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« Nous sommes optimistes vis-à-vis des obligations et des actions. Sur le plan régional, nous privilégions les États-Unis et le Japon pour les actions. En raison de la forte corrélation entre les actions et les obligations, les investissements alternatifs méritent également une place dans les portefeuilles », déclare Vincent Juvyns, responsable de la stratégie d’investissement chez JP Morgan Asset Management.

Vincent Juvyns voit de multiples raisons d’être positif à l’égard du Japon. « D’un point de vue macroéconomique, nous observons des signes positifs. La confiance des entreprises et des consommateurs s’améliore et les salaires augmentent. De plus, une nette amélioration de la gouvernance d’entreprise est perceptible au sein des entreprises japonaises, qui réduisent leurs importantes positions de trésorerie et les utilisent pour verser des dividendes et racheter leurs propres actions. En outre, les entreprises japonaises sont en train de rattraper leur retard dans le domaine des technologies propres, comme les batteries et les pompes à chaleur, par exemple. »

Vincent Juvyns souligne que le Japon est de plus en plus considéré par les investisseurs comme une alternative au marché des actions chinoises, qui a déçu. « L’année dernière, les investisseurs avaient fondé de grands espoirs sur la Chine, mais le retour espéré ne s’est pas concrétisé. Cela s’explique en partie par le fait que le gouvernement n’a pas dégainé son bazooka fiscal, ainsi que par des préoccupations structurelles telles que le vieillissement de la population et les problèmes d’endettement sur le marché de l’immobilier. » 

Les investisseurs doivent-ils dès lors renoncer à la Chine, comme on l’entend ici et là ? « Bien qu’il existe de nombreux éléments négatifs, les valorisations sont extrêmement attractives. Nous conservons cependant une position neutre, car nous ne voyons pas de moteur immédiat susceptible de faire rebondir l’économie et le marché des actions chinoises », explique Vincent Juvyns. 
Pour le volet actions du portefeuille d’investissement, il exprime une préférence régionale pour le Japon, aux côtés des États-Unis. « Aux États-Unis, nous nous sentons encore à l’aise avec une exposition au secteur technologique. Cette année encore, nous constatons que ce secteur continue de tirer le marché. » 

Complément alternatif

Pour le volet de titres à revenu fixe du portefeuille, Vincent Juvyns privilégie les obligations européennes. « En effet, nous n’avons pas de frais de couverture pour ces positions. » Le stratège en investissement souligne qu’il existe un fort appétit pour le crédit sur les marchés. « Les investisseurs sont tout à fait disposés à prêter de l’argent aux entreprises, engendrant ainsi une demande suffisante pour les titres à haut rendement. Nous avons donc ajusté notre politique d’investissement en décembre, ce qui nous permet de prendre plus de risques sur le marché du crédit. »

Vincent Juvyns émet cependant une réserve importante concernant les obligations d’entreprises européennes. « Les obligations ont fait leur retour sur le devant de la scène l’année dernière, mais la corrélation entre les actions et les obligations demeure élevée. » Par conséquent, les obligations jouent moins le rôle d’airbag pour les actions. « C’est pourquoi, du point de vue de la diversification, les investissements alternatifs, tels que le capital-investissement, l’immobilier et les fonds à effet de levier, sont devenus un complément important dans l’allocation d’actifs traditionnelle. »

Autocritique

Revenant sur les décisions d’investissement prises en 2023, Vincent Juvyns fait son autocritique : « Depuis le début de l’année 2023, nous avons adopté une position longue sur la duration ou la sensibilité aux taux d’intérêt des obligations. Nous sommes revenus trop tôt sur les marchés à revenu fixe. De plus, nous avions une préférence pour les obligations d’entreprises, alors que les obligations à haut rendement ont affiché de meilleures performances. » Il souligne cependant qu’après une année 2022 difficile, les obligations ont au moins pu générer à nouveau des rendements positifs. 

Le stratège en investissement se montre également critique à l’égard des choix en matière d’actions. « Nous sommes restés au minimum neutres sur les actions tout au long de l’année. Rétrospectivement, nous aurions pu les surpondérer légèrement plus longtemps. Cependant, il convient de nuancer quelque peu les déceptions relatives à notre politique en 2023, car il est extrêmement difficile de timer parfaitement le marché. »

Vincent Juvyns se montre par contre optimiste quant au début de l’année 2024. « Jusqu’à présent, le scénario de nos perspectives pour 2024 se déroule comme prévu. Nous tablons sur le fait que l’économie n’entrera pas en récession cette année. Les chiffres économiques solides récemment observés confirment la résilience de l’économie. Par conséquent, nous avons réduit notre position en liquidités afin de renforcer nos positions longues en actions et en obligations. »

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