Les clients estiment qu’une grande partie des gestionnaires d’actifs ne sont pas en mesure de les informer correctement concernant l’impact de la crise du coronavirus sur leur portefeuille d’investissement, déclare le planificateur financier indépendant Jo Stremersch.
Ces dernières semaines, de nombreux investisseurs ont vu la valeur de leurs portefeuilles d’investissement se réduire comme peau de chagrin. Il n’est dès lors pas surprenant que les conséquences du coronavirus sur les marchés financiers et son impact sur les portefeuilles d’investissement suscitent de grosses inquiétudes. « Les investisseurs s’inquiètent pour leurs actifs et cherchent quelque chose à quoi se raccrocher. Dès l’éclatement de la crise, nous avons reçu des appels téléphoniques de clients inquiets à juste titre », déclare Jo Stremersch, du cabinet de planification financière indépendant Stremersch, Van Broekhoven & Partners.
Le planificateur financier ne gère pas lui-même les actifs pour les clients, mais fournit des conseils concernant la structuration des actifs et en assure le suivi pour le client. « Nous jouons le rôle de directeur financier : nous aidons nos clients à poser les bonnes questions et leur offrons un cadre de référence. Il y a deux semaines, au nom de plusieurs clients, nous avons demandé à tous leurs gestionnaires d’actifs de déterminer quel était l’impact de la crise sur le portefeuille d’investissement spécifique de chaque client. La réaction donnait à réfléchir : chez certains gestionnaires d’actifs, les clients n’ont reçu une réponse qu’au bout d’une dizaine de jours, avec des généralités bien souvent peu informatives qui plus est. Les clients ont parfois dû se contenter d’un message déclarant qu’ils devaient faire confiance à leur gestionnaire d’actifs et que celui-ci avait bien fait son travail. Mais cela n’aide pas les clients. Ils veulent des réponses concrètes, savoir quel est le risque potentiel pour leur portefeuille d’investissement spécifique et quelles sont les prochaines mesures qu’ils devront éventuellement prendre. Or ils ont été laissés dans l’ignorance. »
Repli
Stremersch considère que la communication actuelle des gestionnaires d’actifs aux clients est très similaire à celle menée lors de la crise financière de 2008. « À cette époque également, la communication était souvent boiteuse. En décembre 2008, nous avons réalisé une étude sur l’expérience des clients quant à la manière dont on communiquait avec eux, laquelle était pour beaucoup loin d’être suffisante. Ces dernières semaines, elle était trop limitée pour de nombreux clients également. »
Le planificateur financier note également que, surtout dans la phase initiale du confinement, le télétravail était une pierre d’achoppement pour un grand nombre de banques et de gestionnaires d’actifs. « Ces deux dernières semaines, de très nombreuses entreprises ont eu besoin de remettre de l’ordre dans leur propre organisation, ce qui est compréhensible. Elles étaient clairement prises de vitesse et pas toujours préparées de manière optimale. De ce fait, les interlocuteurs commerciaux étaient trop préoccupés par eux-mêmes ou par les différents canaux de communication, et donc moins par leurs clients. À cet égard, nous constatons néanmoins une grande différence entre les gestionnaires. Certains gestionnaires d’actifs internationaux disposaient en effet clairement d’un plan d’urgence pour de telles situations de crise et étaient par conséquent généralement mieux à même de rassurer leurs clients plus rapidement en leur apportant des réponses concrètes. »
Calme
Stremersch conseille d’ores et déjà aux clients de ne pas paniquer. « Un nombre limité de clients ont vendu leur portefeuille d’actions afin de racheter une fois le plancher atteint. Mais bien entendu, personne ne peut prédire où celui-ci se situe. Et acheter de manière adéquate nécessite également une vision. C’est pourquoi nous conseillons principalement aux clients de garder une vision claire et de bannir le plus possible les émotions. Tout mettre d’un coup sens dessus dessous n’a aucun sens. Lorsqu’on a élaboré un plan clair, mieux vaut s’y tenir. »