Les spécialistes de Quintet (Puilaetco) soulignent cinq grandes tendances qui doivent guider les allocations des portefeuilles pour les prochains mois, avec une prédilection pour les actions, les actifs privés et certains segments obligataires.
« Ces dernières années, nous avons vécu de nombreux bouleversements, que ce soit au niveau géopolitique, climatique ou économique », souligne Nicolas Sopel (photo) (Senior Macro Strategist chez Quintet). « Nous sommes aujourd’hui dans un monde qui est beaucoup plus multipolaire, ce qui entraîne un besoin de relocalisation de certaines capacités de production après des décennies de globalisation ». Ceci est vrai pour l’énergie, mais également pour toute une gamme de produits, notamment dans le domaine des soins de santé, que ce soit pour les masques chirurgicaux ou pour des médicaments comme le paracetamol.
Qualité et résilience
Sur cette base, Marc Eeckhout (Senior Stratégist chez Quintet) met en évidence cinq grandes tendances qui vont impacter nos portefeuilles dans le futur. La première concerne le type d’entreprises dans lesquelles il faut investir. « Nous privilégions les sociétés de qualité en croissance, qui disposent de flux de trésorerie élevé et d’un bilan sain, et nous préférons nous exposer sur ces noms par le biais des actions plutôt que des obligations ».
La deuxième conviction concerne la sélection d’entreprises qui sont en mesure d’afficher une résilience élevée face aux perturbations sur les chaînes d’approvisionnement. « Dans ce contexte, il faut privilégier les sociétés américaines et émergentes, dans des domaines comme les logiciels ou la sécurité numérique ; de même que celles exposées sur la hausse des dépenses d’investissement visant à renforcer les chaînes d’approvisionnement ».
Inflation et autonomie
Nicolas Sopel estime que l’inflation va rester un élément central dans l’allocation des portefeuilles pour les prochains mois, avec un niveau de hausse des prix qui sera structurellement plus élevée que durant la dernière décennie. « Notre troisième conviction va donc privilégier les classes d’actifs qui devraient mieux résister face à la hausse des prix, comme les actifs réels, les actifs privés et les obligations à échéance courte ».
La recherche d’une plus grande indépendance énergétique va nécessiter des investissements importants, avec certaines classes d’actifs qui doivent être privilégiées dans le cadre de la quatrième conviction des spécialistes de Puilaetco, sur des segments comme la mobilité électrique, les obligations vertes, ou les groupes spécialisés dans l’efficience énergétique.
Retour sur la tech
Enfin, la cinquième conviction forte pour les prochains mois concerne le secteur technologique, qui devrait progressivement faire son retour vers le devant de la scène. « Les chocs que nous traversons n’ont fait que renforcer le besoin d’accélérer l’innovation, pour améliorer l’automatisation dans les processus industriels, pour améliorer la qualité de l’enseignement, pour accélérer la découverte de nouveaux traitements », souligne encore Marc Eeckhout.
Sur le long terme, cette classe d’actifs devrait donc retrouver des couleurs au niveau boursier, avec des opportunités qui vont redevenir attractive dans des segments comme la cybersecurité, les semi-conducteurs, les services cloud ou l’automatisation. « Les résultats du deuxième trimestre vont être cruciaux à ce niveau. Ils pourraient marquer un retour vers les groupes technologiques américains s’ils parviennent à annoncer des chiffres conformes aux attentes du marché ».
Allocation d’actifs
Au niveau de la stratégie d’allocation des portefeuilles, les stratégistes de Puilaetco soulignent que l’allocation tactique d’actifs continue de privilégier les actions américaines ainsi que les classes d’actifs en provenance des pays émergents, que ce soit sur les bourses ou sur la dette d’entreprise. « Les obligations d’état restent fortement sous-pondérées, même si notre positionnement n’est plus aussi négatif qu’en décembre 2021 suite à la forte remontée des taux ».
Marc Eeckhout souligne également être neutre sur les matières premières, mais que l’or peut conserver une place dans les portefeuilles équilibrés même s’il est peu probable que les cours grimpent rapidement durant les prochains mois dans un contexte de hausse des taux obligataires.