La BCE est-elle sur le point de sortir son bazooka monétaire ? Les perspectives d’inflation à 5 ans au sein de la zone euro tombent en dessous de 1,20 % ce jeudi. Il faut savoir que le ‘5 year/5 year’ était le prévisionniste préféré de Mario Draghi en matière d’inflation.
Philippe Gijsels de BNP Paribas Fortis apporte quelques éclaircissements à Investment Officer.
Gijsels souligne en effet que la baisse des perspectives d’inflation constitue un problème majeur pour la BCE, qui tente en effet de ramener l’inflation à 2 %. Ce qui n’est provisoirement pas possible.
« Les perspectives d’inflation sont fortement corrélées à l’inflation effective dans l’esprit des gens », déclare Gijsels. « Les gens se mettent à attendre des prix plus bas. C’est un élément auquel la BCE accorde une attention particulière. Personne à la BCE ne veut en arriver là. Aux États-Unis également, les perspectives d’inflation sont en baisse, ce qui fait craindre une ‘spirale déflationniste’. »
Déflationniste
Gijsels souligne que toutes les crises que nous avons connues ces dernières années étaient toutes déflationnistes. « La crainte est importante, et cela explique pourquoi la BCE et la Fed ont toutes deux changé leur fusil d’épaule cette année. Au départ, on avait tablé sur 3 ou 4 hausses des taux d’intérêt, mais on en attend déjà 2 cette année, ce qui fait une grande différence. Cependant, les banques centrales comprennent vraiment que la déflation est un problème. »
Marchés actions ?
Gijsels admet que n’est pas nécessairement un drame pour les marchés actions. « Cela signifie que nous aurons effectivement un nouvel assouplissement quantitatif et que la BCE ressortira son bazooka monétaire, comme vous le disiez précédemment. Paradoxalement, ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour les marchés actions. L’argent qui est créé doit aller quelque part, et il est transféré aux actifs, ce qu’on appelle l’inflation des actifs. »
Toutefois, Gijsels met en garde contre un problème plus important si l’économie devait effectivement entrer en récession. Aujourd’hui, l’économie réelle continue de croître à un rythme raisonnable, mais si nous entrons en récession, ce sera un véritable défi. Nous devons donc garder un œil là-dessus. »