Le cycle de croissance actuel va encore durer un an, peut-être deux. Certes, aucun indicateur économique ne signale l’imminence d’une récession, mais les risques susceptibles d’entraîner un revers conjoncturel se multiplient.
Joachim Fels, macroéconomiste chez Pimco, livre sa vision du marché et indique que les risques de retournement sont surtout liés au calendrier peu opportun des mesures de relance américaine. Ces dernières peuvent en effet faire augmenter fortement l’inflation, dans un contexte marqué par l’annonce de nouveaux droits de douane sur les importations et une hausse des prix des matières premières – les cours pétroliers, mais aussi ceux d’autres ressources de base, car plusieurs régions du monde sont en phase de croissance.
Il n’y aurait pas lieu de s’en inquiéter si les entreprises profitaient de ces mesures de relance pour investir dans leur productivité. Mais au lieu de cela, elles semblent surtout mettre l’accent sur le rachat de leurs actions, la distribution d’un dividende plus élevé et les opportunités de fusions et d’acquisitions, affirme Joachim Fels.
Autre source d’incertitude : la politique monétaire particulièrement accommodante alimente les pressions inflationnistes, auxquelles les banques centrales ont tendance à répondre en relevant les taux. Or, les resserrements monétaires ne permettent généralement pas un atterrissage en douceur de l’économie, mais se traduisent justement par une récession.
Au vu de la faible force de frappe restant sur le plan monétaire, la prochaine récession pourrait durer plus longtemps que de coutume, tout en étant moins sévère, analyse Joachim Fels.
Il conseille à ses clients de se préparer à cette probabilité de récession en achetant des bons du Trésor américain. Ces emprunts ne sont certes pas bon marché, mais ils permettent une diversification du portefeuille.
En outre, leurs spreads par rapport aux obligations d’entreprises se creusent. Ce phénomène se produit généralement bien avant que les cours des actions ne culminent. Les spreads étant encore faibles, les investisseurs peuvent envisager un investissement dans le segment le plus sûr et se concentrer sur les échéances courtes.
Selon M. Fels, les obligations hypothécaires américaines semblent plus attrayantes que les obligations d’entreprises faiblement notées, car l’endettement des ménages américains a diminué et le marché de l’immobilier résidentiel est solide outre-Atlantique.
Enfin, Joachim Fels voit dans les marchés émergents un outil intéressant. De nombreuses économies se trouvent encore au début ou au milieu du cycle de croissance. En outre, l’essor conjoncturel est surtout tiré par des facteurs nationaux, et les consommateurs profitent d’une inflation structurellement faible.
Toutefois, dans ce contexte de volatilité accrue, la liquidité reste essentielle ; il est donc plus judicieux d’investir dans des marchés émergents par le biais d’un panier de devises locales à haut rendement.