Cedric Lecamp
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Notre planète comptera quelque dix milliards d’individus à l’horizon 2050. La croissance démographique, l’une des principales mégatendances du siècle actuel, fait naître des besoins énormes en eaux et en alimentation. Le thème alimentaire connaît une croissance supérieure à celle de l’indice MSCI World. 

Interrogé par Investment Officer, Cédric Lecamp, gérant du fonds suisse Pictet-Nutrition, explique que ce thème axé sur la nutrition connaît trois grandes lignes : la qualité de la production alimentaire, l’accès à cette production et sa durabilité. 

Les consommateurs exigent une qualité toujours plus grande et les aliments sont de plus en plus consommés hors du domicile, ce qui fait naître d’autres préférences alimentaires. En outre, une part substantielle des denrées disponibles à l’échelle mondiale se perd en raison de la pénurie des capacités de stockage et de transport. Les innovations révolutionnaires permettant de pallier ce manque et ont donc un rôle important à jouer. À terme, elles pourraient même faire baisser le prix des aliments.

Pictet divise le thème de la Nutrition en trois segments liés : « exploitation agricole », « processing & logistics » et « alimentation », qui représentent aujourd’hui respectivement 39,9 %, 23,4 % et 36,2 % du portefeuille. 

Une sélection répondant à des critères ESG

Le sous-thème « exploitation agricole » met l’accent sur les plantes et animaux sains ainsi qu’une production et des technologies durables. Du fait de ce biais sur les plantes saines, le fonds peut investir dans les entreprises actives dans la bioprotection, mais pas dans celles procédant à des modifications génétiques, bannies dans la politique ESG de Pictet. 

Les entreprises visées par ce segment sont par exemple Trimble, producteur de technologies agricoles, ainsi que son homologue Deere & Co, première position du fonds en pourcentage. 

Des entreprises très spécialisées

Sur le segment « processing & logistics », soit la transformation et la distribution des aliments, le fonds investit notamment dans Rational AG, « une entreprise allemande qui fabrique des fours très sophistiqués pour l’hôtellerie-restauration. Il s’agit de fours intelligents qui ne cuisent pas de manière agressive, si bien que la valeur nutritionnelle des ingrédients se retrouve dans le produit fini », explique Cédric Lecamp.

Intégré au portefeuille en 2011, le titre a nettement augmenté et affiche actuellement un rapport cours/bénéfice supérieur à 28. Le gérant n’y voit pour autant aucune raison de prendre des bénéfices. « Avec une part de marché de 60 % en Europe et un fort potentiel de croissance, Rational est l’un des leaders du marché. Sa présence aux États-Unis et en Russie reste toutefois encore limitée. Nous sommes donc convaincus que le titre peut encore nettement s’apprécier. » La rentabilité des actifs atteint pas moins de 36 %.

L’importance du « facteur de pureté »

Sur le segment « alimentation », deux géants, Danone et Nestlé, figurent parmi les dix principales positions du fonds. Cédric Lecamp nous explique pourquoi ces entreprises ont été intégrées au portefeuille : « Nous tenons compte de ce que l’on appelle le « facteur de pureté », qui présuppose que 50 % au moins de la valeur de l’entreprise, dette comprise, doit être axée sur le thème alimentation saine. »

Nestlé atteint facilement ce seuil, surtout depuis que le directeur a annoncé vouloir se séparer des divisions non alimentaires. Le « facteur de pureté » de la multinationale suisse atteint désormais 75 % et pourrait encore augmenter si le produit des cessions est réinvesti dans des entreprises axées sur l’alimentation saine. Car au sein du thème choisi par Pictet, c’est surtout là qu’une croissance forte est attendue. 

Une sélection pointue dans un vaste univers

Le fonds suit un univers comptant quelque 900 entreprises, dans lequel 370 entreprises environ respectent les critères de « pureté », mais aussi de liquidité, de volatilité… 150 de ces entreprises sont ensuite présélectionnées et 50 à 80 font effectivement l’objet d’un investissement. 

Le portefeuille intègre à la fois des actions axées sur la valeur et des actions axées sur la croissance, même si ces dernières prédominent actuellement, surtout en raison de l’accent placé sur les secteurs faisant la part belle à l’innovation technologique. 

Le fonds, enregistré en Belgique et repris dans la gamme de diverses banques (privées), et notamment Deutsche Bank, est resté dans l’ombre de son indice de référence en janvier, avec un recul de 1,12 %, tandis que le MSCI World gagnait 1,48 %. Sur une base annuelle, au 31 janvier 2018, il surperformait en revanche, gagnant 10,66 % contre 9,16 % pour l’indice global.

La volatilité du fonds s’élève à 12,9, le bêta à 0,83 et le coefficient de corrélation est de 0,96. L’erreur de suivi (tracking error) par rapport au MSCI World est de 4,5 %.

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