Selon ses propres dires, Pimco a effectué des « low‑conviction‑trades » autour de l’accord sur le Brexit évoqué par May. Le gestionnaire de fonds attend un « soft Brexit », mais tient aussi compte de la variante « hard ».
Pimco occupe une position sous-pondérée dans les obligations d’État britanniques et prévoit que la livre reste faible, comme l’a expliqué le gestionnaire mercredi après-midi lors d’une conférence de presse à Londres.
« Si vous me dites qu’il y a 10 pour cent de chances pour que cette eau soit empoisonnée, je ne la boirai pas », a déclaré le chief investment officer Andrew Balls en parlant du verre devant lui.
Pimco prend en compte trois scénarios : un accord commercial, un accord commercial avec période de transition et pas d’accord du tout. Les options un ou deux sont les plus vraisemblables selon Balls, mais il est loin d’exclure le troisième scénario. Si les choses devaient en arriver là, cela aurait, selon le CIO, d’importantes conséquences pour l’économie européenne, mais plus encore pour celle du Royaume-Uni. « Les chances d’une récession s’en trouveraient augmentées. »
Le sujet n’a guère été abordé pendant la conférence de presse. Le mot « Brexit » a rarement été prononcé pendant les interventions des autres gestionnaires de portefeuilles et stratèges. D’autres sujets ont été favorisés à la place : l’Italie, les tensions commerciales et le risque de liquidité. « Si vous posez suffisamment de questions concernant le macro-environnement, je pourrai éviter le sujet du Brexit », a même ironisé Balls à la fin de son commentaire de marché. Pour tout de même finir par aborder le thème.
Lehman, la crise européenne
Le sujet est sensible, dans une large mesure car Balls est lui-même britannique et aurait préféré que la situation soit différente, y compris pour sa fonction d’investisseur en obligations. « D’abord Lehman, ensuite la crise européenne, et maintenant ça ! J’aurais préféré parler de nos prévisions en matière de croissance ou d’inflation. »
Balls attire l’attention sur la baisse du taux d’intérêt des Gilts – les obligations d’État britanniques – et de la monnaie britannique. « En tant qu’investisseur international, il n’est pas difficile de trouver de meilleures alternatives », estime-t-il. Balls préfère avoir des bons du Trésor américain, par exemple, dans son portefeuille. « Ils sont plus intéressants que d’autres marchés mondiaux. Comparez par exemple leur taux d’intérêt à celui du Bund ou des titres d’État japonais. »
Il recommande quoi qu’il en soit aux investisseurs de faire preuve de prudence en raison du stade actuel du cycle et de l’incertitude accrue au sein du marché. Selon lui, une récession n’est pas à craindre pour les 8 à 12 mois à venir, mais bien d’ici quelques années.
Le pire des cauchemars
Geraldine Sundstrom, responsable de l’allocation des actifs, note que les investissements qui offrent un fort rendement en fin de cycle, comme les actions, deviennent justement, en cas de récession, « le pire des cauchemars ». « Mais alors, comment naviguer à travers la période actuelle ? En passant au niveau supérieur de l’échelle qualitative, pour votre portefeuille de crédits, mais aussi pour votre portefeuille d’actions. »
La préférence de Sundstrom va aux obligations d’État américaines par rapport à toutes les autres obligations d’État, et parmi les crédits, elle conseille les effets titrisés, qui offrent une meilleure visibilité sur les flux de liquidités. « Et pour les actions, optez pour des entreprises au bilan fort, des entreprises qui disposent de beaucoup d’espèces pour pouvoir continuer à avancer lors de périodes plus difficiles. »
Les investisseurs doivent se montrer prudents selon Sundstrom. « Prudents, mais pas frileux. »