c’est-à-dire celles qui affichent de bonnes marges bénéficiaires, un bilan solide et une forte génération de flux de trésorerie disponible. »
Par ailleurs, les sociétés de croissance figurent également sur son radar. « Cela peut sembler paradoxal, mais dans un environnement de faible croissance économique, on est prêt à payer davantage pour les entreprises en croissance. Nous optons pour des entreprises de croissance de qualité, pas celles qui ne font qu’espérer devenir rentables dans un futur lointain. »
Olivier Van Haute met également l’accent sur les actions à dividendes et les entreprises capitalisant sur des tendances séculaires.
« Les banques capables d’offrir un dividende élevé sont actuellement récompensées par les investisseurs. Comme nous privilégions la croissance et la qualité, nous avons une préférence pour le marché américain. Bien qu’il soit cher actuellement, on y trouve de nombreuses entreprises affichant un bilan solide et disposant d’un important pouvoir de fixation des prix. Les valorisations plus élevées reflètent les perspectives de croissance économique plus favorables que dans d’autres régions du monde, comme l’Europe. »
Au second semestre, l’accent sera mis sur l’Europe. « Nous estimons qu’il y a réellement de la valeur à trouver dans les actions européennes, car elles sont maintenant particulièrement bon marché. Les petites capitalisations, en particulier, présentent des opportunités. »
Prudence vis-à-vis des marchés émergents
En ce qui concerne les marchés émergents, Olivier Van Haute demeure prudent, notamment en raison de l’importance de la Chine dans les indices boursiers des marchés émergents. « La Chine représente un tiers de ces indices. Le pays reste en proie à divers problèmes, de la crise immobilière à l’ingérence imprévisible du gouvernement dans le secteur privé. Il s’agit d’un marché qui, à mon avis, mérite la décote par rapport au reste du monde. »