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« Mais la reprise sera inégalement répartie. L’Europe et le Royaume-Uni seront à la traîne par rapport aux États-Unis. De plus, la croissance sur les marchés développés sera beaucoup plus lente que sur les marchés émergents », déclare Daniele Antonucci (photo), économiste en chef chez Quintet Private Bank.

Antonucci souligne que le biais rétrospectif doit toujours être pris en compte lorsqu’on regarde en arrière. « Avec le recul, nous sommes tous les meilleurs investisseurs. » Il pense néanmoins que certains événements de l’année d’investissement 2022 resteront assurément gravés dans sa mémoire. « Comme le pic remarquablement rapide de la volatilité des actions et des obligations. De plus, cette évolution a été principalement motivée par des événements (géo)politiques et des réponses politiques. » Et de citer notamment la guerre en Ukraine, la question de Taïwan, la politique zéro Covid de la Chine et les tensions entre la Chine et les États-Unis. 

« La rupture des corrélations était également frappante. Normalement, les obligations font contrepoids aux actions et vice versa, mais cette année, toutes deux sont tombées simultanément en chute libre », déclare Antonucci. Il note également la rotation sectorielle rapide de la croissance vers la valeur et la montée en flèche de l’inflation. 

La Chine comme moteur 

Selon l’économiste en chef, 2023 se présentera en deux temps. « Au cours du premier semestre de l’année, nous verrons la continuité de trois tendances existantes. Tout d’abord, l’environnement de forte inflation diminuera progressivement. Deuxièmement, il y aura de nouvelles hausses des taux d’intérêt, mais à un rythme plus lent. Et troisièmement, nous connaîtrons une faiblesse économique et des récessions », explique Antonucci. 

Le retournement de situation se produira au printemps. Les banques centrales cesseront de relever leurs taux d’intérêt et l’inflation diminuera visiblement. « Lorsque la Chine rouvrira, l’économie chinoise redémarrera et amorcera un nouveau cycle de croissance mondiale. Mais à cet égard, la reprise sera inégalement répartie. L’Europe et le Royaume-Uni seront à la traîne par rapport aux États-Unis. Les pays émergents connaîtront également une croissance beaucoup plus rapide que les pays développés », explique Antonucci.  

Les obligations reprennent leur rôle

L’année dernière, les cours des actions et des obligations ont chuté simultanément. « Cela a créé d’importants problèmes de diversification », observe Antonucci. Bien qu’il s’attende à une volatilité persistante en 2023, l’économiste en chef estime que les marchés obligataires de haute qualité (autrement dit les obligations d’État) offrent des avantages défensifs. « Les obligations pourront donc reprendre leur rôle dans l’atténuation du risque de portefeuille. »

« L’année prochaine, les obligations d’État américaines redeviendront vraisemblablement une classe d’actifs attrayante. » L’inflation y a probablement atteint son pic et les prochains relèvements de taux d’intérêt seront moins importants. « Selon nos prévisions, le cycle de relèvements des taux d’intérêt prendra fin à la fin du premier trimestre ou au début du deuxième », estime Antonucci. 

Les perspectives macroéconomiques pour la zone euro et le Royaume-Uni sont beaucoup moins réjouissantes. « Pourtant, les spreads sur les obligations d’État et les obligations investment grade deviennent de plus en plus attrayants maintenant que l’inflation approche de son pic », estime Antonucci. Selon lui, les obligations d’État libellées en devises fortes des marchés émergents sont également redevenues intéressantes après une année 2022 décevante. « Surtout par rapport aux obligations américaines à haut rendement. »

Dividendes et faible volatilité

Du point de vue du risque, 2023 n’est pas un bon moment pour augmenter ou diminuer le risque de portefeuille. « Les investisseurs avisés feraient bien de garder un œil sur les événements déclencheurs, notamment la guerre en Ukraine et la situation politique en Chine », déclare Antonucci. 
S’agissant des actions, les actions à dividendes et les actions à faible volatilité sont privilégiées. « Les actions à dividendes sont intéressantes en raison de leur bon potentiel de rendement. Les actions à faible volatilité contribuent à atténuer le risque baissier », explique Antonucci. Bien que la valorisation du marché des actions américaines reste assez élevée malgré la correction, celui-ci bénéficie de la préférence. « Nous pensons que c’est un prix réaliste pour une exposition à un marché d’actions de haute qualité. Surtout compte tenu de l’environnement de récession. »

En revanche, ils se montrent plus négatifs sur les actions européennes. « Nous maintenons notre conviction que les actions de la zone euro ne reflètent pas encore pleinement la détérioration des conditions économiques. En comparaison, les valorisations des marchés émergents sont plus attrayantes », déclare Antonucci. 

Pour les marchés émergents, l’évolution de la situation en Chine sera importante. « Nous tablons sur une réouverture de la Chine en 2023 et sur une stimulation de son économie, ce qui serait extrêmement bénéfique pour les marchés émergents et les ferait progresser. Un léger affaiblissement du dollar pourrait encore renforcer cette tendance. »
 

 

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