Stephan Desplancke
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Il convient de distinguer l’allocation stratégique de votre portefeuille et la gestion tactique et active. Il est préférable de ne pas prendre de risque de change supplémentaire avec vos obligations non libellées en euros. En tant qu’investisseur en euros, il est optimal de ne pas couvrir 50 % de votre exposition aux actions, car cela réduit la volatilité. Investir tactiquement dans les devises pour générer un rendement supplémentaire n’apporte qu’une faible valeur ajoutée. La gestion active permet de réduire les risques, mais demande beaucoup de temps et de ressources.  

On n’aime que ce qu’on connaît 

La plupart des investisseurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels, ne couvrent pas le risque d’exposition aux devises dans leur portefeuille. De plus, il existe peu de recherches sur le ratio de couverture optimal. Pourtant, les devises ne constituent pas un instrument d’investissement dépourvu d’attrait. Elles sont très liquides, facilement accessibles et ne présentent ni risque de taux d’intérêt ni risque de crédit. La difficulté avec les devises réside dans leur volatilité et leur imprévisibilité. Une étude financière de premier plan recommande de ne jamais couvrir intégralement l’exposition aux devises dans les portefeuilles des clients. Pour les portefeuilles non libellés en euros, le ratio de couverture dépend de la classe d’actifs et de la devise de référence.

Une exposition active à des devises spécifiques peut réduire le risque global du portefeuille et offrir une diversification. Le ratio de couverture optimal est celui qui réduit au maximum la volatilité. La corrélation entre la classe d’actifs et la devise, ainsi que la volatilité de chacun de ces éléments, constituent des facteurs déterminants.

Allocation stratégique

Nous déterminons toujours un ratio de couverture optimal pour l’allocation stratégique d’actifs (c’est-à-dire les fondements) dans les portefeuilles de nos clients. Ce ratio dépend de la classe d’actifs. 

Les obligations dans les portefeuilles servent non seulement de source de revenus, mais aussi d’amortisseur de volatilité. Dans des conditions de marché normales, la volatilité de la devise (par rapport à l’euro) est plus élevée que celle des obligations locales proprement dites. Par conséquent, il est conseillé de couvrir intégralement les obligations non libellées en euros. Les marchés émergents constituent une exception, en raison des coûts élevés de couverture. 

Les actions sont intrinsèquement caractérisées par une plus grande volatilité. Ainsi, la devise en tant que telle devient moins dominante dans la volatilité globale du portefeuille. Dans ce cas, les caractéristiques spécifiques de la devise nationale déterminent le ratio de couverture exact pour le volet actions. 

La couverture des investissements alternatifs (marchés privés) est nettement plus complexe. Le manque de transparence de la valorisation et les données moins fréquentes en raison de l’illiquidité constituent les principaux obstacles. Certains couvrent la totalité de l’exposition, tandis que d’autres ne couvrent rien. 

Les marchés privés axés sur les revenus (prêts privés, infrastructures, immobilier) sont plus proches des obligations et sont plus souvent couverts. Enfin, la liquidité et les coûts jouent un rôle important dans la couverture. Il est conseillé de ne pas couvrir les marchés émergents coûteux et les devises moins liquides, comme le NZD, le NOK et le DKK.

Gestion active tactique

Une fois le ratio de couverture optimal établi, vous pouvez mettre en œuvre une gestion active des devises afin d’augmenter le rendement de manière tactique ou de gérer le risque. Il est important de savoir que cela nécessite beaucoup de temps et de ressources pour la recherche, la mise en œuvre, la gestion du risque et le reporting – et ce, pour un rendement supplémentaire relativement faible. Ce type de politique active est donc mené principalement pour des considérations de risque.

La gestion active est ici basée sur les prévisions macroéconomiques et les valorisations fondamentales des devises. La hausse de l’inflation et des prix des matières premières a un impact positif sur les devises liées aux matières premières, comme le CAD, l’AUD et le BRL. Une forte croissance économique mondiale est, quant à elle, bénéfique pour les devises des marchés émergents. Veillez à investir dans le yen japonais, le franc suisse et le dollar américain en cas d’aversion au risque sur les marchés. Attention, l’impact des indicateurs macroéconomiques sur les devises varie avec le temps. Les écarts de taux d’intérêt, la masse monétaire, l’inflation et les chiffres commerciaux constituent généralement des facteurs essentiels.

La devise de référence détermine le ratio de couverture

Examinez principalement les caractéristiques de la devise de référence, dans notre cas l’euro. Ces caractéristiques (facteurs macroéconomiques) sont déterminantes pour la volatilité. Si une devise est fortement influencée par le cycle économique mondial, une exposition étrangère à des devises défensives offre une protection en cas de marchés baissiers. Le dollar américain, le yen japonais et le franc suisse sont alors les devises défensives ou risk-off par excellence. En revanche, l’euro et la livre sterling ont tendance à afficher un comportement plus fluctuant, entre risk-on et risk-off. Les deux principales devises liées aux matières premières sont le dollar australien et le dollar canadien. Enfin, le SGD est une devise assez liquide souvent utilisée comme indicateur du risque pour les pays en développement.

Conclusion

En tant qu’investisseur en euros, le ratio de couverture optimal pour un portefeuille d’actions est de 50 %. Une fois encore, ce ratio réduit au maximum la volatilité globale du portefeuille à long terme, ce qui est important pour votre allocation stratégique. Il est préférable de couvrir au maximum un portefeuille d’obligations internationales. Les accents tactiques sur des devises à court terme ne valent bien souvent pas l’effort.

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