
Lorsqu’il s’agit d’attirer les meilleurs banquiers privés, la concurrence s’intensifie et les atouts que peuvent mettre les banques dans la balance lors des négociations jouent un rôle de plus en plus important. Le salaire brut d’un personal banker pouvant se targuer de dix ans d’expérience s’établit à 65 000 euros ; il peut monter jusqu’à 120 000 euros pour les private bankers avec la même expérience.
Malgré un contexte économique mondial instable et en plein changement, le secteur de la banque privée en Belgique continue de prospérer. Selon L’Echo, en 2024, le marché représente plus de 500 milliards d’euros d’actifs sous gestion, soit une croissance de 7 % par rapport à l’année précédente.
Les banques privées font face à une concurrence accrue pour recruter les meilleurs candidats. Quels sont les niveaux de salaire ? Quelle est la meilleure stratégie pour attirer les talents ?
Niveau d’entrée : le personal banker
Le profil d’entrée dans la banque privée est celui de personal banker.
Ce dernier gère des fortunes entre 250 000 et 500 000 euros. Entre 10-15 ans d’expérience, ces profils ont un salaire brut annuel compris entre 65 000 et 80 000 euros, et peuvent espérer obtenir un bonus de 10 à 15 %.
Un niveau plus haut, le private banker
Les banquiers privés vont aller chercher des capitaux à partir de 1 million d’euros. Ce seuil peut toutefois être abaissé à 500 000 euros si la clientèle de la banque est encore jeune ou lorsqu’un potentiel est détecté.
Ces profils, détenteurs d’un master en économie, banque ou finance, ont une expérience professionnelle en investissement et/ou en gestion de patrimoine ou peuvent commencer leur carrière directement comme banquier privé.
En dessous de cinq ans d’expérience, leur salaire annuel brut est capé à 70 000 euros. Ensuite, il peut monter jusqu’à 120 000 euros pour une dizaine d’années d’expérience. Au-delà, le salaire évolue avec les années d’expérience.
Le bonus dépend des objectifs et de la taille des différentes banques, mais il oscille entre 15 et 35 % en fonction des performances.
Il y a peu de mobilité entre les profils opérationnels (assistants banquiers privés) et les fonctions de front office (banquier privés). Seulement 30 % des profils de support évoluent vers une fonction de front office.
Le segment le plus élevé : le wealth manager
Le dernier segment de la banque privée est le Wealth Management. Il est dédié à une clientèle fortunée qui possède plus de 3 millions d’euros d’actifs sous gestion.
Les banquiers privés peuvent évoluer vers les postes de wealth manager au fil de leur carrière.
Les salaires sont les plus élevés de la catégorie, avec une moyenne de 120 000 euros entre 5 et 15 ans et un seuil de 140 000 euros au-delà. On note que la plupart des candidats, bilingues ou non, qui ont plus de 20 ans d’expérience ont un salaire moyen de 180 000 euros brut par an. Pour ce niveau de clientèle à haute valeur ajoutée, les bonus peuvent monter jusqu’à 40 % du salaire dans certaines banques.
En contrepartie de ces salaires les plus élevés du marché, la plupart des banques s’attendent à ce que les candidats arrivent avec des capitaux, c’est-à-dire qu’elles transfèrent leur portefeuille de clients d’une banque à une autre. C’est de plus en plus difficile à cause des contraintes réglementaires liées à la compliance (MIFID) ou des complexités administratives.
Attirer les talents sur un marché compétitif
Le marché belge est dominé par quatre grandes banques (BNP Paribas Fortis, ING, Belfius et KBC) qui représentent 65 % des parts de marché (source : L’Echo). Les candidats sont souvent moins attirés par ces banques que par des pure players de la banque privée.
Selon Marion Bertoncini, Senior consultante chez Michael Page, ces banques « offrent une identité moins marquante qu’un pur acteur de banque privé. En revanche, ces structures représentent de belles opportunités de carrière ».
La présence locale va aussi être un facteur déterminant pour attirer les candidats. Les banques doivent justifier une empreinte locale pour attirer des candidats qui ont un réseau établi dans la région. C’est le cas pour la région d’Anvers, qui regroupe beaucoup d’entrepreneurs convoités par les banques. Certains acteurs décident de se développer localement (Lombard Odier, Edmond de Rothschild). C’est déterminant pour attirer les talents et ne pas les contraindre à faire la route vers Bruxelles plusieurs fois par semaine.
Afin de se créer une identité et un pouvoir différentiel, les banques sont mises au défi sur leur marque employeur ou employee value proposition. Pour attirer les candidats, elles doivent être capables de démontrer leurs valeurs, leur historique de performance sur les fonds, leurs récompenses, leur empreinte ESG, leur culture et leur identité dès le premier entretien.
Chaque banque doit avoir son identité propre: Banque Delen s’appuie sur son modèle de gestion discrétionnaire, Rothschild sur son histoire familiale, et Indosuez sur la force du groupe international Crédit Agricole (Asset management, Private Equity, Corporate Banking).
Pénurie de candidats
Pour faire face à la pénurie de candidats sur le marché du travail, les banques privées devront investir davantage dans des budgets de formation et élargir leurs critères de recrutement, en intégrant des profils issus de parcours plus diversifiés. Certaines institutions, par exemple, commencent à embaucher des candidats ayant une expérience en banque commerciale. Ces profils apportent souvent un carnet d’adresses bien établi dans le segment des PME, mais nécessitent une formation spécifique sur les produits et services propres à la banque privée.
Par ailleurs, pour conquérir de nouvelles clientèles, comme les femmes ou les sportifs, les banques devront enrichir leur offre de produits. Cela impliquera également de former les banquiers privés à cette approche innovante orientée vers les besoins spécifiques de la new money, afin d’adopter une stratégie adaptée à ces segments émergents.
Lorraine le Pomellec est partenaire chez Page Executive. Elle recrute des talents pour les services financiers, les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de private equity, avec une spécialisation en compliance, juridique, risques, opérations, finances, ventes et marketing. Elle couvre les marchés belge et luxembourgeois.