Si OBAM a enregistré de moins bonnes performances ces dernières années, le fonds entend toujours battre l’indice à long terme. « Nous nous distinguons par nos investissements ciblés dans des entreprises de qualité, uniques et plutôt bien évaluées, mais aussi par une faible structure de coûts. »
Investment Officer a interviewé Sander Zondag, qui pilote depuis près de douze ans le fonds d’actions mondiales (NL0006294035) autonomisé par BNP Paribas Asset Management en 2020. Ces dix dernières années, le fonds a enregistré un rendement total moyen de 11,2 % par an après déduction de tous les frais, contre 10,9 % pour son indice de référence, le MSCI AC World Net Return.
Sander Zondag est satisfait de ce résultat, compte tenu, notamment, de la volatilité élevée du marché pendant cette période et de la concentration du portefeuille. Le fonds investit actuellement dans 46 actions, contre 2 840 pour l’indice de référence. « Très peu de fonds peuvent se targuer d’une surperformance nette sur une période de dix ans, et même, en l’occurrence, de trente ans », affirme le gestionnaire. « Nous comparons nos performances à ce large indice mondial, mais les investisseurs ne peuvent pas investir directement dans un indice. Un indice n’a pas de frais de transaction, pour les indexations par exemple. C’est la raison pour laquelle un ETF sur ce même indice de référence constituera en réalité un meilleur point de comparaison. Et nous nous en distinguons de façon encore plus flagrante face à ce dernier. »
Selon lui, la plupart des fonds actifs restent en deçà de l’indice à cause de frais plus élevés. « Nos frais courants représentent 66 points de base, ce qui est peu pour un fonds sous gestion active. Je suis convaincu que notre faible structure de coûts et notre style cohérent d’investissements qualitatifs nous permettront de battre, à terme, n’importe quel indice boursier mondial. »
Non aux énergies fossiles
Ces trois dernières années, néanmoins, cet avantage sur l’indice a nettement reculé. Le rendement du fonds s’est élevé à 5,2 % par an, tandis que l’indice a affiché une hausse de 9,4 % par an. « Nous n’allons pas, et ne pouvons pas, battre l’indice chaque année », admet le gestionnaire. Cette année, la performance du fonds est en ligne avec celle de l’indice.
2022 fut une année particulièrement difficile. Seul le secteur énergétique a affiché d’excellentes performances, du fait de la hausse des prix du pétrole et du gaz dans le sillage de l’invasion russe de l’Ukraine. « Cela fait toutefois très longtemps que nous n’investissons plus dans l’industrie fossile, non seulement parce que le développement durable est important pour nous, mais aussi, tout simplement, parce qu’il existe selon nous de bien meilleurs modèles commerciaux en dehors du secteur fossile. Une année aussi singulière a des conséquences sur le rendement glissant. »
L’accent fort mis sur les entreprises qualitatives a également joué un rôle dans la sous-performance de 2022. « Le taux d’intérêt a augmenté très rapidement et les investisseurs ont préféré vendre des modèles économiques bien valorisés ainsi que des entreprises de qualité, ce qui est étrange en soi, car nous avons beaucoup d’entreprises de qualité, presque exemptes de dettes, qui pourraient aussi afficher d’assez bonnes performances dans le cas d’une récession. L’année dernière, nous avons assisté à un redressement rapide des actions de qualité, du secteur technologique notamment, et nous en avons clairement bénéficié. »
Le top 5 des positions du portefeuille se compose d’actions technologiques phares, en raison de fortes hausses de leurs cours : Nvidia, Amazon, Microsoft, Alphabet et ASML. « Globalement, cependant, nous sous-pondérions fortement les Sept Magnifiques l’année dernière ; il était donc très difficile de suivre l’indice. Nous faisons le choix délibéré de n’avoir aucune position dans un certain nombre de grands noms. Par exemple, nous émettons de sérieux doutes quant au modèle d’entreprise de Tesla et Meta. En outre, nous trouvions Apple surévaluée à ce moment-là », précise Sander Zondag.
Des choix actifs
En dépit d’un bon historique de performance, l’actif sous gestion a chuté et s’établit actuellement à 975 millions d’euros. D’après le gestionnaire, cette baisse ne s’est pas accélérée depuis l’autonomisation ; c’est surtout la forte croissance des investissements passifs aux Pays-Bas qui perturbe le fonds. Ainsi, un important fonds de pension a opté pour une solution passive et quitté OBAM.
OBAM souhaite viser davantage les nouveaux investisseurs grâce à des efforts marketing ciblés visant divers groupes, et Sander Zondag préconise une politique d’investissement active. « Dans un monde marqué par les incertitudes géopolitiques, les changements démographiques, une attention croissante portée à la durabilité et diverses tendances de croissance structurelle, il va être toujours plus important de faire des choix clairs. En d’autres termes : sachez dans quoi vous investissez, et sachez opérer des distinctions. »
« À titre d’exemple, il y a plus de trois ans, lorsqu’il est peu à peu devenu clair que les actionnaires minoritaires en Chine n’avaient pas leur mot à dire, nous avons vendu tous nos investissements directs dans le pays », évoque Sander Zondag. « Avec le recul, ce fut l’une des meilleures décisions que nous ayons prises, car les actions chinoises sont restées très en retrait ces dernières années. Les fonds indiciels n’ont pas eu ce choix et ont dû subir toute cette dégringolade. »
Selon Sander Zondag, les fonds indiciels investissent souvent en regardant dans le rétroviseur. « Le poids de quelques grandes capitalisations s’accroît constamment, ce qui rendrait plus difficile une potentielle correction de ces actions pour les investisseurs indiciels. »
L’aéronautique et la sidérurgie sont des industries dans lesquelles Sander Zondag estime qu’il n’est pas souhaitable d’investir à long terme. Il évoque en outre les faibles perspectives d’avenir de l’industrie fossile, du tabac et de la chimie lourde en Europe. « C’est en évitant ce type d’industries compétitives et peu rentables et en nous focalisant sur des modèles d’entreprises de qualité dans la technologie, la communication, les soins de santé, la consommation et l’industrie que nous pourrons générer une valeur ajoutée plus importante. »