Keith Wade, Schroders
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Dans les années à venir, les investisseurs devront tenir compte de risques géopolitiques accrus. Keith Wade, chef économiste chez Schroders, a étudié leur impact sur les portefeuilles d’investissement et la meilleure stratégie à suivre pour les investisseurs en cas d’accentuation des risques géopolitiques.

Les risques géopolitiques sont l’un des facteurs disruptifs dont les investisseurs doivent tenir compte. Ils peuvent se manifester sous des formes diverses allant de conflits militaires au Brexit, en passant par le changement climatique. C’est la raison pour laquelle Schroders surveille les relations politiques, économiques et militaires entre les pays. Pour mesurer le risque, on peut se servir de l’indice GPRGeopolitical Risk Index), c’est-à-dire l’indice de risque géopolitique mis au point par les économistes de la Fed.

L’incertitude n’est pas souhaitable

Le risque géopolitique crée de l’incertitude et c’est quelque chose que les investisseurs n’aiment pas. L’incertitude affecte les économies et les marchés financiers. Lorsque le risque géopolitique augmente, les entreprises repoussent leurs investissements à plus tard et les consommateurs freinent leurs dépenses. Les développeurs du GPR ont constaté qu’une augmentation importante de l’indice GPR entraîne un ralentissement de l’activité économique et une baisse des rendements du marché.

Rumeur ou fait avéré ?

Les investisseurs sont moins enclins à prendre des risques lorsque les risques géopolitiques augmentent. Cette attitude a un effet négatif sur les rendements des marchés boursiers. Les flux de capitaux vers les marchés émergents diminuent, alors qu’en revanche, les flux de capitaux vers les marchés développés augmentent. Les chercheurs ont été frappés de constater que les marchés souffrent plus de la menace liée à un risque géopolitique que d’un événement réel. Voilà qui confirme l’adage boursier : acheter la rumeur et vendre (juste avant) la nouvelle.

Selon Keith Wade, deux facteurs augmentent le risque géopolitique :

  • La montée en puissance de la Chine - d’ici la fin de la prochaine décennie, le PIB de la Chine égalera celui des États-Unis. Cela a des répercussions sur les relations entre les deux pays.

  • La montée du populisme - la stagnation de la croissance salariale et l’accroissement des inégalités sont des sources de mécontentement. Surfant sur cette vague, les populistes pointent un doigt accusateur vers la mondialisation, l’externalisation et l’immigration.

Les tensions géopolitiques peuvent entraîner une baisse des cours des actions et, au contraire, une amélioration des performances des valeurs refuges. Il est intéressant de noter que les actions ont tendance à baisser dans un premier temps lorsque les risques apparaissent, mais qu’elles repartent vigoureusement à la hausse au bout de quelques mois.

Prenez les risques au sérieux

Keith Wade a étudié les interactions entre les risques géopolitiques et les réactions des marchés. Il en conclut que les investisseurs devraient tenir compte du risque lorsqu’ils font des choix tactiques et qu’investir dans des valeurs refuges en cas de tensions permet d’obtenir un meilleur rendement ajusté au risque.

Pour son analyse, Keith Wade a confectionné deux portefeuilles. D’une part, un portefeuille sûr (50 % en obligations souveraines américaines à long terme et 50 % répartis à parts égales en or, francs suisses et yens japonais). D’autre part, un portefeuille à risque (50 % dans le S&P500 et le reste réparti à parts égales entre les indices MSCI World et MSCI EM Equity). Il a ensuite observé leur réaction durant les périodes de pic des tensions géopolitiques. Le portefeuille de placements sûrs offre un rendement ajusté au risque plus élevé que les placements à risque, durant quatre des cinq périodes de tensions mondiales. En cas de risque géopolitique extrême, les résultats sont manifestement plus mitigés. Le portefeuille à risque affiche alors un meilleur rendement au cours de trois des cinq périodes. Il est frappant de constater que les investissements à risque commencent déjà à remonter avant même que l’indice GPR ne diminue. En basant son analyse sur une période plus longue, Keith Wade arrive aux conclusions suivantes :

  • Le portefeuille de titres sûrs affiche un rendement inférieur à celui des titres à risque, sauf durant deux périodes.

  • Les placements à risque offrent un rendement plus élevé au cours de quatre des cinq périodes analysées à condition que les investisseurs osent laisser passer la tempête.

  • Le portefeuille à risque affiche aussi un meilleur rendement pondéré au risque durant quatre des cinq périodes.

  • Un portefeuille dynamique (mise en œuvre d’un portefeuille sûr dès que les tensions commencent à augmenter (GPR>100) et passage à un portefeuille à risque lorsque les tensions se relâchent (GPR<100)) se distingue par des performances meilleures dans la majorité des cas.

Gestion active des risques

Keith Wade conclut de son analyse que les investisseurs ne peuvent pas ignorer le risque géopolitique. Il y a des avantages à passer à des investissements plus sûrs lorsque le risque géopolitique augmente. Dans ces situations, une allocation d’actifs proactive servira les intérêts de l’investisseur.

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