Rollin (Pictet AM) souligne que les incertitudes sur l’inflation et la politique monétaire américaine troublent aujourd’hui les perspectives sur les marchés boursiers. Sur le long terme, il estime que les actions asiatiques représentent la meilleure opportunité d’investissement.
Après avoir été positif sur les marchés d’actions et les secteurs cycliques plus tôt dans l’année, Frédéric Rollin (Conseiller en stratégie d’investissements chez Pictet Asset Management) souligne être récemment passé en position neutre. « En ceci, nous sommes plus prudents que le reste du marché, qui reste dans l’ensemble toujours optimiste quant à l’évolution future des cours boursiers ». Cette prudence est causée notamment par une hausse des tensions inflationnistes au niveau américain qui appelle une certaine prudence à court terme.
Tassement de l’inflation
A plus long terme, il estime néanmoins que cette poussée des prix devrait être largement temporaire. « Si nous retirons tous les éléments qui sont spécifiquement causés par l’épidémie, nous retrouvons une inflation core qui tourne autour de 1,6% aux Etats-Unis. Nous commençons également à voir certains signes, notamment dans les tarifs pour les voitures d’occasion, qui semblent pointer vers un tassement des tensions depuis le mois de juin ».
Il pointe également l’évolution récente du prix des matières premières qui indiquent une consolidation dans la foulée du resserrement monétaire pratiqué par la banque centrale chinoise. De son côté, le pétrole reste sur un niveau élevé en raison de la réticence de certains membres de l’OPEP pour relever leur production. « Nous pensons qu’un accord sera trouvé afin de pouvoir augmenter progressivement les quotas ». Enfin, la production américaine est également en train de repartir, ce qui constitue un autre argument pour assister à davantage de modération pour le prix du baril durant les prochains mois.
Risque américain
Sur le long terme, Frédéric Rollin s’attend plutôt à ce que l’impact de la pandémie soit principalement déflationniste. « Certaines régions, comme la zone euro, vont avoir du mal à revenir sur leur tendance de croissance de long terme. En outre, cette période a également été marquée par une hausse de l’endettement dans de nombreux pays développés. Dans l’ensemble, nous pensons que le contexte actuel augure plutôt d’un ralentissement économique à partir du quatrième trimestre 2021 ».
D’autant que le discours de la politique monétaire américaine pourrait pointer plus rapidement que prévu vers un resserrement durant les prochains mois. « La Federal Reserve applique aujourd’hui une politique parmi les plus accommodantes de son histoire alors que la croissance est également sur des niveaux historiquement élevés. C’est un grand écart important qui nécessite aujourd’hui un changement de discours si elle veut conserver sa crédibilité ».
Crainte américaine
Au niveau de la stratégie d’investissement, Frédéric Rollin souligne que les valorisations sont aujourd’hui difficiles à lire en raison de la forte volatilité des résultats. « Sur les actions américaines, nous sommes néanmoins sur des niveaux préoccupants qui pourraient appeler une correction au moment où la banque centrale américaine se dirige vers un resserrement avec un ralentissement économique à venir durant les prochains mois ».
« D’un point de vue stratégique, nous avons tendance à préférer les actions asiatiques aux actions européennes, en raison notamment des déséquilibres croissants entre le core et la périphérie européenne et des problèmes politiques qui reviendront sur l’avant-centre une fois que la région sera sortie de la crise ». Il constate également que les actions asiatiques restent toujours largement sous-pondérées dans les portefeuilles des investisseurs occidentaux, alors que ces pays ont généralement mieux traversé la crise du coronavirus.
Sectoriel
La stratégie d’investissement a pivoté en dehors des secteurs cycliques comme les matières premières ou la consommation cyclique. « Nous sommes désormais revenus vers des valeurs plus défensives, sur des thématiques comme l’eau, la nutrition ou les soins de santé ».
Et au niveau obligataire, Frédéric Rollin estime que le marché du haut rendement américain doit appeler à une certaine prudence, avec des valorisations qui sont aujourd’hui sur des niveaux particulièrement élevés. « Nous restons particulièrement positifs sur la dette chinoise, avec des rendements attractifs, une inflation faible et un profil diversifiant par rapport aux autres marchés obligataires ».