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L’inversion de la courbe des taux, un indice des gestionnaires d’achats à son plus bas niveau depuis 2009, ainsi que la baisse des commandes à l’exportation sont autant de signes historiques de l’approche d’une récession. Mais cela n’est pas si grave, estime-t-on chez Capital Group, qui a pourtant une préférence pour les actions de qualité. 

« La probabilité que le secteur industriel tombe en récession est en effet importante, surtout si les tensions entre les États-Unis et la Chine continuent d’augmenter », déclare Martyn Hole, investment director chez le gestionnaire d’actifs américain. Mais selon lui, une contraction dans le secteur industriel n’entraînera probablement pas de récession. Le reste de l’économie s’y porte en effet trop bien.

« Aux États-Unis, les salaires ont augmenté de 3,2 % cette année. Cela signifie que le pouvoir d’achat est en hausse, or le consommateur représente 70 % de l’économie américaine », note Hole. Cette augmentation relativement forte des salaires est liée au resserrement du marché du travail. « Bien que le nombre de nouveaux emplois croisse moins rapidement, il continue d’augmenter.  2 millions de nouveaux emplois ont été créés au cours de l’année écoulée. »

Pas de signal récessif

En outre, selon une enquête récente de la National Federation of Independent Businesses (NFIB), la fédération des petites et moyennes entreprises américaines, c’est du côté de l’offre de l’économie que les petites entreprises sont confrontées aux problèmes les plus importants. Les membres de l’organisation considèrent actuellement le manque de personnel qualifié comme leur principal problème. Ce qui, selon Hole, indique qu’une récession n’est pas imminente.

La NFIB est également de cet avis. Sur son site Web, l’économiste en chef William Dunkelberg déplore « toutes ces discussions au sujet d’une future récession », qui, selon lui, pourraient créer une « fausse réalité ». Selon Juanita Duggan, la présidente de la NFIB, les craintes d’une récession sont en effet totalement injustifiées. « Les petites entreprises continuent d’investir, de se développer et d’embaucher du personnel, et nous ne voyons aucun signe de récession imminente », affirme-t-elle.

Et si les choses devaient néanmoins mal tourner, il y a toujours la Fed pour soutenir l’économie. Capital Group s’attend à deux nouvelles baisses de taux d’intérêt cette année, ce qui devrait donner un coup de pouce au marché immobilier, très important pour l’économie américaine. Hole : « Une baisse des taux d’intérêt entraîne une baisse des taux d’intérêt hypothécaires, et nous voyons déjà les premiers signes de rebond suite à la précédente baisse des taux d’intérêt en juillet. »

Les marchés financiers semblent également légèrement plus positifs qu’il y a quelques semaines. Hole : « Les taux d’intérêt américains à dix ans ont de nouveau légèrement augmenté (à 1,67 %) et le S&P 500 est également de nouveau en hausse. »

Beaucoup de liquidités

Néanmoins, les gestionnaires de portefeuille de Capital Group demeurent relativement prudents dans leur allocation. Les fonds du gestionnaire d’actifs ont chacun plusieurs gestionnaires, gérant chacun leur propre sous-portefeuille. Ces portefeuilles se combinent pour former le fonds. « Certains de nos gestionnaires d’actions américaines ont une pondération en liquidités très élevée, ce qui porte la pondération en liquidités totale de nos portefeuilles d’actions américaines à 7-8 %. Nous adoptons également une position quelque peu défensive, avec une sous-pondération des actions cycliques, telles que les banques et les entreprises industrielles », explique Hole.

Brexit

Toutefois, cette prudence n’est pas tant motivée par des inquiétudes au sujet de l’économie américaine, car ce sont en effet les développements en Europe, comme le ralentissement de l’économie allemande et le risque croissant d’un Brexit dur, qui les préoccupent particulièrement. « De nombreuses entreprises américaines réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires en Europe. Les inquiétudes concernant les effets d’une récession en Europe sont la principale raison de notre prudence. »

Les actions américaines restent vulnérables aux revers en raison de leur valorisation relativement élevée. « Les actions américaines se négocient en moyenne à 16 fois le bénéfice attendu, ce qui est plus élevé que la moyenne des dix dernières années », explique Hole. « Si l’on ajoute à cela le fait que les bénéfices des entreprises sont également nettement supérieurs à la moyenne à long terme et que le marché a déjà fortement augmenté cette année, nous avons de bonnes raisons d’être prudents. » 

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