Philippe Gijsels, BNP Paribas
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Philippe Gijsels de BNP Paribas affirme que Jerome Powell a déçu les marchés hier soir. Aucune série de diminutions du taux d’intérêt ne va se produire. Il se montre plutôt prudent pour les actions à court terme mais, à long terme, très haussier pour l’or. 

Dans une réponse exclusive à Investment Officer, le stratège de BNP Paribas déclare que « tout le monde attendait depuis longtemps cette décision relative au taux d’intérêt, et en attendait beaucoup. Ces attentes n’ont cependant pas été tout à fait satisfaites. Le consensus était une diminution de 25 points de base, mais certaines personnes nourrissaient l’espoir de 50 points de base. »  

Gijsels souligne que les fondations du marché laissent quelque peu à désirer. « Les bénéfices des entreprises ne sont pas formidables. Cela fait un moment maintenant que les bourses sont stables, et Powell prend ce genre de décision. C’est surtout le fait que nous ne puissions pas nous attendre à une longue série de diminutions du taux d’intérêt et qu’il ne s’agissait que d’une diminution de milieu de cycle qui a inquiété les bourses. Et c’est pourquoi les marchés boursiers ont beaucoup baissé hier soir aux États-Unis. »

USD

Selon Gijsels, la principale évolution sur les marchés a peut-être bien été le mouvement entrepris par le dollar américain. « L’USD se situe dans une fourchette de consolidation depuis quelque temps déjà, mais il commence sérieusement à s’apprécier. Nous nous dirigeons actuellement vers un cours de 1,10 USD pour un EUR, et c’est un véritable pavé dans la mare, car les marchés préfèrent un USD faible. » 
Trump est furieux de cette évolution. « On observe effectivement, à présent, une combinaison qui ne peut que déplaire à Trump, à savoir une bourse baissière et un USD attrayant.

La pression exercée sur Jerome Powell va donc encore se renforcer à différents niveaux. L’USD en augmentation, la courbe des taux d’intérêt qui s’aplanit et la bourse en baisse devraient rendre Trump particulièrement nerveux. Nous avons déjà vu hier, dans un tweet, qu’il commençait à mettre une forte pression sur Powell, qui se retrouve dans une situation pour le moins inconfortable, surtout lorsqu’on sait que Mario Draghi a fait toutes sortes de promesses avant la fin de son mandat. Lorsque la BCE commencera à diminuer le taux d’intérêt et lancera un nouveau programme d’assouplissement quantitatif, nous ne serons plus très loin d’une guerre des monnaies. » 

Actions et or

Gijsels : « Dans un tel contexte, nous optons pour une position en actions neutre, voire légèrement sous‑pondérée. À long terme, les actions restent un choix préférable aux obligations, qui sont extrêmement chères. Tant qu’il n’y aura pas de véritable récession, mieux vaut nous tenir à cette position. À court terme cependant, nous sommes plus prudents car les fondations laissent un peu à désirer. Le marché attend énormément des banques centrales.

Elles ont toujours été là pour venir en aide aux investisseurs, mais nous avons vu hier que nous ne devions pas tenir cette aide pour acquise. Il existe une limite à ce que les banques centrales peuvent et sont disposées à faire. À présent, si une correction de 5 à 10 % se produit, Powell procèdera vraisemblablement à une diminution du taux d’intérêt. Les bourses sont devenues particulièrement dépendantes des liquidités et des banques centrales. »     

Pour l’or, en revanche, Gijsels se montre résolument positif : « C’est le moment idéal pour commencer à investir dans l’or. On voit par ailleurs également que le prix de l’or en euros a à peine été corrigé. Ces derniers mois, l’or a connu une forte hausse et il est à présent en phase de consolidation. C’est une pause normale et logique, mais je reste très optimiste pour l’or à long terme. La politique monétaire continue en effet de s’assouplir, et les problèmes géopolitiques restent très présents partout dans le monde. » 
 

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