Le dollar s’affaiblit, tandis que les taux d’intérêt américains baissent. Les bourses européennes ont commencé à monter ce mercredi après les résultats provisoires des élections de mi-mandat aux États-Unis. La majorité démocrate à la Chambre des représentants est définitivement acquise.
Les Républicains ont renforcé leur pouvoir au Sénat. Une combinaison qui signifie, avec quelques résultats restant à venir, un congrès divisé.
À près de neuf heures, les Démocrates détenaient 220 sièges à la Chambre des représentants, contre 193 pour les Républicains.
Dans l’intervalle, les Républicains ont remporté 51 sièges au Sénat, contre 44 pour les Démocrates. 5 résultats doivent encore être traités pour le Sénat, et 28 pour la Chambre.
Réaction du marché
Les marchés ont réagi modérément aux résultats mardi soir et mercredi matin. Il faut dire que ceux-ci étaient « pour une fois conformes aux attentes des sondages d’opinion et des analystes politiques », note Paras Anand, responsable Asset Management Asie-Océanie chez Fidelity International, dans un commentaire écrit.
« Si les Républicains avaient gardé le contrôle de la Chambre et du Sénat, nous nous serions attendus à un grand mouvement pour les actions, les taux d’intérêt sur les bons du Trésor et le dollar », déclarait mardi matin James Knightley, économiste en chef international chez ING, dans un commentaire du marché à l’issue des résultats. « Ceci parce que cela aurait donné la perspective d’incitations fiscales supplémentaires avec les hausses plus agressives des taux d’intérêt de la Réserve fédérale. Il y aurait également eu davantage de préoccupations quant à la viabilité du budget américain. »
Léon Cornelissen, économiste en chef chez Robeco, conclut de la baisse du rendement des obligations américaines à 10 ans que le marché estime que la probabilité d’un prochain paquet d’incitations fiscales diminue. « Ce qui se rattache au fait que les contrats à terme sur actions restent inchangés, la politique budgétaire étant davantage axée sur les consommateurs que sur les entreprises. »
« Vague bleue »
Il n’y a donc pas eu lieu de s’inquiéter, puisque le résultat connu était attendu. Par Knightley également. « À l’approche des élections, peu d’experts étaient d’avis que les Républicains avaient de grandes chances de conserver la Chambre des représentants. »
Il n’y a donc pas eu la ‘vague bleue’ annoncée par les Démocrates, avec laquelle le parti aurait retrouvé une grande partie du pouvoir à Washington. ‘Une vaguelette bleue›, déclarent divers analystes en réaction au résultat.
Conséquences
Le résultat semble empêcher un ‘balayage démocrate’, déclare Knightley. Selon l’économiste, un tel triomphe aurait pu bloquer complètement l’agenda législatif du président et les nominations aux tribunaux fédéraux, au Cabinet et à la Réserve fédérale. En outre, les Démocrates auraient pu utiliser leur avantage au Sénat pour accroître la menace de contre-mesures contre le président.
L’économiste s’attend encore à ce qu’avec ce résultat, la vie devienne plus difficile pour Trump. « Un Congrès scindé rend la réalisation de l’ensemble de son programme législatif plus difficile pour lui. » Knightley cite en exemple la proposition de réduire encore davantage l’impôt sur le revenu. « Avec le résultat des élections, celle-ci a reçu un sérieux revers. »
Infrastructure
Léon Cornelissen, économiste en chef chez Robeco, s’attend à ce que les Démocrates ne rejettent pas toutes les initiatives de Trump. « Ils ont de nombreux terrains d’entente sur des questions telles que les réductions d’impôts pour la classe moyenne et la nécessité de reconstruire l’infrastructure américaine. »
Anand, de Fidelity, estime qu’il est possible que la focalisation des deux partis sur le besoin accru d’investissements dans les infrastructures nationales et l’attitude des Démocrates à l’égard du déficit budgétaire puisse passer de l’opposition (contre les réductions fiscales) à l’accommodation (dépenses pour les routes, les hôpitaux, les aéroports). « Toute évolution en ce sens stimulerait davantage l’économie, continuerait d’augmenter les salaires sur un marché du travail déjà serré et remettrait peut-être en question les attentes actuelles concernant les mesures que la Fed prendra l’an prochain. »
Chine
Selon Knightley, il est probable que Trump concentrera son attention sur les domaines où les pouvoirs exécutifs lui donnent plus de marge de manœuvre, comme la politique commerciale.
James Athey, stratège en investissement chez Aberdeen Standard Investments, s’attend à ce que ce résultat incite davantage le président Trump à conclure un accord commercial avec la Chine, afin d’éviter que ses électeurs ne souffrent des conséquences de la guerre commerciale.