Les banques européennes, si importantes pour la performance des indices européens de grandes capitalisations, sont complètement dans l’impasse. Elles pèsent sur la poursuite de la reprise des indices européens, qui ont trop peu de modèles économiques ‘asset light’. Y a-t-il une reprise en vue ?
L’indice bancaire européen a atteint un niveau historiquement bas. Depuis le début de l’année, les chiffres sont vraiment déplorables. Jusqu’au 30 septembre, l’indice cumulé sur l’année est de -43,66 %. En glissement annuel, on constate une perte de -37,07 %. La perte est de -24,39 % sur trois ans et de -13,36 % sur cinq ans.
La crainte de prêts douteux, de taux d’intérêt négatifs, de scandales de blanchiment d’argent et d’une mauvaise réputation en général a mis le secteur dans une mauvaise passe. Si l’Europe veut enfin rattraper les États-Unis, les banques doivent également se redresser. Mais pour l’instant, le graphique Bloomberg présenté ci-dessous montre peu d’amélioration :
En fait, les banques sont maintenant devenues un jeu à effet de levier pour la reprise de l’économie, ainsi que le montre leur bêta plus élevé par rapport au marché. Dans nos fonds, nous avons maintenant une préférence pour la meilleure qualité, et seulement pour les banques les mieux capitalisées et les plus rentables, mais pour le moment, nous préférons plutôt les compagnies d’assurance. Nous pensons que leur modèle économique est plus solide. »
De même, le versement de dividendes, qui était autrefois un argument de poids pour de nombreux investisseurs pour surpondérer (fortement) les banques, a maintenant largement disparu : « L’organe de lobbying en Europe a proposé de ne pas verser de dividendes afin d’augmenter les réserves de capital. Le gouvernement fera pression pendant longtemps », déclare Geerdink.
Contraste saisissant
Les performances de la technologie, le modèle commercial asset-light par excellence, contrastent fortement à cet égard. Les valeurs technologiques font également preuve de résilience dans la correction. La plupart sont retombées aux moyennes mobiles à 30 et 40 semaines, où elles sont soutenues.
La correction de début septembre a mis un frein à l’optimisme excessif concernant les actions technologiques, mais les doutes sur la reprise européenne et le report du vote sur un deuxième plan de relance aux États-Unis créent encore trop d’incertitude pour un passage massif à des valeurs cycliques.
Les élections américaines, qui se traduisent par un spectacle honteux avec le premier débat entre Trump et Biden, les perspectives moroses du Brexit et les tensions entre la Chine et les États-Unis, notamment à propos de TikTok, pèsent également sur l’humeur. Le fait que les marchés soient à la baisse ne semble donc pas illogique. C’est ce que déclare Enguerrand Artaz, gestionnaire de fonds à la Financière de l’Échiquier.
Cependant, le déclin se poursuit sans panique. Les volumes de transactions ne connaissent pas de pic et, sur le marché des options, les calls restent plus populaires que les puts. Le succès de certaines introductions en bourse récentes et l’afflux massif dans certains ETF au début de la semaine dernière indiquent également qu’il existe toujours un certain appétit pour le risque. Il n’y a d’ailleurs pas que de mauvaises nouvelles à rapporter. Par exemple, le climat économique s’améliore en Allemagne, où l’indice IFO a de nouveau augmenté en septembre. Il en va de même en France, selon l’INSEE, l’institut national de la statistique français.
Artaz : « Dans certains des pays émergents les plus touchés par le virus (dont l’Inde), la pandémie commence à ralentir et des nouvelles encourageantes concernant la recherche d’un vaccin apparaissent régulièrement. Sur le front monétaire, la BCE, par l’intermédiaire de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, se montre résolument accommodante. De plus, les banques européennes ont emprunté plus d’argent à la banque centrale via le système TLTRO que prévu, ce qui est une bonne nouvelle pour la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle. »
Impasse
Les investisseurs se trouvent dans une position très difficile, car ils peuvent choisir entre les secteurs de valeur bon marché (notamment les banques) et les actions de croissance coûteuses, qui continuent d’enregistrer de très bonnes performances pour le moment. La récente introduction en bourse de Snowflake en est un bon exemple.
L’action est entrée en bourse à un cours extrêmement élevé, mais les attentes en matière de chiffre d’affaires sont également très hautes. Selon l’observateur du marché et ancien gestionnaire de fonds Puru Saxena, actif à Hong Kong, les entreprises à forte valorisation dans le domaine de l’e-commerce, du cloud, de l’intelligence artificielle et autres sont les ‘nouveaux services publics’ : plus personne ne peut les ignorer et tout le monde en a besoin. Grâce aux effets de réseau et à une clientèle fidèle, ces entreprises disposent d’un large ‘fossé’, ainsi que l’appelle volontiers Warren Buffett. Les consommateurs aiment utiliser ces produits, et souvent. Le chiffre d’affaires devient donc relativement prévisible, tout comme les marges bénéficiaires.
Un autre bon exemple est Adyen, la success story néerlandaise en matière de paiements en ligne. Selon les derniers chiffres, le taux de pénétration de l’e-commerce a atteint 27 % au deuxième trimestre 2020, ce dont Adyen bénéficie d’une manière extraordinairement forte. Adyen est-elle donc chère ? Actuellement oui, mais les paiements en ligne et les solutions financières sont les producteurs de ‘pelles et de pioches’, qui ont également bénéficié de manière disproportionnée de la ruée vers l’or aux États-Unis dans les années 30.
Le jury ne s’est pas encore prononcé, mais les marchés ont augmenté depuis mars pour une bonne raison, ainsi qu’en témoigne notre dernier podcast avec Sebastiaan Grenné d’Argenta.