Jeroen Blokland
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Jeroen Blokland, responsable de l’équipe multi-actifs chez Robeco, s’est montré optimiste quant aux actions et aux matières premières dans ses perspectives d’investissement pour 2021. La condition est toutefois que la percée des vaccins nous mette sur la voie de la nouvelle normalité. Mais si un problème survient, ce scénario favorable peut être mis en veilleuse, prévient-il.

Le vaccin offre la clé pour résoudre le trilemme…

Jeroen Blokland consulte l’ancien CEO de Pimco, Mohammed El-Erian, pour lui exposer le plus grand problème actuel. « Aujourd’hui, le coronavirus encore présent rend impossible un bon équilibre entre santé publique, économie et liberté individuelle. Les décideurs politiques sont constamment confrontés à ce trilemme et doivent sans cesse louvoyer. » Toutefois, Blokland estime que les vaccins atténueront, voire résoudront complètement le trilemme et détermineront donc largement l’année 2021, tant sur le plan économique et social que sur celui des marchés. « Le calendrier et l’efficacité des vaccins ainsi que le retour final à une nouvelle normalité sont particulièrement importants à cet égard. » 

Dans son scénario de base, plusieurs vaccins seront approuvés au cours du premier semestre 2021, mais leur distribution et leur administration ne seront pas toujours simples, de sorte que le chemin vers la nouvelle normalité ne sera pas exempt de difficultés. Par exemple, la disposition à se faire vacciner est en baisse dans plusieurs pays occidentaux. « En l’espace de quelques semaines, cette disposition est passée de plus de 70 % à 60 %. C’est certainement quelque chose à tenir à l’œil », souligne-t-il. Il voit également de nombreuses difficultés possibles concernant la distribution. « Combien de doses pouvons-nous produire, quelles sont les capacités et les possibilités de stockage, et comment se déroulera l’aspect logistique, en particulier dans les pays émergents ? » 

Dans le même temps, il s’attend à ce que la politique fiscale et monétaire reste (très) souple et à ce que les banques centrales et les gouvernements continuent à travailler de manière très coordonnée, ce qui renforcera les résultats de la politique. Une très grande différence par rapport à la grande crise financière de 2008, où il n’y avait aucune collaboration. Enfin, l’inflation, qui est aujourd’hui encore orientée à la baisse en raison des effets de la pandémie, s’inversera en 2021, surtout si l’économie se redresse. Cependant, l’inflation s’inversera à partir d’un niveau très bas.»

…et tirera les actions et les matières premières

Selon Blokland, dans son scénario de base décrit ci-dessus, les actions et les matières premières seront les classes d’actifs les plus performantes en 2021, avec des rendements à deux chiffres pour les deux classes. « Les actions seront principalement tirées par la forte croissance des bénéfices, et les matières premières, par un nouvel équilibre entre l’offre et la demande qui commence déjà à se dessiner ces derniers mois. »

D’ici la fin 2021, le gérant chez Robeco s’attend à ce que le PIB revienne au même niveau qu’avant le coronavirus. « Cependant, le moment exact est difficile à déterminer car nous devons d’abord voir à quel point l’économie s’affaiblit au quatrième trimestre. Toutefois, nous supposons que nous sommes sur le point de passer d’une récession à une reprise. » Et de souligner que cela a des conséquences non négligeables sur les actions (voir illustration ci-dessous). « En période de récession, le ratio cours/bénéfices augmente et le bénéfice par action diminue. Nous l’avons en effet constaté ces derniers mois. Et dans un mouvement de reprise, nous voyons le ratio cours/bénéfices continuer à augmenter, avec en même temps la plus forte croissance des bénéfices des quatre phases (récession, reprise, expansion, ralentissement). Pour 2021, nous tablons en effet sur une croissance des bénéfices d’au moins 20 %, qui sera le moteur du rendement prévu des actions. » 

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Blokland est également positif en ce qui concerne les matières premières. La différence est que ce segment de marché n’a pu compenser que la moitié des pertes liées au coronavirus, alors que les actions ont entièrement récupéré. « En effet, les matières premières sont évaluées en fonction de la situation actuelle de l’offre et de la demande, tandis que les actions se laissent souvent séduire par un scénario futur favorable. Ainsi, si la reprise économique est imminente, les prix des biens industriels augmenteront très certainement », conclut le gérant.

Scénario haussier et baissier

En plus du scénario de base, Jeroen Blokland a également élaboré un scénario haussier et baissier, selon qu’il y aura des opportunités ou des revers. Pour pouvoir passer dans le camp haussier, plusieurs vaccins très efficaces doivent être approuvés, et pouvoir être administrés plus rapidement et à un plus grand nombre de personnes. « Compte tenu de la baisse de la disposition à la vaccination, cela semble peu probable. » Selon Blokland, cela se traduirait par une très forte augmentation de la confiance tant des consommateurs que des entreprises, et les ‘animal spirits’ ou esprits animaux dont parlait Keynes entreraient en jeu. Dans ce scénario, les prévisions d’inflation et les bénéfices des entreprises augmenteraient fortement. « Au niveau des actions, il y a un risque de melt-up, surtout si le bénéfice par action augmente de plus de 20 %, et peut-être même de 30 à 35 %, et que la valorisation moyenne continue à augmenter fortement », explique-t-il.  

Pour se retrouver dans un scénario négatif, un seul revers sur le front du vaccin est déjà suffisant, souligne le gérant chez Robeco. « Cela aurait un impact énorme et perpétuerait le trilemme décrit plus haut. Gagner la confiance des entreprises et des consommateurs aurait un impact énorme et augmenterait à nouveau la stimulation monétaire et fiscale, mais l’impact serait plus faible qu’en avril et mai 2020. Dans ce cas, la croissance du bénéfice par action ne se redresserait pas, l’aversion au risque augmenterait à nouveau et les marchés boursiers seraient touchés comme en mars 2020. »

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