Chez Orcadia Asset Management, la gestion se caractéristique notamment par une approche diversifiée basée sur la théorie classique du portefeuille et une forte focalisation sur la durabilité.
Le co-fondateur et président du conseil Etienne de Callataÿ (photo) gère actuellement environ 630 millions d’euros (sans double compte) chez Orcadia, qui est basée au Luxembourg mais dessert de nombreux clients belges. Le principal fonds est le Protea Orcadia Global Sustainable Balanced, géré par Pictet. Il pèse actuellement 300 millions d’euros. « Nous sommes clairement un acteur durable et voulons proposer des fonds d’investissement et des mandats durables, avec un profil risque/rendement similaire à celui des autres fonds. Pour des raisons de crédibilité, en termes de méthodologie de durabilité, nous avons choisi d’utiliser principalement le MSCI. Cela dépend également des actifs et des fonds. »
Obligations d’État
Etienne de Callataÿ souligne que les obligations d’État utilisent leur propre méthodologie de durabilité. « Elle est basée sur des droits écologiques, politiques et sociaux. Nous investissons exclusivement dans les pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord. Les yields sont faibles et le rendement est donc limité, mais nous sommes prêts à payer ce prix afin de contenir le risque. »
Composition du portefeuille
Les fonds patrimoniaux d’Orcadia investissent dans des actions et des obligations d’entreprises. « Nous investissons généralement dans des ETF qui suivent le MSCI. Il existe des trackers MSCI SRI et de MSCI ESG. La variante SRI est best in class et n’investit que dans les 25 % des meilleures entreprises du secteur, tandis que le MSCI ESG investit dans les 50 % les plus performantes. Nous optons généralement pour la version plus stricte. »
De Callataÿ souligne également que des investissements sont également effectués dans d’autres types d’actifs, comme les fonds de tiers gérés activement. Dans ce cas, c’est la méthodologie du gestionnaire qui est suivie. « Un troisième élément est constitué par les lignes directes, avec lesquelles nous investissons directement dans des entreprises individuelles. Nous suivons également la liste d’exclusion du Fonds de pension norvégien et de Financité. En résumé, deux tiers de nos actifs sont investis dans des ETF (régionaux) et un tiers dans des fonds de tiers gérés activement et des lignes directes. Pour les obligations, il s’agit généralement de lignes directes d’obligations d’État. Malgré l’augmentation des spreads, nous trouvons souvent le rapport risque-rendement des obligations d’entreprises, et en particulier des obligations à haut rendement, peu intéressant. »
Surperformance du SRI
Comme d’autres professionnels du marché, de Callataÿ constate également que les stratégies durables sont plus performantes. « C’était déjà le cas en 2018, et ce le fut à nouveau en 2019, malgré un marché très performant. Depuis le début de l’année 2020, nous constatons également un rendement supplémentaire, la différence étant même encore plus importante qu’en 2018. Nous constatons en effet une différence positive de 5 % aux États-Unis, et même de 9 % en Europe. Au Japon, on note une différence positive de 3,5 %. Les marchés émergents constituent l’exception. »
Performance
De Callataÿ se réjouit des rendements obtenus par le fonds patrimonial d’Orcadia. « Nos coûts internes ont pu être couverts par les déviations stratégiques. Avant la crise, nous avions une pondération légèrement inférieure dans les actions. Ce qui est moins positif, c’est que nous avions trop peu d’obligations aux États-Unis et en Allemagne. Nous soutenons aussi un comité d’investissement, également avec le soutien d’experts externes, indépendants (et non rémunérés). Nous ne croyons pas en une stratégie de ‘one-man-show’. Si elle fonctionne au départ, elle conduit à l’arrogance et à trop de risques. Nous aimons la sagesse : il y a plus dans deux têtes que dans une.
Nous comparons d’abord nos performances avec notre indice de référence, mais aussi avec un groupe de pairs d’une trentaine de fonds ayant un profil de risque similaire. Et nous regardons aussi les classements, dans lesquels Quantalys, par exemple, nous attribue cinq étoiles.
Nos résultats en 2020, qui sont solides en termes relatifs, s’expliquent principalement par l’approche durable et les déviations tactiques, notamment la pondération très limitée des obligations à haut rendement. Selon de Callataÿ, « il est prétentieux de choisir certains secteurs ou de prendre des paris importants. La littérature universitaire nous encourage à la modestie, c’est pourquoi j’insiste sur le fait qu’un bon comité est extrêmement précieux. Le travail d’équipe ainsi qu’une bonne réunion peuvent s’avérer très utiles. »
L’année 2019 a été supérieure au groupe de pairs en termes de performance et ce, avec une volatilité inférieure, ce qui était déjà le cas en 2018. À l’époque, nous avions obtenu un résultat beaucoup moins douloureux que le marché : -3,7 %.
Nous n’investissons d’ailleurs que dans des produits simples ‘plain vanilla’. Dans le volet obligataire, nous n’investissons pas dans les CoCo, des obligations hybrides ou même convertibles. »
Clientèle
Au Luxembourg, la clientèle d’Orcadia est majoritairement encore active sur le plan professionnel et ‘new money’, tandis qu’en Belgique, elle est composée de pensionnés et de personnes professionnellement actives. « Il y a un mix de new and old money », explique de Callataÿ.