Lord Rothschild
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L’économie mondiale s’est enfin remise de la crise de 2008 et connaît actuellement une croissance soutenue. Mais ce n’est pas pour autant une raison d’ajouter du risque aux portefeuilles, affirme Lord Jacob Rothschild, président de RIT Capital Partners, dans le dernier rapport semestriel envoyé à ses clients. 

Ce descendant de la légendaire famille de banquiers éponymes souligne que pas moins de 120 pays de la planète ont vu leur PIB augmenter en 2017. Les États-Unis font notamment très belle figure – et c’est aussi le cas des entreprises qui y sont basées : au deuxième trimestre 2018, les fonds boursiers américains tablent sur une croissance moyenne des bénéfices de 20 %. 

Et pourtant, pour Jacob Rothschild, ces valorisations, fruit d’années de taux bas et d’assouplissement quantitatif, sont (trop) élevées en comparaison historique. « Nous entrons dans la dixième année positive du cycle le plus long de l’histoire ».–

Jacob Rothschild s’inquiète surtout de la situation politique et économique de la zone euro, où certains pays affichent un taux d’endettement record. Le spectre d’une guerre commerciale, surtout entre la Chine et les États-Unis, pèse aussi sur les marchés et l’indice Shanghai Composite a cédé 22 % depuis janvier.

De surcroît, la hausse des taux et du dollar outre-Atlantique accroît les risques pour la sphère émergente. La Turquie serait particulièrement à surveiller du fait de la dégringolade de sa devise. Les grandes puissances avaient essayé de gérer ensemble la crise en 2008, mais leurs relations semblent désormais empreintes de rivalité et d’hostilité. 

RIT Capital Partners allège donc son exposition aux actions et voit surtout des opportunités en Chine ainsi que dans les secteurs de l’innovation et de la technologie. Les investissements actions représentent désormais 47 % du portefeuille, un pourcentage historiquement faible. Les mises en garde de Jacob Rothschild font écho à celles du gouverneur de la banque centrale indienne, qui avait déjà affirmé que l’assèchement des liquidités en dollars portait préjudice aux marchés émergents. 

Comme il y a deux ans, RIT Capital Partners juge les actions américaines trop onéreuses après les sommets atteints et a donc fortement réduit son exposition au dollar ( 29 % actuellement contre 62 % fin 2016). Parallèlement, les positions en livre sterling et en euro, deux devises moins en verve, ont été nettement étoffées. 

Ces dernières années, RIT Capital Partners s’est distingué par la pertinence de ses analyses macroéconomiques. En 2014, le gérant soulignait les dangers du « contexte géopolitique le plus tendu depuis la Seconde Guerre mondiale ». En 2015, il rappelait que l’assouplissement quantitatif,« plus grande expérimentation monétaire menée à l’échelle planétaire », avait entraîné une hausse record des cours des actifs, sans pour autant garantir la croissance économique.

Sa réussite s’explique par une politique d’investissement globalement anticyclique. Depuis son entrée en Bourse à la fin des années 80, RIT Capital Partners a obtenu un rendement cumulé de 2400 %, contre un peu plus de 700 % seulement pour l’indice MSCI AC.
 

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