Les petites capitalisations européennes semblent se redresser. Ces deux dernières années, les valorisations relatives étaient en chute libre, faisant disparaitre la prime habituelle par rapport aux grandes capitalisations. À la fin de l’année dernière, ces valeurs étaient même négociées avec une décote, laquelle s’est cependant réduite au cours des dernières semaines.
Les petites capitalisations ont toujours été préférées par de nombreux investisseurs en raison de leur potentiel de croissance des bénéfices plus rapide. Au cours des 20 dernières années, la prime par rapport aux grandes capitalisations a parfois dépassé les 20 %. Cependant, il est également arrivé que cette prime plonge (nettement) en dessous des 5 % et - très occasionnellement - disparaisse, cette classe d’actifs se négociant alors avec une décote.
Cela ne s’était plus produit depuis 20 ans, jusqu’à l’automne dernier, lorsque la prime moyenne sur les actions de l’indice MSCI Europe SMID par rapport aux grandes capitalisations a replongé en territoire négatif, avant de rebondir après quelques semaines grâce aux nouvelles positives concernant les taux d’intérêt, qui stimulent les marchés financiers depuis le mois d’octobre.
La prime sur les petites capitalisations va-t-elle bientôt remonter en flèche ? Lodewijk van der Kroft, responsable du Benelux et des pays nordiques chez le gestionnaire d’actifs Comgest, a analysé les chiffres et conclut qu’une trajectoire attrayante se profile à nouveau pour les petites capitalisations. « Il y a de la marge pour un redressement des ratios cours/bénéfice actuels, surtout si l’on compare la valorisation actuelle aux prévisions consensuelles de croissance des bénéfices », déclare-t-il.
Lodewijk Van der Kroft attribue la rapide dépréciation des petites capitalisations européennes entre début 2022 et mi-2023 à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, en premier lieu. « À ce moment-là, les investisseurs ont commencé à avoir une vision plus négative des petites et moyennes entreprises européennes, qui avaient une empreinte internationale moindre. Ensuite, les taux d’intérêt ont augmenté rapidement ; or, les petites capitalisations sont particulièrement sensibles à l’évolution des taux d’intérêt. »
Selon lui, cette faiblesse des valorisations n’a pas de cause structurelle : « On évoque régulièrement le faible afflux de petites capitalisations sur les marchés boursiers, et certains affirment que les fonds de capital-investissement maintiennent les entreprises les plus intéressantes à l’écart des investisseurs. Cependant, je constate que le nombre d’introductions en Bourse de grandes entreprises était également limité, ce qui n’a pas empêché les grandes capitalisations de prospérer. De plus, le réservoir de petites entreprises est assez important. L’indice des petites capitalisations européennes contient 917 sociétés. Les investisseurs actifs à la recherche d’entreprises de qualité ont l’embarras du choix. »
En soi, la valorisation des petites entreprises n’était pas non plus le problème. « Le ratio cours/bénéfice oscille actuellement autour de 13, ce qui peut être qualifié de moyen, déclare Lodewijk Van der Kroft. C’est davantage l’augmentation de la valorisation des grandes capitalisations qui a fait fondre la prime. »
Cette prime va-t-elle maintenant faire son retour ? Les premiers signes sont là, du moins pour les optimistes. « Les investisseurs à long terme doivent être optimistes de nature », conclut Lodewijk Van der Kroft.
Ratio cours-bénéfice des petites capitalisations du MSCI Europe SMID (ligne violette) comparé à la prime ou à la décote (en pourcentage, barres grises) par rapport aux grandes entreprises cotées.