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Dans le secteur de la gestion d’actifs et de la banque privée, la tendance à l’industrialisation et à la standardisation poussées est indéniable. Cependant, tout le monde ne suit pas. En tant que client du secteur, vous avez le choix entre une carte proposant un certain nombre de fonds profilés, et une carte offrant un large éventail de suggestions.  

« Je préfère manger dans un restaurant offrant une large carte plutôt que dans un restaurant qui propose seulement quelques plats à la carte », explique Olivier Leleux (photo). Il est le CEO familial de Leleux Associated Brokers, créée par son grand-père Armand en 1928. Il nous fait part de son opinion à propos du secteur, qui devient de plus en plus compétitif en Belgique.

Lors d’un récent entretien avec KPMG Belgique, il avait été indiqué qu’en Belgique, chaque banque privée est à la recherche d’un ‘bon deal’ en raison des coûts plus élevés de l’IT et de la Compliance. « Je partage cet avis et cette tendance se poursuit depuis dix ans déjà. Il y a dix ans, on comptait vingt sociétés de bourse indépendantes en Belgique, contre six aujourd’hui. Nous parvenons à rester rentables, mais ce n’est pas évident. La réglementation a évolué extrêmement rapidement au cours des cinq dernières années : MAR, MIFID/EMIR, RGPD, PRIIPs, AML, normes de gouvernance, révision de la législation sur les intermédiaires, MiFID III… La pression augmente et les équipes doivent suivre. Donc oui, la consolidation va se poursuivre. » 

Leleux est toujours prêt à discuter avec des personnes partageant les mêmes valeurs. Au-delà des sociétés cotées, ils regardent par exemple également ce que font les banques de titres, car leur clientèle n’est pas si différente. Cependant, ils ne comptent pas travailler avec une grande banque. Ils reçoivent régulièrement des offres de rachat, qu’ils rejettent. « Nous avons notre expertise, notre approche familiale et nous sommes proches de nos clients. Pour moi, ça vaut de l’or », déclare Leleux. 

Concurrence 

La concurrence sur le marché belge est rude. Selon Olivier Leleux, l’ancrage local est très important. 

Selon lui, les gens veulent avoir confiance dans l’institution dans laquelle ils investissent leur argent. « Depuis près d’un siècle, nous établissons une relation de confiance durable avec nos clients. Nous avons des chargés de relations qui travaillent chez nous depuis vingt ans déjà et des familles qui sont clientes depuis plusieurs générations. Notre culture d’entreprise est basée sur la confiance et le travail en architecture ouverte. Nous offrons un cadre plus libre que de nombreuses autres institutions qui proposent uniquement des fonds maison. Ce qui, avec notre indépendance, est essentiel pour fournir des conseils objectifs. » 

Les collaborateurs de Leleux déclarent également n’avoir aucun incitant financier pour vendre des produits qu’ils ne soutiennent pas. Cela exclut les conflits d’intérêts, et seuls les intérêts du client comptent.

Marges

Leleux se rend bien compte qu’il y a une pression sur les marges dans le segment supérieur du marché. Yves Van Laecke, membre du conseil de direction chez Nagelmackers, l’avait suggéré lors d’un récent entretien avec Investment Officer. 

« Ces personnes fortunées investissent dans toute une batterie de services et disposent d’actifs très importants et de conseillers patrimoniaux spécialisés qui défendent les intérêts de leurs clients, contrairement à une banque privée, par exemple. Chez nous, la situation est différente. La très grande majorité des portefeuilles de titres que nous gérons se situent entre 200 000 et 1 million d’euros. Mais tout comme nous avons aussi des clients disposant d’un portefeuille de 50 000 euros, nous avons également des clients qui nous confient des portefeuilles de plusieurs millions. Cependant, nous offrons toujours un service sur mesure. Dans d’autres institutions, en dessous d’un demi-million, vous vous retrouvez trop souvent dans des SICAV. Chez nous, les clients bénéficient toujours de services personnalisés », déclare Leleux. 

Le dernier des Mohicans

Aujourd’hui, Leleux est l’une des six dernières sociétés de bourse indépendantes de Belgique. Leleux Associated Brokers souhaite offrir une large gamme de services à ses clients et s’oppose à l’industrialisation et à la standardisation du secteur. 

Après une longue histoire, la société compte aujourd’hui trente agences et gère 3 milliards d’euros. Quatre services sont proposés aux clients privés : execution only, ad-hoc advisory qui ne se fait qu’à l’initiative du client, conseil général en investissement et, enfin, gestion discrétionnaire à partir de 50 000 euros. Les investissements sont effectués aussi bien dans des lignes individuelles que dans des fonds d’investissement basés sur un modèle d’architecture ouverte. 

Le groupe propose également à ses clients professionnels et institutionnels des services de RTO (transmission d’ordres pour les professionnels et couverture de produits agricoles pour les agriculteurs) ainsi que des services complets de Remote Brokerage & Custody. 

« Leleux Invest est la SICAV de notre société sœur Leleux Fund Management et se compose de trois compartiments : un fonds mixte, un fonds d’actions complet et un fonds durable article 8. L’excellence constitue pour nous une valeur fondamentale », conclut Leleux.

La petite histoire

En tant que société presque centenaire, Leleux a une longue histoire. Armand, le grand-père, a commencé sa carrière en 1928 à Soignies en tant qu’agent de change. Malgré de nombreux revers, il a réussi à se constituer une belle clientèle de notables et industriels locaux. À cette époque, le Hainaut était une région industrielle très prospère. Selon Leleux, la classe moyenne de l’époque connaissait mieux les questions financières que celles d’aujourd’hui. « Dans les années 20, les gens achetaient déjà des actions de sociétés telles que l’Union Minière. »

Dès 1994, Leleux Associated Brokers a dû se poser certaines questions existentielles. La société a commencé à investir massivement dans le rayonnement international. La monnaie unique commençait à prendre forme et Leleux Associated Brokers a adhéré aux bourses d’Amsterdam, de Luxembourg, de Lisbonne, de Paris, de Francfort et autres, et modernisé toute son infrastructure informatique. 

En 1997, Leleux a par exemple été un des tout premiers à lancer un site Web permettant de s’abonner à des newsletters. Ce qui, de manière inattendue, s’est avéré un énorme succès commercial. Plus tard, les clients ont également été les premiers en Belgique à pouvoir consulter leur portefeuille et passer des commandes en ligne. 

À cette époque, Leleux a été contacté par d’autres sociétés de bourse qui souhaitaient collaborer et étaient attirées par la présence locale et l’expertise en IT. De cinq agences, la société est passée à vingt. En 2000, Euronext est née de la fusion de bourses et les sociétés de bourse devaient avoir des fonds propres de 10 millions d’euros.

Une augmentation de capital a été réalisée et il a alors été décidé de fusionner avec UBB et Delta, deux autres sociétés de bourse. C’est ainsi qu’est née Leleux Associated Brokers, qui compte plus de 15 000 clients et, après quelques acquisitions ciblées, trente agences, pour un total d’environ 3 milliards d’actifs sous gestion.

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