La vitesse la plus basse à laquelle un avion peut continuer à se déplacer avant de s’écraser : tel est ce à quoi Pimco compare la croissance économique mondiale actuelle. La société obligataire a éliminé le risque et augmenté la position de trésorerie.
Tel est ce qui est apparu mardi lors d’une conférence de presse du gestionnaire d’actifs à Londres. Plus de qualité, position plus défensive : voilà en résumé le positionnement choisi par la société de fonds dans le climat actuel.
« Parfois, mieux vaut prendre un peu moins de risques et mettre davantage l’accent sur la préservation des actifs », déclarait mardi Andrew Balls, CIO, aux journalistes présents. « Les actions sont chères, et les crédits investment grade et le haut rendement tout aussi bons. Sur cette base, on sait que les rendements futurs seront inférieurs à ceux des dix dernières années. »
Trésorerie
La société de fonds a décidé de prendre un peu de recul et de regarder en observatrice l’évolution de la situation sur les marchés financiers au cours de la période à venir. Grâce à sa position de trésorerie plus importante, elle sera ensuite en mesure de réagir aux opportunités susceptibles de se présenter ultérieurement.
Selon l’économiste Joachim Fels, la grande question est de savoir si la ‘stall speed’ actuelle sera suivie par une récession, ou si l’économie se dirige toujours vers une reprise. Il mise sur la seconde option, mais avec une très grande prudence. « Notre scénario de base est la reprise, mais nous n’y croyons pas beaucoup. »
Plus tôt dans la journée, un de leurs conseillers les avait mis en garde contre une confiance excessive, a-t-il confié mardi aux journalistes présents chez Pimco. Selon la société obligataire, les risques pour le scénario de base, tant à la hausse qu’à la baisse, sont donc supérieurs à la normale.
La politique commerciale et monétaire constitue pour la société de fonds le principal risque haussier, tandis que la politique budgétaire représente un risque baissier pour le scénario de base. « Les marchés obligataires tiennent compte d’une récession, tandis que les marchés actions continuent de miser sur une reprise », indiquait Fels au sujet des attentes en matière de politique monétaire. « La manière dont la Fed poursuit son chemin est cruciale. Nous nous attendons à deux ou trois baisses des taux d’intérêt, et pensons que la Fed suivra le marché. »
Positionnement
Les doutes de Pimco se traduisent par un positionnement plus défensif. Dans les portefeuilles multi-actifs, la société de fonds maintient une position sous-pondérée en actions, en privilégiant les entreprises de croissance défensives de haute qualité. Dans l’intervalle, elle préfère ce qu’elle appelle les crédits ‘bend-but-nut-break’, des obligations pour lesquelles la duration courte est associée à un faible risque.
Selon Pimco, les valorisations des prêts hypothécaires américains hors agences et d’autres obligations adossées à des créances hypothécaires de premier rang sont également intéressantes, car elles constituent une source de risque de crédit un peu plus défensive et sont légèrement moins recherchées.
Forces disruptives
À long terme, selon Pimco, des facteurs séculaires sont susceptibles de perturber l’économie mondiale, les marchés financiers et les portefeuilles des investisseurs. Au cours des trois à cinq prochaines années, les investisseurs devraient être attentifs aux développements en Chine, au populisme, à la démographie, à la technologie ainsi qu’à la vulnérabilité croissante des marchés financiers et au changement climatique, estime Pimco.
La Chine est particulièrement préoccupante pour la société de fonds, notamment si les autorités chinoises procèdent à une dépréciation substantielle de la monnaie après un fort ralentissement ou si les relations entre la Chine et les États-Unis continuent à se détériorer. Fels : « On pourrait dire que nous nous dirigeons vers une nouvelle guerre froide. »