Dans un environnement incertain pour l’économie globale, Paolini (Pictet AM) souligne les attraits de la dette émergente et des marchés boursiers, mais évite une exposition sur les actions américaines, dont la valorisation lui semble désormais excessive.
Luca Paolini (Chef stratégiste chez Pictet Asset Management) s’attend à un exercice 2020 marqué par une poursuite du ralentissement aux Etats-Unis (de 2,3 vers 1,8%), et accompagné d’une inflation qui restera soutenue (au-dessus de 2%). L’activité économique sera plus faible dans toutes les régions du monde, à l’exception des marchés émergents qui verront leur croissance accélérer de 4,2% vers 4,6%. « Nous sommes aujourd’hui proches de la fin du cycle aux Etats-Unis, avec des révisions bénéficiaires qui seront orientées à la baisse durant les prochains mois ». Du côté des grandes banques centrales, les bilans resteront expansionnistes, mais il souligne que ces attentes sont déjà largement intégrées dans les cours.
Risque américain
Dans ce contexte, Luca Paolini souligne que les valorisations sur les marchés financiers sont aujourd’hui devenues assez élevées, en particulier dans le domaine des obligations gouvernementales. « Dans chaque classe d’actifs, il existe toutefois des zones qui sont plus attractives que d’autres ». Au niveau des bourses, il estime ainsi que les actions américaines sont aujourd’hui assez chères, avec des moins en moins de sociétés qui soutiennent la hausse des indices.
« Je m’attends à ce que les actions américaines perdent leur leadership mondial en 2020 ». L’économie américaine est en train de ralentir plus rapidement que les autres grandes zones géographiques, tandis que les incertitudes liées aux élections présidentielles vont progressivement prendre de l’importance et dépasser les craintes relatives à la guerre commerciale. « Le marché accorde trop le bénéfice du doute aux grandes entreprises américaines. Elles ne pourront pas continuer à défier indéfiniment la gravité dans un contexte où la croissance globale va ralentir ».
Opportunités
Par contre, le Japon, l’Europe émergente, les grandes valeurs internationales britanniques ou les marchés émergents présentent encore des valorisations attractives. « Nous sommes plus particulièrement favorables aux actions asiatiques, avec une croissance économique qui va s’accélérer tandis que le dollar américain devrait s’affaiblir. Maintenir une devise forte suppose une discipline fiscale, alors que la situation financière des Etats-Unis est plutôt en train de s’aggraver ».
Et au niveau des marchés obligataires, il recommande une allocation qui visera à la fois la recherche de la sécurité via un positionnement sur les obligations souveraines américaines, et le rendement via une exposition sur la dette émergente. « Il s’agit d’une orientation stratégique que nous avons adopté depuis un petit moment, au détriment de notre positionnement sur les obligations d’entreprises dans les pays développés ».
Quatre fonds
Luca Paolini souligne qu’il existe un facteur qui pourrait également soutenir les marchés boursiers durant les prochains trimestres. « A un certain point, nous pensons que les investisseurs reviendront vers les marchés boursiers, à force de subir des rendements extrêmement faibles sur les marchés obligataires. Le potentiel retour des investisseurs vers les actions constitue l’argument technique le plus fort pour maintenir une exposition sur les marchés boursiers ».