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Alors que l’économie mondiale montre des signes toujours plus nombreux de passage du désespoir au redressement, les politiques monétaires et fiscales continueront de s’avérer essentielles à la reprise. La politique monétaire (taux d’intérêt et masse monétaire) est du ressort des banques centrales, tandis que la politique fiscale (taux d’imposition et dépenses publiques) est bien entendu définie par les gouvernements. Ceci nous dit Daniele Antonucci lors d’un entretien.

Pour simplifier à l’extrême, les banques centrales prêtent et les gouvernements dépensent.

Aujourd’hui, l’économie mondiale est soutenue à la fois par plus de prêts et plus de dépenses. En effet, les banques centrales financent les mesures de relance de leur gouvernement afin qu’ensemble, ils puissent faire tout ce qu’il faut – aussi longtemps qu’il le faut – pour redresser leurs économies et leur donner des bases solides pour leur future croissance.

L’impulsion politique est forte car il n’y a pas de risque moral comme lors de la crise financière de 2008 où les banques ont pris de gros risques et, par la suite, ont dû passer par un long processus de désendettement. Après une décennie de durcissement des réglementations, le système bancaire a désormais une position solide et peut déployer son bilan sain pour soutenir la reprise.

Les banques centrales fournissent une source de financement bon marché pour les programmes de dépenses gouvernementales par le biais de leurs achats d’actifs, connus sous le nom d’assouplissement quantitatif. Elles achètent également des obligations d’entreprises, injectant ainsi de l’argent dans le secteur privé. Bien que formellement monétaire, cette approche est une forme indirecte de politique budgétaire car elle concerne l’allocation de ressources à des sociétés non financières. 

À cet égard, il est juste de considérer les banques centrales comme des arbitres de l’économie et des marchés. Une partie de leur travail consiste à s’assurer que tout le monde comprenne les règles ; elles doivent aussi parfois encourager ou décourager certains types de comportement par une intervention verbale. Enfin, lorsque cela est nécessaire, elles distribuent des cartons jaunes ou rouges en réponse à des actions qui dépassent l’entendement.

Carton rouge

Les taux d’intérêt négatifs sont un bon exemple de carton rouge car faire payer aux banques le placement des liquidités auprès de la banque centrale, comme la Banque centrale européenne continue de le faire, est une façon de les inciter à prêter à l’économie réelle. Mais force est de constater que, pour l’instant, cela ne fonctionne pas comme prévu. En effet, les banques européennes ont généralement préféré comprimer leurs marges bénéficiaires plutôt que de répercuter entièrement le coût des taux négatifs sur les clients. Cela peut également les avoir rendues plus réticentes à accorder de nouveaux prêts. Les effets secondaires des taux négatifs sont tels qu’à notre avis – même si les marchés ont attribué une certaine probabilité à l’introduction de taux négatifs aux États-Unis et au Royaume-Uni – la prochaine étape dans ces pays sera probablement le contrôle de la courbe de rendement (CCR).

Le CCR consiste pour une banque centrale à viser un taux d’intérêt à long terme, puis à acheter ou à vendre autant d’obligations que nécessaire pour atteindre cet objectif de taux. Si cela ressemble à un assouplissement quantitatif, c’est parce que c’en est un. Mais l’assouplissement quantitatif porte sur des quantités d’obligations, alors que le CCR se concentre sur les prix des obligations.

Le CCR est pratiqué depuis des années par la Banque du Japon. La Banque centrale australienne a adopté une forme de CCR en mars, et vise un rendement de 0,25 % pour les obligations d’État à trois ans. Aujourd’hui, les responsables de la Réserve fédérale américaine débattent de l’opportunité d’introduire le CCR.

Le gouvernement fédéral américain a dépensé environ 3 500 milliards de dollars depuis le début de la pandémie pour soutenir l’économie, contribuant ainsi à une dette nationale qui vient de dépasser 26 000 milliards de dollars pour la première fois de l’histoire. En Europe, les gouvernements nationaux ont également renforcé leurs programmes de dépenses. Il est important de noter que des négociations sont en cours pour créer un fonds de relance européen soutenu par des émissions conjointes – ce qui constitue un catalyseur clé pour une intégration fiscale accrue.

Si personne ne peut prédire l’évolution future de la pandémie – et la reprise mondiale se fera probablement à des rythmes différents selon les régions – il est clair que les banques centrales n’ont pas épuisé toutes leurs options politiques et que les gouvernements continueront à tout mettre en œuvre.

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