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Aujourd’hui, la majeure partie d’un portefeuille devrait être constituée d’actifs américains. L’investissement d’impact est l’investissement durable 2.0 et les actifs à duration longue restent en difficulté. La gouvernance est un facteur gravement sous-estimé dans les choix d’actions.

C’est ce qui est ressorti du CIO Debat de clôture du Portfolio Day organisé le 23 juin à Grand-Bigard avec les panélistes Jan Longeval, consultant indépendant et Senior Advisor Eurinvest Partners, Jan Vergote, Frank Vranken et Jurgen Vluijmans, sous la direction Michaël Van Droogenbroeck. « Sur les marchés émergents, vous avez souvent une mauvaise gouvernance.

 

 

Dans le Nouvel ordre mondial, ces marchés se replient de plus en plus sur eux-mêmes, ce qui va exacerber le problème de la mauvaise gouvernance. L’Europe a ses propres problèmes et s’enlise de plus en plus dans une gigantesque économie planifiée, ce qui exercera une pression supplémentaire sur la productivité. La démographie est également défavorable.

L’Europe est confrontée à une diminution de la main-d’œuvre. Ces deux facteurs conduiront à une croissance nulle de l’économie. C’est aux États-Unis que les intérêts des actionnaires sont les mieux servis. La démographie y est également favorable, c’est pourquoi il faut investir 60 à 80 % aux États-Unis », déclare Longeval.

Frank Vranken estime que le Nouvel ordre mondial est en marche depuis un certain temps déjà, depuis le début de la fin de la mondialisation. « Sur les marchés émergents, la classe moyenne a augmenté, tandis qu’elle a diminué sur les marchés développés. Les contrastes sont de plus en plus marqués, notamment entre la Russie et la Chine. »

Portefeuille 60/40

Les portefeuilles classiques 60/40 ont connu leur pire année depuis 2008 en raison de la baisse des cours des actions parallèlement à la hausse des taux d’intérêt. En conséquence, la performance a été négative pour la première fois depuis cette période.

« Je trouve incompréhensible qu’on reste avec un portefeuille fortement investi en obligations avec des taux d’intérêt nominaux et réels négatifs. Je trouve très étrange que personne n’ait anticipé la normalisation des taux d’intérêt. Je pense que le portefeuille 60/40 était mort lorsque les taux d’intérêt étaient négatifs en Allemagne, mais nous sommes maintenant à nouveau positifs. Nous assistons à un renouveau des portefeuilles 60/40, pas à leur mort. »

Jan Vergote appelle les gestionnaires d’actifs et les banques à faire quelque chose au sujet du ‘cost of ownership’ des fonds obligataires. Selon lui, il s’agit d’un problème structurel, car le coût n’est pas proportionnel au rendement. En réaction à la déclaration de Jan Longeval, il considère qu’investir 60 à 80 % en Amérique est une « proposition dangereuse en raison de l’aspect cyclique et du risque de change. »

Repricing the World

Lorsque les taux d’intérêt et l’inflation augmentent, les prix des actifs sont réévalués. Vranken : « Nous avons vécu une décennie complètement anormale, avec des taux d’intérêt négatifs et de l’argent gratuit. Ensuite, il y a eu une politique de stop et go après la pandémie, et le cheval s’est mis à boire. Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers une normalisation, mais nous n’y sommes pas encore. La Fed devra réduire encore davantage son bilan, c’est pourquoi les prix des classes d’actifs sont ajustés, tant sur le front des titres à revenu fixe que sur celui des actions. »

Vluijmans souligne que tout ce qui a bien fonctionné ces dernières années était à duration longue, grâce au faible taux d’actualisation. « La fête est maintenant terminée. Il faudra un certain temps avant que l’air chaud ne soit évacué du système », affirme Longeval. « Ce processus est en cours et pourrait prendre des années. Je choisis tactiquement les investissements traditionnellement plus sûrs et me tiens à l’écart des zones en surchauffe. »

Vergote ajoute que la prime de risque aux États-Unis n’est encore que de 1,6 %, ce qui est inférieur à sa moyenne à long terme et donc, dans la zone de danger. Vranken affirme que la prime de risque est relative et a été artificiellement poussée vers le bas par les banques centrales. « Nous avons besoin d’une normalisation avant de pouvoir examiner la prime de risque. »

Actifs privés

« Vous pouvez constituer un portefeuille liquide de petites capitalisations américaines à effet de levier qui présente une évolution similaire à celle du capital-investissement. La volatilité du capital-investissement semble plus faible car la fréquence de mesure est plus basse, et il existe des doutes quant à la valorisation du capital-investissement dans les moments de crise.

La dette privée est une autre histoire, car on y trouve des rapports risque-rendement intéressants. » Vergote acquiesce et cite l’exemple de Belron, qui, avec une valorisation actuelle de 21 milliards d’euros, a connu une hausse de 600 % depuis 2007 (source : FT 21 juin). « Je plaide pour la transparence des positions dans le portefeuille », ajoute-t-il. 

Vranken soutient qu’il faut investir dans le capital-investissement à long terme et réinvestir les bénéfices, en fonction du cycle. « Pour ceux qui recevront bientôt des appels de capitaux, c’est une bonne chose, mais pas pour ceux qui sont proches de la sortie. C’est pourquoi il faut continuer à investir tout au long du cycle. »

Durabilité

Maintenant que tout est devenu durable, plus rien ne l’est, en fait. Cela comporte un risque de dilution et de greenwashing. C’est le point de départ de Jan Longeval. « On exigera de plus en plus des gestionnaires d’actifs qu’ils démontrent l’impact concret qu’ils ont sur la société. L’investissement d’impact est l’avenir de l’investissement durable.

L’impact peut être mesuré sur la base des critères IRIS du Global Impact Investing Network », ajoute Longeval. Vergote prône une plus grande transparence et le relèvement de la barre pour chaque sous-aspect, tant pour E, S que G.

« Compte tenu du monde dans lequel nous vivons, du changement climatique et d’autres critères, on ne peut pas être contre l’ESG. Mais nous devons appréhender les critères de durabilité d’une manière plus durable », conclut Vranken.

Photo, de droite à gauche :  Jan Longeval, Frank Vranken, Jan Vergote, Jurgen Vluijmans et le modérateur Michaël Van Droogenbroeck.

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