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Harry Markovitz, lauréat du prix Nobel, est décédé récemment à l’âge de 95 ans. De nombreux économistes l’ont salué pour sa contribution à la science économique et à la théorie de l’investissement, en particulier avec la théorie moderne du portefeuille. Entre-temps, sa théorie doit céder la place à une autre : La prise de décision basée sur le risque. Une analyse.

Aujourd’hui encore, sa théorie moderne du portefeuille (Markovitz, 1952) reste généralement la base pour prendre des décisions d’allocation quantitatives : du compromis entre le risque et le rendement, en tenant compte de la diversification, découle une frontière efficiente. Cela permet aux investisseurs de déterminer le portefeuille optimal en fonction de leur objectif de risque et/ou de rendement.

Exemple de frontière efficiente, obv. optimisation de Markovitz

De nombreux chercheurs ont proposé des améliorations à cette méthodologie au fil du temps, afin de gérer ses inconvénients, tels que les solutions en coin et la sensibilité aux hypothèses utilisées (par exemple, Black & Litterman, 1992). Cependant, tous s’en sont tenus à l’idée fondamentale d’équilibrer le rendement et le risque, avec une complexité croissante des méthodes utilisées. Ceci alors que la transparence et la compréhensibilité des méthodes utilisées sont de plus en plus importantes pour les décideurs, afin de justifier correctement les décisions prises.

J’y vois une lacune fondamentale de la réflexion traditionnelle sur le risque et le rendement. Après tout, les risques sont divers et ne peuvent souvent pas être appréhendés par un chiffre «unique», tel que l’écart-type ou la perte maximale acceptable. En évaluant le risque dans son ensemble, un par un, par rapport au rendement possible, on met relativement l’accent sur le rendement et peut-être trop peu sur le risque. Un modèle de décision purement basé sur le risque (prise de décision basée sur le risque) peut, à mon avis, remédier à cette situation.

Modèle de décision basé sur le risque : champ d’application

La prise en compte intégrale de tous les risques est cruciale pour une prise de décision saine. La prise de décision basée sur le risque permet une prise en compte holistique, uniquement basée sur le risque.  Par rapport à la prise en compte traditionnelle du risque/rendement, il existe trois différences principales.

Rendement = risque de ne pas atteindre les objectifs : Si l’on se concentre trop sur le rendement maximal, on risque de prendre (trop) de risques. Il est préférable de déterminer d’abord l’objectif de l’investisseur et d’en déduire des objectifs de rendement. Dans le cadre d’un processus décisionnel fondé sur le risque, le rendement devient alors le risque de ne pas atteindre les objectifs fixés. Après tout, si le rendement attendu augmente, ceteris paribus, la probabilité d’atteindre les objectifs augmentera.

Évaluation intégrale des risques : chaque décision d’ajustement d’un portefeuille d’investissement a une incidence sur plusieurs risques. Il ne s’agit donc pas seulement du risque de marché (volatilité des rendements), mais aussi de risques tels que les risques ESG, de réputation, de liquidité, etc. Ces risques sont souvent moins faciles à quantifier dans les paramètres de risque traditionnels, ce qui rend plus difficile leur prise en compte sur un pied d’égalité dans le cadre d’une analyse risque/rendement.

Simplifier la décision : proposition vs. portefeuille actuel : dans le modèle AOP d’image, de jugement et de prise de décision successifs, il est plus clair de ne considérer que la proposition et les changements par rapport à la situation existante dans la prise de décision finale. Le large éventail de possibilités est réduit à la proposition dans le processus d’image et de jugement. La décision demandée est ainsi plus facile à gérer.

Modèle de décision fondé sur le risque : résultats

Les différents risques peuvent être représentés dans un diagramme simple, avec une notation simple selon que la proposition améliore (vert) ou détériore (rouge, critère d’élimination) la situation actuelle. Cela permet au décideur d’obtenir facilement une vue d’ensemble claire.

Un exemple est développé ci-dessous, où la question était de savoir dans quelle mesure un fonds devrait inclure un objectif de réduction des émissions de CO2 dans l’indice de référence du portefeuille d’actions. Ici, c’est le désir d’atteindre un objectif de réduction du CO2 conforme à sa propre politique ESG qui a finalement guidé la décision, tandis que les autres risques n’ont pas été un obstacle.

Proposition : Indice de référence pour la transition climatique (proposition) vs MSCI World (actuel) :

Il est évident qu’un ensemble différent de critères peut être défini pour chaque type de décision d’investissement, en fonction des spécificités de la décision en question. La décision d’investir ou non dans un indice de référence pour la transition climatique ne repose pas sur les mêmes critères que, par exemple, la proposition d’investissement d’un gestionnaire spécifique. La méthode proposée oblige l’utilisateur à réfléchir soigneusement aux critères pertinents à l’avance, ce qui garantit un processus décisionnel cohérent.

Conclusion

Les méthodes de prise de décision en matière d’investissement sont en constante évolution. À mon avis, la méthode traditionnelle risque-rendement a pour inconvénient d’accorder une importance relativement grande aux rendements et de sous-estimer le large éventail des risques. La prise de décision basée sur le risque, où le rendement est également défini comme un risque, offre la possibilité d’une prise de décision plus solide et plus transparente. À mon avis, cela rend les décisions prises plus explicables et peut améliorer les résultats à long terme.

Edwin Massie est consultant senior Pensions & Insurance chez Ortec Finance, un fournisseur mondial de technologies et de solutions pour la prise de décision en matière d’investissement. Ortec Finance est l’un des partenaires d’Investment Officer et rédige une contribution mensuelle sur divers sujets.

 

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