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Par l’intermédiaire de Christophe Donay, responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique, et du CIO César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management a laissé entrevoir ses cartes pour 2021. Le gestionnaire d’actifs compte principalement sur le retour des anciens perdants. 

Début du cycle

Selon Christophe Donay, 2021 devrait être une année de reprise économique synchronisée et le PIB devrait retrouver son niveau d’avant la pandémie d’ici la fin de l’année. « Mais il y a deux conditions à cela : premièrement, que les vaccinations se déroulent comme prévu, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et deuxièmement, que les banques centrales et les gouvernements continuent à apporter leur soutien. » Ruiz ajoute que le coronavirus a changé complètement la donne. « Fin 2019, l’économie mondiale arrivait peu à peu en fin de cycle. Cependant, le COVID a actionné un Ctrl+Alt+Del, de sorte que nous nous retrouvons aujourd’hui à nouveau au début du cycle économique. Cela signifie que nous avons donc 2 à 3 années positives devant nous. » Donay ne s’inquiète pas trop de l’inflation : « Après un rebond au premier semestre, nous allons probablement revenir à la tendance déflationniste à long terme. Le marché s’inquiète un peu trop aujourd’hui. »

Tous deux sont conscients du fait que le déploiement des vaccins sera d’une importance capitale. « Nous considérons actuellement Israël comme un test de ce que seront la vie et l’économie après la pandémie. En effet, le pays a déjà vacciné plus de 20 % de sa population et tracera sans aucun doute la voie à suivre pour de nombreux autres pays. »

Reprise de la croissance des bénéfices 

La croissance économique signifie également une reprise de la croissance des bénéfices, indique Donay. « Cette croissance sera selon nous à deux chiffres à peu près partout dans le monde et couvrira tous les secteurs. Il n’y aura plus de nouvelle augmentation de la valorisation moyenne, une grande différence avec 2020. Nous sommes donc positifs sur les actifs à risque tels que les actions, tant sur les marchés développés que sur les marchés émergents. En revanche, nous sommes négatifs sur les obligations d’État parce que nous prévoyons une légère hausse des taux d’intérêt à long terme et qu’il sera difficile de réaliser des rendements. » 

Son collègue Ruiz ajoute que cette augmentation de la croissance des bénéfices générera une rotation. « Il s’agira d’être sélectif. » Il estime également que les valorisations moyennes des actions ne sont pas attrayantes en termes absolus, mais qu’elles le sont en termes relatifs, surtout par rapport aux obligations. « En résumé, nous continuerons à vivre dans un monde où TINA (‘there is no alternative’) mène la danse. » Enfin, il ajoute que 2020 a surtout montré qu’il est important de rester à tout moment sur le marché et que ceux qui tentent de ‘timer’ le marché finiront par mordre la poussière. 

La vengeance des perdants 

Le CIO César Pérez Ruiz met également en avant certains des thèmes clés pour 2021. « L’une des conséquences les plus importantes de la crise est que les dettes augmenteront de plus de 20 % au niveau mondial. La question est donc de savoir qui va payer ces dettes, et de combien Joe Biden va augmenter les impôts. Compte tenu des choix politiques possibles en 2021, il s’agira de choisir les bons pays. C’est pourquoi nous avons un faible pour les macro-fonds spéculatifs. » Ce dont Ruiz s’entretient également souvent avec ses clients aujourd’hui, c’est du fait que les perdants de ces dernières années pourraient devenir les gagnants de demain. Ainsi, il fait une large place aux secteurs de valeur sensibles à la conjoncture dans ses portefeuilles. « De nombreux consommateurs ont épargné beaucoup d’argent. Une fois que l’économie se sera normalisée, cet argent se mettra à circuler et l’économie pourra surprendre positivement, ce qui va booster les actions cycliques. On constate également un regain d’intérêt pour les petites capitalisations. »

Une résurgence des fusions et acquisitions fait également partie des possibilités, estime le CIO de Pictet Wealth Management. « Les taux d’intérêt extrêmement bas, l’augmentation moyenne du rendement des capitaux propres due à la croissance accrue des bénéfices et à la forte augmentation de l’activité dans les secteurs qui ont été épargnés par la pandémie favoriseront ce phénomène. Nous sommes donc très attentifs aux fonds spéculatifs événementiels, qui miseront sur cette situation. » Ruiz s’attend également à ce que l’Europe et les infrastructures, en particulier, bénéficient des énormes investissements dans l’économie verte et durable qui se profilent à l’horizon. « Les investissements dans ce secteur seront comparables à ceux du plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale. » 

De manière surprenante, il mise également pleinement sur une reprise du marché immobilier aux États-Unis. « Il y a eu peu d’investissements dans l’immobilier résidentiel aux États-Unis ces dix dernières années, et la faiblesse persistante des taux d’intérêt ainsi que les mesures de relance fiscale à grande échelle donneront une impulsion supplémentaire à cette activité. » Pictet Wealth Management est également positif sur les matières premières comme le pétrole. « Et tant que les taux d’intérêt réels négatifs persisteront, l’or se portera bien lui aussi. » Les investissements dans les marchés émergents, les obligations chinoises et le yuan chinois sont également privilégiés. Enfin, il est négatif sur le dollar américain, le secteur des biens de consommation non durables (staples), les services publics et les banques.
 

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