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Rabobank.be cesse ses activités en Belgique. L’ancien CEO Stéphane Vermeiren n’est pas surpris. « Le choix de ne plus proposer que des produits d’épargne a été le coup de grâce. »

Après un peu moins de vingt ans d’existence, la banque néerlandaise Rabobank met fin aux activités de sa banque d’épargne en ligne Rabobank.be.
Pour Stéphane Vermeiren (qui, en tant que spécialiste du marketing, a été l’un des fondateurs de la banque d’épargne et en a ensuite été le CEO pendant sept ans), la nouvelle n’est pas une surprise.

« Vous ne m’entendrez jamais dire que de mauvais choix ont été faits. Au niveau du groupe, il était parfaitement défendable de restreindre la focalisation de Rabobank.be aux seuls produits d’épargne.

Mais pour moi, il a toujours été clair que pour la banque d’épargne, cette histoire aurait une fin. Je suis même surpris qu’elle encore ait duré aussi longtemps. » Le changement d’orientation stratégique a également été à l’origine du départ de Vermeiren en 2014. 

En 2017, on annonçait ensuite que la banque en ligne vendait ses activités d’investissement à Keytrade Bank et que Rabobank.be se concentrerait désormais uniquement sur les comptes d’épargne et les comptes à terme.

Déjà à l’époque, certains observateurs avaient suggéré que cela laissait déjà présager d’un retrait complet de la Belgique, ce que la banque en ligne avait toujours nié.

« La décision de ne plus proposer que des produits d’épargne a transformé Rabobank.be en une banque mono-produit. C’est toujours dangereux, surtout en ces temps où les banques doivent payer pour parquer leur argent auprès de la Banque centrale européenne », déclare Vermeiren.

Risques

Selon l’ex-CEO, la disparition de Rabobank.be s’inscrit dans l’objectif du groupe mère Rabobank de se défaire des activités à risque à l’étranger. « Aux Pays-Bas, Rabobank est une grande banque très traditionnelle. Il s’agit d’une coopérative, ce qui signifie qu’en plus de leur stratégie commerciale, ils ont également une vision à long terme prononcée. C’est aussi une banque très éthique.

Quelques incidents survenus dans le passé ont terni cette réputation, à la suite de quoi il a été décidé de manière très radicale de se débarrasser des activités étrangères à haut risque. Rabobank.be en a été la victime. »

Rabobank était l’une des nombreuses grandes banques ayant des activités corporate internationales, notamment à New York et à Londres. Ces activités étaient très rentables, mais après la crise financière de 2007 et 2008, elles se sont également révélées beaucoup plus risquées que prévu initialement.

Comme pour beaucoup d’autres grandes banques, ces activités ont été fortement réduites dans le sillage de la crise. Ensuite, la banque a également été impliquée dans le scandale du Libor et a été condamnée en 2013 à une amende de 774 millions d’euros pour avoir manipulé les taux d’intérêt de Libor et Euribor. « Cela a notamment eu un impact énorme sur l’opinion publique aux Pays-Bas.

Cela a été un choc énorme pour une banque qui se présentait comme très éthique. Il a alors été décidé de se concentrer entièrement sur les activités d’origine et d’éliminer tous les risques. Même l’offre de produits d’investissement via Rabobank.be a alors été considérée comme trop risquée. C’était parfaitement justifiable dans le contexte général, mais pour Rabobank.be, cela a été le coup de grâce. »

Pionnier

Avec Rabobank.be, c’est l’un des pionniers de la banque en ligne dans notre pays qui disparaît. Vermeiren : « Lorsque nous avons lancé les comptes d’épargne en ligne en 2002, le marché les a accueillis avec énormément de méfiance. 

On pensait alors que les comptes d’épargne en ligne ne s’adressaient qu’à un groupe cible très limité. En fin de compte, le succès a été au rendez-vous. Et lorsque nous avons ensuite également proposé des produits d’investissement en ligne, contre toute attente, ils ont connu une belle croissance. Nous avons montré qu’il y avait un grand potentiel pour une banque en ligne. »

C’est précisément en raison de ce rôle de pionnier que Vermeiren trouve dommage que l’histoire de Rabobank.be s’arrête. « La banque disparaît à un moment où les activités en ligne des banques se développent à la vitesse de l’éclair, avec des produits et des modèles commerciaux innovants. Il est dommage qu’une banque au potentiel énorme n’ait pas eu l’opportunité de se développer », conclut Vermeiren.

Qui est Stephane Vermeiren ?

  • Directeur du marketing de Rabobank.be de 2003 à 2006. Il a ensuite été pendant plus de 7 ans à la tête de la banque en ligne en tant que CEO. Il est parti en 2014.
  • Élu Marketer of the Year en 2013.
  • Travaille actuellement dans une joint-venture avec Mediahuis sur un site comparateur de produits d’assurance.
     
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