Joachim Fels, Pimco
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À l’heure où une grande incertitude règne sur les marchés, l’américain Pimco – l’un des principaux investisseurs obligataires au monde – opte pour une approche rationnelle. Le gestionnaire de fonds limite pour l’instant autant que possible ses investissements à des titres liquides de haute qualité dans toutes les catégories.

C’est ce qu’a déclaré Joachim Fels, conseiller économique international de Pimco, lors d’une rencontre avec la presse.

Ce principe se traduit par exemple par une position soutenue dans un panier de devises à haut rendement, comme le peso mexicain, la roupie indienne, le peso colombien et le rouble russe. 

L’accent est également placé sur les titres assortis d’un score de crédit élevé et d’une courte échéance. La préférence est à cet égard donnée aux obligations hypothécaires américaines en sus des crédits américains. « Les rendements sont en effet plus faibles, mais cela nous permet d’obtenir  un rendement adapté au risque plus élevé », ajoute Joachim Fels. « Vous renoncez à du rendement, mais vous y gagnez en sécurité. »

Le réveil

Joachim Fels estime que Pimco est déjà vigilant, à l’instar de bon nombre d’autres investisseurs obligataires, mais que les investisseurs dans d’autres catégories commencent seulement à se réveiller. Après avoir injecté leur capital dans des catégories d’investissements très risquées pendant des années, ils réalisent à présent que ce n’est plus de mise, explique-t-il.

« Le problème vient du fait que de bon nombre d’investisseurs offensifs restent dans ces mêmes catégories. Il n’est pas question de vente massive d’actions ou de crédits. Les investisseurs ne savent tout simplement pas où aller. Bien entendu, ils peuvent se tourner vers le cash, mais là non plus ils n’empocheront rien. Ils courent même le risque de devoir de mettre la main à la poche. Donc oui, les investisseurs sont plus conscients des risques, mais de là à ajuster leur portefeuille en conséquence, c’est une autre affaire. »

Resynchronisation

Pimco avait déjà communiqué dans ses perspectives séculaires qu’un virage de la tendance sur le long terme s’annonçait, avec à la clé un changement complet de la donne au cours des cinq prochaines années par rapport aux cinq précédentes. Joachim Fels : « Le soutien de la politique monétaire diminue, la politique fiscale va jouer un plus grand rôle et les craintes liées au populisme augmentent. »

L’économiste prévoit pour cette année une resynchronisation de l’économie américaine avec les autres économies, avec à la clé une plongée plus nette de l’économie américaine que des autres. « Il y a deux ans, tout le monde était optimiste quant à la croissance économique uniforme mais l’an dernier, les économies ont connu des mouvements différents : celle des États-Unis s’en est relativement bien tirée. »

Le stratège y voit une raison de se préparer à une année comparativement plus difficile pour l’économie américaine, entre autres suite aux tensions sur le marché et à la baisse du prix du pétrole. En Amérique, la production pétrolière suit selon lui approximativement la consommation, tandis qu’en Europe notamment, on importe plus qu’on ne produit, ce qui peut permettre de profiter de la diminution des prix.

Banques centrales

Voilà qui l’amène aux banques centrales, car les perspectives moins roses pour l’économie américaine éloignent une prochaine correction de taux par la Fed. « Une augmentation de taux pourrait encore se produire en juin, ou l’an prochain… ou pas du tout. »

La politique on-hold de la Fed rend les investissements dans les marchés émergents plus intéressants, bien que Pimco reste également prudent à ce niveau. « Le taux américain ne grimpe plus, ce qui va entraîner un mouvement latéral des rendements obligataires. C’est n’est qu’une bonne chose pour les marchés émergents, mais il ne s’agit que de l’un des trois critères.

» Les deux autres, une remontée du dollar américain et la fin du ralentissement de la croissance chinoise, ne sont pas encore réunis. « Nous restons dès lors prudents dans cette catégorie, ce qui nous pousse à privilégier les options plus liquides ici aussi. »

Récession

Pimco craint-il une récession ? « Pas pour l’instant, mais nous assisterons à la prochaine un jour ou l’autre. » Le gestionnaire de fonds ne s’attend pas à une récession brève et profonde, mais bien à une version moins marquée et prolongée.
 

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