L’engouement actuel pour les obligations d’entreprises en euros s’explique par la hausse des rendements initiaux et la tendance qu’ont les emprunts investment grade à devancer leurs homologues à haut rendement, notamment, lors d’une récession.
L’année 2022 a été une « annus horribilis » pour les fonds d’obligations d’entreprises libellées en euros. La catégorie Morningstar des obligations d’entreprises en EUR a abandonné 13,4 %. Au cours du premier semestre de l’an dernier, les investisseurs européens ont retiré 11,8 milliards d’euros de la catégorie. En revanche, les fonds d’obligations à haut rendement libellées en euros, moins sensibles à l’évolution des taux d’intérêt et qui versent un coupon supérieur, ont fait légèrement mieux, avec un recul de 10,3 % seulement.
Mais les opérateurs ont désormais le regard tourné vers l’avenir et font preuve d’un plus grand optimisme, alors que les rendements initiaux des crédits investment grade dépassent souvent les 4 %. Sur les douze derniers mois, les investisseurs ont acheté pour 23,4 milliards d’euros de fonds de la catégorie des obligations d’entreprises en euros, tandis qu’ils retiraient près de 855 millions d’euros des fonds obligataires à haut rendement en euros. Les catégories libellées en dollars font apparaître un tableau similaire.
Ces flux n’ont rien d’étonnant. À l’inverse des titres à haut rendement, les obligations d’entreprises de grande qualité offrent une protection supérieure lors des phases de récession. La probabilité de défaut est faible pour les obligations IG, et leurs coupons, plus réduits, sont plus sensibles à l’évolution des rendements des emprunts d’État, davantage susceptibles de diminuer pendant les récessions économiques, si bien que les cours de ces obligations augmentent.
La concurrence des emprunts d’État
Aujourd’hui, certains investisseurs cherchent refuge dans les emprunts souverains, américains surtout, dont les rendements initiaux se situent autour de 4,5 % (pour l’échéance à deux ans) 3,9 % (cinq ans) et 3,8 % (10 ans). Les obligations à plus longue échéance devraient prendre de la hauteur lorsque la Réserve fédérale mettra un terme à ses tours de vis. Les investisseurs qui doutent de la direction que prendra la politique monétaire peuvent opter pour de la dette souveraine à échéance courte, qui présente un risque de taux moindre. Sur les douze mois écoulés, les fonds de la catégorie des emprunts d’État en EUR ont connu un afflux de 20,2 milliards d’euros de la part des investisseurs européens, tandis que ceux libellés en USD affichaient une collecte de 11,5 milliards d’euros.
Un autre monde
Il n’y a pas si longtemps encore, les investisseurs achetaient des obligations non pas pour leur coupon, mais pour la hausse attendue en raison du programme de rachat d’obligations mis en place par la Banque centrale européenne (BCE). Dans ce monde bien différent, où les épidémiologistes avaient pris le contrôle des médias, l’indice large Bloomberg Barclays Euro Aggregate Bond, en septembre 2020, comptait encore 61 % d’obligations à rendement négatif, tandis que plus de 90 % de tous les titres affichaient un taux inférieur à 1 %.
Les investisseurs obligataires du monde entier sont évidemment ravis que cette période soit révolue, et se réjouissent de pouvoir enfin obtenir un rendement attrayant. Les données de Morningstar montrent que sur les quatre premiers mois de l’année, plus de 180 milliards de dollars, dans le monde, ont afflué vers les fonds à revenu fixe (75 milliards d’euros en Europe). Capital Group estime même que ces prochaines années, les marchés obligataires capteront 1000 milliards de dollars, car de nombreux investisseurs souhaitent sécuriser les rendements actuels.
Le top 5
Le top 5 de cette semaine, qui porte sur la catégorie Morningstar des obligations d’entreprises libellées en euros, tient compte des performances des cinq premiers mois de l’année 2023. En moyenne, les fonds de la catégorie ont affiché un rendement de 2,3 % depuis le début de l’année.