Il reste encore des défis majeurs à relever avant que la surveillance financière européenne ne puisse devenir aussi solide que celle de la puissante SEC américaine. Verena Ross, présidente de l’AEFM, souligne la nécessité d’une coopération entre les pays de l’UE afin de garantir une surveillance adéquate.
« Nous ne réussirons jamais si nous n’opérons pas dans un contexte véritablement européen », a-t-elle déclaré lors d’un entretien avec Investment Officer.
Au cours de l’entretien à Luxembourg, Verena Ross a souligné les priorités de l’AEFM, le régulateur européen, pour les cinq prochaines années : se concentrer sur la protection des investisseurs particuliers, la stabilité et l’attractivité des marchés de capitaux européens ainsi que l’amélioration de la qualité de la surveillance. Le caractère fragmenté des marchés financiers européens pose encore des défis majeurs, a-t-elle déclaré.
Selon Verena Ross, la collaboration avec les autorités nationales de surveillance européennes suit un modèle « en étoile », dans lequel l’AEFM joue le rôle de « hub » avec une fonction centrale de coordination entre les 27 autorités nationales de surveillance, dont l’AFM et la FSMA. Ce rôle de coordination est essentiel pour prévenir les problèmes de surveillance et garantir une surveillance efficace, a déclaré Verena Ross. Cependant, parvenir à une bonne coopération entre les différents pays est plus facile à dire qu’à faire.
La nécessaire volonté politique
Faudrait-il une crise financière pour obtenir un régulateur unique pour les gestionnaires d’actifs opérant dans plusieurs pays européens, comme cela s’est produit dans le secteur bancaire après la crise financière de 2007-2011 ?
« Personnellement, j’espère que nous pourrons parvenir à une meilleure structure de surveillance au sein de l’Union européenne sans qu’une crise financière ne soit nécessaire », répond Verena Ross, soulignant dans le même temps l’importance de la surveillance et de l’atténuation des risques pour prévenir les crises.
Verena Ross n’a pas voulu spéculer sur la forme que pourrait prendre un régulateur unique pour les marchés européens, mais a laissé entendre que cela pourrait être un rôle pour l’AEFM. Elle a souligné que l’AEFM avait déjà de l’expérience en tant que régulateur direct pour certaines entreprises. « Nous avons montré que nous pouvions être un régulateur efficace et axé sur les données », a déclaré Verena Ross. Cependant, le chemin vers un cadre de surveillance uniforme reste complexe, certains régulateurs nationaux ayant beaucoup d’influence tandis que d’autres, en particulier ceux des petits pays, manquent souvent de moyens.
Écoblanchiment
Les disparités dans les capacités de surveillance nationales forment toujours un obstacle à l’application uniforme de la réglementation. Le récent rapport de l’AEFM sur le greenwashing, avec des allégations trompeuses en matière de durabilité, a mis en évidence de grandes disparités entre les autorités nationales de surveillance en termes de capacité et d’application.
Verena Ross a reconnu ces difficultés lors de son entretien avec Investment Officer et indiqué que l’AEFM travaillait à renforcer ses capacités et à mettre l’accent sur la durabilité. « C’est quelque chose que nous devons tous apprendre », a-t-elle admis, soulignant en particulier l’importance des ressources informatiques et des données dans ce domaine.
Verena Ross a souligné que bien que la mise en application ait souvent lieu au niveau national, le rôle de l’AEFM était d’encourager des approches et des résultats communs dans l’ensemble de l’UE. « Il s’agit avant tout de développer davantage d’approches communes, qui nous permettent ensuite de prendre des mesures de surveillance communes et d’obtenir des résultats communs dans toute l’Union européenne », a-t-elle expliqué.
Avancées stratégiques
Pour l’AEFMn se positionner comme l’homologue européenne de la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine est un véritable parcours du combattant, tout en offrant des opportunités. La prochaine fois que Verena Ross s’exprimera au Parlement européen, elle sera confrontée à un paysage politique qui s’est déplacé vers la droite et où la volonté politique nécessaire pour des changements majeurs pourrait s’émousser.
Sa vision souligne la nécessité d’un cadre de surveillance collaboratif, efficace et de haute qualité au sein des marchés financiers fragmentés de l’Europe. Pour atteindre cet objectif, il faudra non seulement une volonté politique, mais aussi des avancées stratégiques en matière de coopération et d’atténuation des risques. Ce premier mandat de Verena Ross se termine en 2026.