Anu Narula
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Avec la hausse des taux des emprunts à dix ans et les craintes inflationnistes, les fonds d’obligations d’entreprises internationales ont connu un début d’année difficile. Pour le top 5 de cette semaine, nous passons en revue le profil de crédit des fonds européens. 

Fin 2020, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de prolonger le programme d’achat d’urgence face à la pandémie (PEPP) jusqu’au mois de mars 2022 et a encore élargi les critères de rachat d’emprunts.

S’il concerne en premier lieu les obligations souveraines d’États européens (de la périphérie), le PEPP a aussi contribué à rétablir la confiance dans les marchés du crédit. En 2020, de nombreux investisseurs actifs ont ainsi profité du soutien direct de la BCE

Mais un grand nombre des obligations d’entreprises qui entrent en ligne de compte pour ce programme sont devenues très onéreuses, alors que les mesures de relance budgétaires nourrissent les craintes inflationnistes des investisseurs. Le taux du titre du Trésor américain à 10 ans avait atteint 1,75 % fin mars 2021 contre 0,92 % seulement au début de l’année. Fin mai, il était retombé à 1,58 %. Son homologue allemand s’établissait à -0,17 % fin mai 2021, contre -0,57 % en janvier.

Sensibilité aux taux

L’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Corporate Bond, qui reflète les performances des obligations d’entreprises internationales – des secteurs industriel et financier, principalement – a reculé de 1,8 % depuis le début de l’année, tandis que l’indice Bloomberg Barclays Euro Aggregate Bond, composé principalement d’emprunts d’État européens, abandonnait 2,7 %. 

Cette différence s’explique principalement par la sensibilité aux taux. Les emprunts d’État se caractérisent par une duration moyenne plus élevée, si bien qu’elles réagissent plus fortement à l’évolution des taux.

Le risque de taux est généralement le plus élevé pour les emprunts d’État à échéance longue et le plus faible pour le haut rendement, pour lequel le risque de crédit prime. La sensibilité aux taux des obligations d’entreprises notées investment grade a eu tendance à augmenter ces dernières années, car les entreprises émettent de plus en plus de dette à longue échéance.

Sur les quatre premiers mois de l’année, les investisseurs européens ont retiré 1,9 milliard d’euros environ (dont 1,8 milliard en février) de la catégorie Morningstar des obligations d’entreprises internationales, tandis que la catégorie des obligations d’entreprises en EUR enregistrait un afflux de près de 453 millions d’euros. Il convient toutefois de noter que ces deux catégories affichent un actif sous gestion total très différent (respectivement 5,4 et 198 milliards d’euros fin avril). 

Notations de crédit

En 2011, S&P a abaissé la note de crédit des États-Unis de AAA à AA+, tandis que l’Allemagne, les Pays-Bas et quelques autres heureux élus tels que le Canada parvenaient à conserver leur note AAA. Actuellement, deux grandes entreprises américaines affichent chez S&P une note de crédit supérieure à celle de leur gouvernement ; il s’agit de Microsoft et de Johnson & Johnson.

Cela signifie en théorie que ces deux entreprises ont un risque de crédit plus faible que celui de l’État américain, malgré le fait que ce dernier peut toujours rembourser sa dette en imprimant de la monnaie ou en levant des impôts, une possibilité que n’ont pas les entreprises. 

Notons toutefois que dans les années 1990, les investisseurs pouvaient puiser dans un panel plus important de titres AAA, avec notamment les emprunts de P&G ou de General Electric. La note de crédit de ce dernier a été fortement abaissée, à BBB+, et pourrait l’être encore davantage. Ces rétrogradations sont surtout liées à l’endettement croissant de nombreuses entreprises.

À partir d’une note de crédit BB+ ou inférieure, les obligations quittent la catégorie investment grade pour entrer dans la sphère du haut rendement (synonyme d’obligations poubelles). Ainsi, en mars 2020, S&P a abaissé d’un cran la note du constructeur automobile Ford Motor, de BBB- à BB+.

Le top 5

Nous consacrons le top 5 de cette semaine aux fonds d’investissement affichant la meilleure qualité de crédit au sein de la catégorie Morningstar des obligations d’entreprises internationales. Le classement est établi sur la base de l’exposition du portefeuille aux obligations notées A ou supérieures. Les rendements indiqués sont ceux de fin mai 2021.

La première place revient au fonds PIMCO GIS Low Duration Investment Grade Credit, qui figurait parmi les dix meilleurs éléments de la catégorie des obligations d’entreprises internationales pour les cinq premiers mois de l’année. 

La deuxième place du podium est occupée par le fonds Morgan Stanley Investment Funds - Global Credit, qui vise à offrir un rendement attrayant en USD. Pour cela, il investit principalement dans des titres à revenu fixe de grande qualité, émis par des entreprises et entités non gouvernementales constituées ou actives dans des pays développés et des marchés émergents, et libellés dans diverses devises.

Au moment de leur achat, les titres doivent afficher une notation minimale de BBB- chez S&P et Baa3 chez Moody’s, ou une note équivalente décernée par une autre agence de notation reconnue à l’international, ou alors le conseiller en investissements doit estimer qu’ils affichent un même niveau de qualité.
 

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