En 2018, les actions russes ont surperformé les autres actions des marchés émergents. Hugo Bain de Pictet Asset Management s’attend à ce que cette tendance se poursuive en 2019.
Le senior investment manager pour les actions des marchés émergents cite cinq raisons à cela.
La première concerne les sanctions imposées au pays. « Pour réellement toucher l’économie russe, des sanctions devront être imposées sur les exportations de pétrole et de gaz russes, mais l’Europe en est elle-même beaucoup trop dépendante. »
Bain estime que l’éventuelle levée des sanctions constituera un problème plus important pour les décideurs politiques russes que la gestion des sanctions actuelles, qui aident le gouvernement russe à maintenir un excédent budgétaire parce que le taux de change du rouble est comprimé par les sanctions.
La deuxième raison est le rôle du prix du pétrole. Selon Bain, la Russie continuera de participer au cartel OPEP+, ce qui devrait stabiliser le prix du pétrole au cours de l’année prochaine. « En se constituant des réserves de change, la Russie a également réussi à dissocier le cours du rouble du prix du pétrole, de sorte que son évolution ne suit plus les éventuelles baisses. »
Toutefois, de nouvelles sanctions émanant tant du Royaume-Uni que des États-Unis menacent la Russie suite au scandale Skripal et à la prétendue ingérence russe dans les élections partielles américaines.
De plus, l’économie nationale semble florissante. « Ces dernières années, la Russie a mené une politique monétaire et budgétaire très conservatrice. Le taux d’endettement est faible et le gouvernement dispose d’un excédent budgétaire, notamment en raison des sanctions introduites. »
L’argument suivant est celui des valorisations attractives. Les actions russes versent un dividende d’environ 7 %, contre 3 % en moyenne pour les autres marchés émergents. En outre, la faiblesse du rouble et les prix favorables des matières premières offrent des perspectives positives aux exportateurs russes.
« Tous les segments du marché boursier russe sont bon marché, il existe de nombreuses sociétés saines avec des cours désastreusement bas, et les taux de dividende à deux chiffres ne sont pas inhabituels », déclare Bain.
Enfin, il y a le reporting négatif. Selon l’expert en investissement, la Russie pourrait être moins susceptible de faire l’objet d’actualités négatives en 2019 qu’en 2018. « Bien qu’il s’agisse d’une prévision risquée, elle peut amener les investisseurs à se concentrer à nouveau sur les fondamentaux attractifs du pays et une revalorisation semble inévitable. »